Story

Et si nous étions collectivement responsable de l’affaire Bétharram (et pas que Bayrou) ?

Par Maxime 15/05/2025

Bayrou peut bien sauter, l'affaire Bétharram, elle, pose question.

Mercredi, François Bayrou est auditionné pendant plus de cinq heures devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’affaire des violences sexuelles et physiques à Notre-Dame-de-Bétharram. Il continue à nier avoir été informé des violences ou eu une influence sur la procédure judiciaire. Une fois son audition terminée, il estime avoir “montré que tout était sans fondement” et clame qu’il s’agit d’un procès politique visant particulièrement La France insoumise. Pourtant, plusieurs de ses mensonges demeurent. Ce sera à la commission d’enquête de trancher. En attendant, l’affaire Bétharram nous questionne plus profondément. En particulier sur notre responsabilité collective. Un thread énervé de @collabblues.
 

Et si nous étions collectivement responsable de l’affaire Bétharram ?

 

Je vais profiter de "l'affaire Bétharram" pour revenir sur un point de l'audition du 1er ministre. Indépendamment de la forme, de l'information réelle ou supposé et de l'absence de réaction tant de la justice que de l'administration, il y a la question de ces établissements réputées durs.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.047Z

En réalité, ces pensionnats étaient des menaces que les parents faisaient aux enfants "si tu n'es pas sage, tu iras à". Pour ceux qui se souviennent de la guerre des boutons, les deux meneurs de bandes, Lebrac et L'Aztec sont envoyés en pension comme punition.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.073Z

C'était l'image de ces établissements, souvent catholiques, mais pas que, censés apporter une bonne éducation et mettre "à la redresse" les fortes têtes par une discipline de fer et une justice expéditive, souvent administrée physiquement.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.094Z

C'est le temps des règles en fer sur le bout des doigts, des barres de bois sous les genoux, des paires de baffes en plein cours, tout particulièrement lorsque les établissements sont non mixtes et que certains se pensent libérés de toute retenue car ce sont des garçons et qu'on élève à la dure.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.114Z

Ce que je veux dire, c'est que la violence de ces établissements est acceptée, par l'intégralité de la société que ce soit les parents, le corps enseignants ou l'administration.Ces établissements, considérés comme d'élite, sont peu contrôlés et mettent en avant leurs prestigieux résultats au bac.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.134Z

La violence du corps enseignants va de pair avec une violence entre élèves qui est toute aussi dure et brutale. Le harcèlement est quasi systématique, les plus faibles sont humiliés et détruits tant par leurs condisciples que par les professeurs et surveillants.L'effet de meute.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.156Z

Il faut, de plus, remettre cela dans le contexte d'une pension, des gamins de 10 à 15 ans, dans des dortoirs de plus de 40 personnes, à la disposition permanente de leurs harceleurs et de leurs agresseurs pendant 5 jours de la semaine.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.181Z

Donc, oui, Bayrou a probablement merdé et n'a rien fait contre Bétharram, comme tous les ministres de l'éducation qui l'ont précédé et qui l'ont suivi.Mais ce n'est pas que lui, c'est toute la société, dans soin ensemble, qui a protégé et encensé les établissements comme Bétharram.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.206Z

C'est donc très facile de se trouver une bonne conscience en crucifiant, pour des raisons autres que sa coupable inaction, d'ailleurs.Mais cela évite aussi de se poser des questions sur l'attitude de nos parents, grands-parents et du corps enseignants dans son ensemble, qui vantaient ces écoles.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.230Z

Et je le dis avec d'autant plus de certitude que j'ai été dans un de ces établissements, dans le Pas-de-Calais.Avec une cantine où le cuisinier servait avec sa vieille gitane maïs au bec, dont les cendres tombaient dans la purée.Avec des profs à la main bien leste pour les violences.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.252Z

Dans des dortoirs de 40-60 gamins, où si on avait le malheur de faire trop de bruit, on nous forçait à rester debout, droit au pied de notre lit, pendant, 1, 2 ou 3h selon le caprice du surveillant.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.274Z

Où un religieux a été brutalement expédié à l'autre bout de la France, non s'en avoir préalablement convoqué tout le monde pour dire aux élèves qu'il devait partir car certains avaient dit de mauvaises choses, et qu'il ne faut pas dire de mauvaises choses sur lui.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.297Z

Bizarrement, le même qui avait le dortoir des 5ème et les mettait en ligne après la toilette au lavabo "pour vérifier que le nombril était propre"Oui, parce qu'on avait droit à une douche par semaine, moins que les mecs en détention et avec des installations qu'un conscrit russe aurait refusé.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.322Z

Et se plaindre ? Pour des gamins de 10 à 15, c'est la normalité, puisqu'on les profs, les surveillants nous le disent. On nous répétait que cela nous endurcissait et que c'était pour notre bien.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.347Z

Alors, 30-35 ans après, c'est facile de faire le procès d'un mec qui n'a été ni meilleur, ni pire que les autres du même âge, mais et tous les autres ?Tous ceux qui ont recommandé que nous soyons envoyés dans ces établissements, que cela nous ferait du bien, nous apprendrait la vie ?

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.368Z

Alors achetez-vous une conscience en crachant sur Bayrou surtout ceux qui mis en avant ces écoles, pendant des années et encore aujourd'hui. Qui nous expliquerons qu'ils ne savaient pas, ou qu'ils n'ont jamais cherché à savoir.Comme Bayrou, tiens.

Collabblues (@collabblues.bsky.social)2025-05-15T08:24:17.392Z

 

Pour aller plus loin :

La domination des adultes sur les enfants est une question dont on doit se saisir. Et rapidement :
 
@LyesLouffok Au-delà des polémiques, Bétharram met en lumière un enjeu majeur : tant qu’on ne questionnera pas la domination des adultes sur les enfants, leur pouvoir primera sur leur protection. Ce n’est pas une simple faille, mais le socle d’un système qui perpétue ces violences.

Articles les plus lus de la semaine

Commentaires 0

Rédigez votre commentaire

Looks good!
Looks good!
Looks good!
fermer