Pourquoi les fortes pluies ne suffisent pas à remplir les nappes phréatiques (malgré ce que dit votre tonton Robert) ?
Écoute par pitié tonton !
Sur les réseaux sociaux, mais sur Twitter plus particulièrement, les climato-sceptiques s’en donnent à cœur joie. Le réchauffement climatique ? Une belle ânerie. On a droit aux fameux : c’est un cycle naturel ; les canicules, ça a toujours existé, un ou deux degrés, ça change rien ; le GIEC, c’est pas vraiment scientifique ; etc. Toutes ces réponses sont régulièrement débunkées. Mais de nouvelles théories sortent de Terre chaque jour. L’une des nouvelles qui s’imposent concerne les nappes phréatiques. Le compte du Service géologique national a décidé de se retrousser les manches et de vous aider à répondre à votre tonton Robert lors du prochain repas de famille.
Pourquoi les fortes pluies ne suffisent pas à remplir les nappes phréatiques :
On trouvait intéressant de vous partager ce genre commentaire car ne pas croire à des niveaux bas, c’est un peu comme ne pas croire que l’eau mouille.Et comme la pédagogie est le meilleur remède face à la défiance, on va se retrousser les manches et tout décortiquer.⤵️
Le 1er point à débunker, c’est « il pleut donc les nappes ne peuvent pas avoir un niveau très bas ». Une nappe peut tout à fait être en sécheresse si elle a subi plusieurs années de sécheresse météorologique et ça même s’il se remet à pleuvoir.
Notamment parce que les sols sont secs et doivent d’abord se réhumidifier avant de laisser l’eau s’infiltrer jusque dans la nappe. C’est un peu comme quand on remet de l’eau dans un pot de fleurs au retour des vacances, l’eau va déjà stagner en surface puis s’infiltrer petit à petit.
C’est le cas de la nappe du Roussillon dont il est question dans ce commentaire (seule nappe en niveau très bas actuellement). Cela fait 3 ans qu’elle est en sécheresse. Les sols étaient secs et la pluie leur a d’abord profité.
Vous pouvez retrouver la vidéo qu’on avait fait à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse pour comprendre les différents types de sécheresse : youtube.com/shorts/5gc-e…
2e point à prendre en compte, la saison. Depuis avril, la végétation a repris ses droits. Elle capte en grande partie l’eau de pluie et la laisse moins s’infiltrer jusque dans la nappe. La pluie profite donc d’abord aux sols et la végétation avant de réussir à s’infiltrer en profondeur.
Enfin 3e et dernier point important à retenir, les nappes phréatiques ne fonctionnent pas toutes de la même façon. Mais même pour celles qui réagissent le plus vite, il peut y avoir des délais de quelques jours entre l’eau qui tombe sur le sol et le temps qu’elle s’infiltre jusque dans la nappe.
La nappe du Roussillon est un milieu complexe. Dans les vallées, les nappes alluviales sont peu profondes et en lien étroit avec les cours d’eau. Ces nappes sont réactives et certains secteurs ont pu se recharger avec les pluies de début 2025.
Mais la nappe des sables du Pliocène est plus profonde sous la plaine du Roussillon. Les pluies mettent plus de temps à atteindre la nappe (on parle en semaines voire plus) et les écoulements sont plus lents.
Donc même s’il y a de fortes pluies depuis quelques jours, la nappe ne va pas se recharger au point d’atteindre un niveau moyen aussi vite. Ajouter à cela que les sols doivent d’abord se réhumidifier et que la végétation capte la majeure partie des pluies, le temps de recharge va en être augmenté.
Pour en savoir plus, le réseau piézométrique est géré par le Syndicat Mixte de la plaine du Roussillon.Toutes leurs données sont en accès libre et gratuit dans ADES et sur le site : visieau66.follow.solutions
C’était un vrai marathon d’explications !🤓 Levez la main si vous êtes arrivés jusque-là ! 🤚
Pour aller plus loin :
On continue sur la canicule avec une sélection pas piquée des hannetons :
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