Comment l’emprise conjugale s’est installée dans ma vie
Le sujet de l’emprise conjugale reste encore tabou malgré une libération de la parole depuis quelques années. Pourtant toutes les victimes décrivent le même processus. Une sorte de prison, de cage invisible pour les autres, qui nous fait faire des choses contraires à nos valeurs. Et surtout une énorme difficulté d’en sortir. D’autant que la parole des victimes n’est pas toujours bien accueillie. En particulier par les hommes. “Il fallait mieux choisir son conjoint”. “C’est de la victimisation”. “Impossible de ne pas s’en rendre compte”. C’est bien là le problème : le phénomène est extrêmement lent et insidieux.
Comment l’emprise conjugale s’est installée dans ma vie :
Un thread de @_Aidenn_
Allez, pour qui ça intéresse, voilà comment l'emprise s'est installée…
Donc je rencontre Y, à 20 ans. Il est de mon village, on s'est croisés sans se fréquenter. C'est le pote d'un pote, quand je le rencontre il est top.
Beau garçon, gentil, soucieux de mon bien-être, https://t.co/kFKN8ugVyx— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Respectueux de mes limites, intéressé par mes passions. Il s'intègre dans ma famille, il présente bien, il est ponctuel, poli, amical avec mes potes. Il est autonome.
On s'installe ensemble au bout de quelques mois, au début c'est parfait. Ne pas se griller trop vite…— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Et puis il commence doucement à critiquer un de mes potes, qui lui semble malsain, pas franc, etc. Je m'en eloigne un peu, il veut mon bien, non ?
Puis une autre amie, qu'il présente comme jalouse de notre relation, elle qui est célibataire, alors je prends mes distances.— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Puis c'est ma famille, dont il prétend qu'elle me méprise, ma mère qui serait trop présente, oppressante. Je réponds moins à leurs appels, on fait moins de repas ensemble. Je sais qu'il veut mon bonheur.
Je tombe enceinte.
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
C'est alors mon métier qui pose problème. Je suis médiatrice dans les quartiers, de nuit. C'est dangereux pour moi et pour notre enfant, et puis je ne travaille qu'avec des hommes, c'est bizarre. Il commence à me surveiller pendant que je suis au boulot, planqué dans sa voiture,
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Et quand je le surprends et le confronte, il m'explique que c'est par peur, pour me protéger. Que mes collègues hommes sont forcément un peu attirés par moi, et que je prends trop de risques en bossant en médiation.
Mon contrat se termine, il est rassuré et m'assure qu'il peut— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Assurer notre stabilité financière, poir que je puisse être sereine pendant la fin de ma grossesse.
A ce stade, je ne vois plus ma famille, qui s'est inquiétée de moins me voir et qu'il a envoyé paître soi-disant pour ma tranquillité.
Je me retrouve seule chez nous, enceinte— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
De 7 mois. On n'a, me dit-il, plus les moyens d'avoir 2 lignes de téléphone, donc il coupe la mienne.
Quand notre fils naît, il décide de qui peut ou non venir le voir, toujours sous prétexte de ma sérénité. Ma famille ne peut donc venir qu'en sa présence.— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Et je me retrouve à la maison avec un nouveau né, sans téléphone ni moyen de paiement, sans moyen de transport puisqu'il a tout coupé du fait de notre situation financière. Sans chauffage, aussi, parce qu'il ne paye pas le bois. C'est son frère qui viendra me dépanner
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Pour que je puisse chauffer une pièce une fois par jour pour donner le bain à mon fils.
Il me faudra encore 1 an pour comprendre et partir. Un an de violences morales, de jalousie maladive, de menaces.
Aujourd'hui encore il explique ne pas comprendre que je l'ai quitté.— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
L'emprise, c'est ça. C'est insidieux, c'est présenté comme des mesures prises pour ton propre bien, ça se met en place lentement. C'est un piège. Et toi, tu es amoureuse. Pas de ce qu'il est vraiment, mais de l'image du début, si parfaite que tu restes sûre, aux premières alertes
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Que c'est par amour, pour toi, pour ton bien, qu'il t'impose ces choses.
C'est terriblement dur de prendre conscience de l'emprise, parce que c'est si lent, si tordu, et puis quoi, tu te serais fait avoir comme ça ? Ridicule, tu es une fille forte, sûre d'elle !— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Mais il t'a coupé de tous tes appuis. De tes proches, ceux qui pourraient te dire que c'est louche, et il t'a tellement répété qu'il t'aimais que tu ne remets plus son système en question.
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Aucune relation saine ne passe par le dénigrement de l'autre, de ses amis, de sa famille, de son travail, de ses valeurs, de ses actes. C'est dur à voir, mais si vous doutez, parlez à quelqu'un d'extérieur, expliquez ce que vous vivez. L'aide vient de dehors.
— EliseV – ex dessineuse (@_Aidenn_) October 27, 2024
Pour aller plus loin :
On retrouve régulièrement ce phénomène de l’emprise conjugale lors de procès. Comme celui-ci :
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