« Pour retourner en Biélorussie, il n’aurait fallu que 5 à 6 heures… Après on a voulu s’enfuir, on a eu très peur, on n’est pas des militaires mais des chauffeurs et dans notre contrat il n’est pas stipulé qu’on doive tuer et tirer. »
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) March 3, 2022
« A Sobatchi, on a passé une nuit puis une autre nuit plus loin et dans un petit village sans panneau, on a essuyé des tirs et je me suis évanoui. On nous a trompés. On ne savait même pas qu’on aurait à se battre. On nous a juste dit de suivre le convoi. »
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) March 3, 2022
« La guerre, personne n’en veut. Il ne faut en aucun cas la faire, c’est trop effrayant. On n’a pas pu déserter. On a essayé de discuter avec le commandant mais ça n’a pas marché. Nous étions dix voitures, j’étais le dernier, je ne sais pas ce que sont devenus les autres. » Fin
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) March 3, 2022
Ce quartier résidentiel a été rasé hier soir. Cette femme a perdu sa belle-fille et son fils a été blessé. Elle pleure au téléphone puis nous répète la même phrase : « De quoi sommes-nous coupable ? De quoi ? » pic.twitter.com/AClGkcDSl4
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) March 2, 2022
C’est compliqué la guerre. Et parfois, c’est pénible. L’alcool est interdit de vente dans tout le pays depuis hier. Tous les reporters carburent au thé vert et à la petite verveine. #Ukraine
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) March 1, 2022
Ça commence jamais comme on l'imagine. Hier, en fin de journée, on traverse les paysages mornes du Donbass, les cheminées des usines d’Adviivka crachent une fumée acre, l’air pue le plastique brûlé, les bagnoles sont rares, les villages ont les pieds dans la boue. C’est lunaire.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022
On arrive de Kiev qu’on a quittée le matin même après beaucoup d’hésitations et de savants calculs : Poutine va prendre le Donbass, quand même pas tout le pays. Bien vu. On arrive donc en banlieue de Donestk avec l’idée d’être là où il faut être. L'assaut va être donné ici.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022
La nuit tombe, on roule à fond, la ligne de front se situe à quelques km, à portée de tir sur certains tronçons à découvert. La veille, des obus sont tombés sur ce ruban d’asphalte déjà défoncé par l’hiver. Les artilleurs russes réglaient peut-être la mire, il n’y avait personne.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022
Soudain, Maks, le chauffeur, éteint les phares. Noir total. Il roule en glissant sa tête hors de la fenêtre et bifurque dans un chemin forestier. Maks est maigre, il a un visage ciselé à la hachette et ses mèches blondes lui donnent une tête de surfeur épuisé.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022
Maks pilote comme un pro, mais il parle peu, explique peu. On sent bien que ça le soûle d'être obligé de communiquer, il est fatigué, vraiment fatigué, la guerre lui a creusé les traits, il est à l'os.
— Nicolas Delesalle (@KoliaDelesalle) February 24, 2022