Thread : l’alphabétisation en Mésopotamie
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On évoque souvent à la Mésopotamie comme le berceau des premières civilisations. Située (à peu près) dans l’actuel Irak, il s’agit d’une période historique majeure et passionnante. On vous avait déjà partagé un thread sur l’homosexualité en Mésopotamie , qu’en est-il du degré d’alphabétisation de l’époque ?
Un thread de @Thoukudids1
Bonjour à tous, mini-thread 👋
Qui savait lire et écrire en Mésopotamie ? L'écriture était elle l'apanage des scribes ? pic.twitter.com/QN9gcUvCSb
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Dans ce petit thread on va s'intéresser en quelques sortes à l'alphabétisation en Mésopotamie. Néanmoins il est évident que cela diffère entre chaque régions, villes, royaumes, et époques. pic.twitter.com/GFXKSbHTxi
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Pendant longtemps (et encore parfois aujourd'hui), les assyriologues envisageaient l'alphabétisation de la Mésopotamie comme très faible, et seulement cantonnée à une petite classe de scribe. L'alphabétisation de ces derniers est de fait indéniable. pic.twitter.com/apHLJAdlQD
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
D'autres corps de métiers usitaient-ils de l'écriture par eux-mêmes?
La réponse est oui.
Tout d'abord pour commencer par le haut, certains souverains se targuaient d'être lettrés, donc de savoir lire et écrire.— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Fait amusant cela se voit à plusieurs période, notamment avec le Šulgi un souverain du royaume d'Ur III (2112-2004) Lipit-Ištar souverain de la 1ere dynastie d'Isin (1961-1674) et enfin le fameux Aššurbanipal (668-630/627). pic.twitter.com/J0U8TsazxJ
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Pour Aššurbanipal on peut même observer cette "propagande" du roi lettré sur ses bas-reliefs où il dispose d'un calame à la ceinture. pic.twitter.com/DrqRlUiqmJ
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Bien qu'ils ne s'en vantaient pas tous, les rois et leurs proches devaient pour une certaine proportion être lettré. Ainsi le père de Sennachérib, Assarhaddon était également lettré ainsi que tous son entourage familial. Assurbanipal n'était pas une exception dans sa famille. pic.twitter.com/QtPdFr5Aq7
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Une lettre de la famille royale sargonide montre d'ailleurs l'importance de savoir écrire et lire : pic.twitter.com/l1oqxdatMf
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Malgré le nombre important de textes de nature religieuse, il etait d'abord pensé que les prêtres étaient illettrés et qu'ils passaient nécessairement par les scribes pour mettre pour la mise par écrits de texte.
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Cependant les chercheurs ont aujourd'hui montré qu'ils en étaient en partie capable tout simplement car certains enfants de prêtres suivaient une éducation scribale à domicile, comme le montre le cas du prêtre-lamentateur Ur-Utu qui employait un scribe pour enseigner à son fils. pic.twitter.com/eWv0aV4JiB
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Il est cependant mis en avant le fait important que suivre les enseignements d'un scribe n'amènaient pas nécessairement au métier de scribe,et que différents niveaux d'apprentissages existaient. Ainsi le niveau des prêtres étaient de fait en moyenne inférieur à celui des scribes. pic.twitter.com/qrKWUJM8qp
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Parmi des niveaux assez mineurs d'alphabétisation, on peut citer les marchands paléo assyriens (2000-1800). Les marchands de la ville d'Aššur commercaient avec de nombreuses villes du sud de l'Anatolie. pic.twitter.com/V59DKMtfFG
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Il fut établi par les chercheurs que les marchands écrivaient leurs messages eux-mêmes. Ils entretenaient des échanges par courriers avec leurs familles lors de leurs déplacements. Il fut noté une faible diversité du corpus de signes utilisé ainsi qu'une simplification des signes pic.twitter.com/zjVUnNmB0z
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Ainsi les marchands assyriens (pour certains) avaient tout à fait la capacité d'apprendre à lire et à écrire. De plus le recours à un scribe pour chaque message engendrerait un coût potentiellement non négligeable pour le marchand. pic.twitter.com/8vyUl9W2lC
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Les études sur les archives de Mari ont permis de montrer également que certains administrateurs et militaires pour des raisons d'efficacité et de discrétion pouvaient également savoir lire et écrire. Encore une fois cela pouvait être à des niveaux très disparates. pic.twitter.com/1FgCstN5XL
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Le pouvoir royal pouvait avoir besoin d'un scribe pour écrire une longue lettre à la composition complexe et recourir à un simple administrateur pour un message protocolaire totalement codifié demandant une faible maîtrise de l'écriture. pic.twitter.com/JPw2lQ4lS0
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Sur certaines tablettes émanant du roi de Mari, Zimri-lim, il est spécifiquement marqué que seul le destinataire doit lire la lettre.
Généralement les courriers sont lus aux rois ou officiers. C'est d'ailleurs pour cela qu'on dit "qu'on écoute une tablette" plutôt que lire. pic.twitter.com/LLz3CAiTQ2— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Pourquoi pensait on que seuls les scribes savaient lire en Mésopotamie?
Dominique Charpin l'explique en démontrant que le cunéiforme et la langue qui y est liée (diffère en fonction lieu et période) ne sont pas si compliqués à apprendre que certains ont voulu le faire croire.— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Ainsi il rappelle à juste titre que si l'assyriologue actuel est noyé sous des centaines et des centaines de signes qui ont pour la plupart plusieurs lectures, cela est en fait le fardeau de l'épigraphiste moderne et non pas du mésopotamien antique. pic.twitter.com/Pm0zKO3v7S
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Un babylonien du XVIIIe siècle n'avait qu'à connaître le corpus réduit de signes de son temps et de sa région environ 82 signes pour avoir une compétence minimale de lecture.
Pour le marchand paléo assyrien un corpus de seulement 68 signes suffisait amplement pour écrire.— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Constat assez similaire pour le Ier millénaire. Basé sur l'étude de lettres néo-assyriennes, Simo Parpola indique qu'il est largement possible d'écrire avec un corpus assez réduit et que les capacités d'alphabétisation n'ont pas du beaucoup varier au fil du temps en Mésopotamie. pic.twitter.com/rKSUADzrx5
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Pour conclure il est possible que l'écriture et la lecture furent l'apanage d'une classe de scribe quand l'écriture proto-cuneiforme fut conçue à la fin du IVe millénaire, mais corollairement à son expansion géographique, elle s'est répandue dans le reste de la société.
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Des niveaux de lecture et d'écriture disparates sont attestables dans de nombreux milieux. Il va de soi que l'alphabétisation était plus forte chez les élites urbaines (de toutes fonctions) chez qui un plus grand nombre de tablettes étaient retrouvées.
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Néanmoins la société mésopotamienne sur le long terme ne fut pas totalement étrangère à sa propre écriture, qui est aujourd'hui ce qui nous permet de la connaître. pic.twitter.com/qcfPg4p1IP
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023
Ce mini-thread est un condensé du premier chapitre de cette ouvrage de Dominique Charpin 👌🤌 pic.twitter.com/kOspsdXOru
— Thoukudidès 𒈗𒃲 (@Thoukudids1) January 15, 2023