Le chemin serpente jusqu’à une zone plantée de bâtiments fantômes. C’est un ancien collège abandonné. Sur les murs, des prénoms d’ados amoureux du début des années 2000. Vadim&Olga 2003.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022
Nous sommes sur un poste médical avancé de la 56e brigade, à 200 mètres de la tranchée séparatiste. On se dit qu'on a trop de chance d'avoir eu l'autorisation d'être là.
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Pour avoir ce sésame, nous avons croisé le sosie vivant de Robin Williams, des yeux verts sous des lunettes rondes, avec une barbe poivre et sel, et ce sourire subtil et malicieux de l’acteur.
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Ça fait bizarre de se retrouver dans le « Cercle des poètes disparus » en plein Donbass. Ô captain, my captain.
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Robin Williams est ici lieutenant, spécialiste en traumatologie, et il nous a dit okay, allez écrire des poèmes avec mes hommes. Nous y sommes. Un Humvee médical floqué d’une croix rouge garde l’entrée.
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Une dizaine d’infirmiers, de médecins, vivent dans cette maison sans eau, chauffage ou électricité. On va pouvoir raconter leur histoire. Passer du temps avec eux. Donner des visages à la guerre, rappeler qu'il y a des destins derrière les analyses géopolitiques.
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Parmi eux, Oleksander, la trentaine, petite barbe taillée, ventre généreux, regard doux. Il nous accueille avec gentillesse, on grille une clope ensemble dehors, il ne parle pas anglais, je ne parle pas russe ni ukrainien, mais on communique très bien.
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Il fait froid et humide, la combinaison parfaite pour communier sous les étoiles autour d’une cigarette. Oleksander est inquiet parce que tout est calme. Pas de blessé aujourd’hui, pas de blessé la veille.
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Voilà quatre jours, des obus de mortiers tombés juste à côté, tuant un homme, en blessant un autre. Depuis, plus rien. Et ce silence ne dit rien de bon à Oleksander. A personne à vrai dire. Maks nous rejoint. Il connaît bien ce poste. Il est photographe avant d'être chauffeur.
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On longe avec lui les bâtiments désaffectés, puis il s’arrête net. On ne peut pas aller plus loin sans risquer gros. La ligne séparatiste est juste là, à deux terrains de foot. Il sait exactement où parce qu'ils ont tiré avec des balles traçantes hier.
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