Par TwogFr 07/02/2016

La critweet ciné de la semaine : Steve Jobs

0

 

NOUVEAU @Fujee part inspecter vos avis cinématographiques sur la sortie de la semaine et nous livre le sien. Cette semaine :

Steve Jobs

 
Mercredi 3 février 2016, 15h. C’est la poitrine gonflée d’assurance que je quitte le bureau du PDG de Twog. Pas moins de 2 heures de négociations m’auront été nécessaires pour obtenir deux tickets restaurants, sésames dont me gratifie la société pour que je me charge de cette nouvelle mission : critiquer des films, pour, je cite « élargir notre éventail de publication en apportant de nouveaux contenus au lectorat, afin de dégager des dividendes dont le bénéfice ne vous reviendra pas au terme de l’exercice en cours ». J’ai pas trop compris ce que cela signifiait, mais comme je ne refuse jamais une invitation à voir un film, et qu’il faut bien manger, merde, j’ai accepté.
 
C’est donc avec l’excitation inhérente à cette nouvelle prise de fonctions que je me dirige vers l’UGC des Halles, Sainte chapelle de cinéphilie du quatrième arrondissement parisien. Au programme : Steve Jobs, biopic du visionnaire américain. Impatient, je me rue sur mon siège, jette un regard giratoire sur la salle, et un premier constat s’impose : ils ont tous une tronche à avoir un Mac. Étrange sensation que celle de s’apprêter à assister à une projection de la Passion du Christ entouré de mormons. Mais avant de vous livrer mon regard avisé et définitif sur le dernier clip publicitaire du multi-oscarisé Danny Boyle, je vous invite à jeter un œil aux réactions de la twittosphère, intarissable source de cinéphilie :
 
Premier bilan, la patte du scénariste adulé Aaron Sorkin (The Newsroom, The Social Network) semble faire plaisir à pas mal de monde.


https://twitter.com/TheOnlyAym/status/694887375168790528
 
S’il est un registre privilégié dans la course à l’Oscar du meilleur acteur, c’est bien celui du biopic. Aussi, Fassbender est tout à fait crédible en gourou de la pomme, et ne se privera pas s’il le peut de faire pleurer, une fois n’est pas coutume, les fans de Di Caprio, en lui dérobant la statuette tant convoitée.


https://twitter.com/NomiBouder/status/696350713136476160


 

Suffirait-il donc d’associer un acteur talentueux, le scénariste de Facebook : le film et un réalisateur sexagénaire qui n’a rien tourné de potable depuis Sunshine en 2007 pour faire un bon film ? Mystère… en tout cas, il semble que l’ensemble des spectateurs ne soit pas dupe, et exige un peu plus d’un biopic qu’il fasse simplement le boulot (NDLR : vous noterez ici la capacité du rédacteur à ne pas tomber de l’écueil du jeu de mot facile, qui aurait poussé nombre de débutants à remplacer « boulot » par « job » dans la précédente phrase).


 

Pour ma part, je me rangerais du côté des spectateurs exigeants. Non, une performance d’acteur et un scénario béton ne suffisent pas à faire un bon film, surtout si le chef d’orchestre n’est pas à la hauteur de la symphonie. Le mauvais goût de Danny Boyle transpire dans chaque parti pris, que ça soit dans la mise en scène ou dans des choix purement esthétiques. Et que je te martèle à coup d’images subliminales que Steve Jobs est tourmenté par sa relation avec sa fille, et que je te sors l’éternel archétype du génie irascible-mais-qui-a-quand-meme-du-cœur-au-fond… sans parler des dialogues de 20 minutes sous forme de climax interminables, comparables à un bass drop qui ne viendrait jamais. Plus Boyle tente d’être original, plus il étale son mauvais goût, réussissant l’exploit de rendre Kate Winslet presque laide, et nous donnant l’impression d’assister à une bande annonce de 2 heures. Afin de vous illustrer les choix artistiques plus que douteux dont fait preuve le film, je me suis attelé à reproduire à l’identique l’image fixe qui introduit la deuxième partie du film :
12669888_10207855683686952_765645850_o
 
Un film très pénible donc, qui ne s’adresse à personne : les fans d’Apple n’apprendront rien, les haters ne changeront pas de position, et les cinéphiles exigeants ne pourront qu’être consternés face à un tel étalage de mauvaises décisions de la part du metteur en scène. Il est 18h30, et c’est en esthète lessivé que je quitte la salle de cinéma, fuyant le regard humide des fanboys Apple faisant une ronde main dans la main pour célébrer le génie de leur gourou disparu. Je vérifie une dernière fois dans ma poche arrière gauche, les tickets restau sont toujours là. Bah, c’est toujours ça de pris.

COMPTWOIR_CINEMA_STEVE_JOBS_NOTATION_V2
 
 

Et si t’es plutôt petit écran c’est par ici :

Commentaires 0

Rédigez votre commentaire

Looks good!
Looks good!
Looks good!
fermer