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D’où vient ACAB : historique d’un slogan rageur

Par Parlons Large 07/07/2025

On voit ce slogan partout à chaque manifestation en France, mais d'où vient ACAB ? Quatre lettres simples devenues un cri de colère, un mème, un tag.

On voit ce slogan partout, dans chaque manifestation, sur les murs, les pancartes ou les réseaux. Mais d’où vient ACAB ?
 
L’acronyme provocateur ACAB (“All Cops Are Bastards”, littéralement « Tous les flics sont des salauds ») naît dans les années 1920, en Grande-Bretagne. Tatoué dans les prisons, il passe sur les blousons de bikers puis dans la culture skinhead. Les hooligans chantent ACAB en tribunes (le groupe punk 4-Skins en fait une chanson en 1980).
 
Le slogan voyage. En France, il circule via la scène punk, les ultras, puis les ZAD et les Gilets jaunes.
 

La dénonciation d’un système

ACAB exprime aussi une peur bien réelle : celle de la police, notamment pour les minorités souvent ciblées, comme les mineurs isolés à la Gaité Lyrique ou les rafles prônées par Bruno Retailleau. Pour le politologue Fabien Jobard (CNRS), ACAB n’est pas vraiment une insulte personnelle mais « le cri de la colère populaire contre l’institution policière ».
 

Du graffiti au mème : ACAB aujourd’hui

Aujourd’hui, ACAB se retrouve autant dans la rue que sur Twitter. Il devient un mème ironique, détourné sans gêne. Moins une insulte individuelle qu’un rejet global de l’autorité. Quelques exemples :
 

 

Tous ces exemples illustrent comment ACAB est devenu un mème viral, un folklore militant à la fois ironique, provocateur et souvent choquant.
 

Pourquoi ce slogan perdure ?

Au-delà des jeux de mots, ACAB reste surtout un cri de colère contre les violences d’État. Pour ses partisans, l’acronyme vise la police en tant qu’institution abusive, pas chaque agent individuellement. Autrement dit, c’est la violence légale de l’État, ce « système » jugé arbitraire, qui est dénoncée.
 
En 2023, 36 personnes sont mortes en lien avec une intervention policière.

 

Le sentiment d’impunité (voire de glorification) des violences policières nourrit cette perception d’une violence d’État. Aussi longtemps que circuleront des vidéos (Gilets jaunes, Black Lives Matter, mobilisations pour la Palestine) montrant la police abuser de son pouvoir, ACAB continuera d’être un mot d’ordre pour exprimer le ras-le-bol.
 

La diffusion mondiale du sigle en témoigne : on l’a vu tagué lors des mobilisations contre l’assassinat de George Floyd aux États-Unis ou pendant les protestations contre la mort de Nahël, et également durant l’affaire Michel Zecler en France.

 

Impunité et colère sociale

De 2018 à 2023, 118 policiers ont été poursuivis pour des faits criminels. La moitié de ces affaires concernaient des violences sexuelles ou conjugales envers leurs conjointes. Pourtant, très peu ont été radiés.
 

 

Groupes de policiers remplis de messages racistes

En parallèle et depuis des années, plusieurs enquêtes révèlent l’existence de groupes WhatsApp internes à la police, des groupes Facebook et Telegram où circulent des propos racistes, sexistes et homophobes.
 

En 2024, Mediapart a documenté des échanges ignobles allant de la moquerie de victimes de violences policières à des appels à la haine. Ces groupes incluent des agents en poste. Les autorités tardent à sanctionner. De son côté, le ministère de l’Intérieur affirme ne pas être responsable des policiers municipaux. L’opacité demeure. Nos responsables politiques préfèrent minimiser plutôt que d’assainir. Cette impunité alimente la défiance.

 

Pour beaucoup, ACAB ne vient donc pas de nulle part. Pour d’autres, ce sigle choque. Il divise mais résume un clivage bien réel. Une partie de la population ne croit plus à une police « neutre ». Tant que cette fracture existera, ACAB sera tagué, scandé, tweeté. Pas pour provoquer gratuitement. Mais pour dire : ça suffit.
 
 

Connaissez-vous le nouveau mème de l’extrême droite “c’est Nicolas qui paie” ?

Post liseré de bleu de @mathieuslama disant "L’expression "C’est Nicolas qui paie" veut nous faire croire qu’il y a en France des assistés et des indésirables (chômeurs, immigrés) auxquels il faut couper les vivres. Donc oui, c’est une expression qui appartient à l’extrême droite et qui en fait le jeu."

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