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La FIV, le parcours de la combattante !

Par Maxime 26/04/2025

Faire un enfant, cela peut être simple. Mais cela peut être compliqué. Très compliqué.

La FIV est un véritable parcours de la combattante. Rappelons tout d’abord ce qu’est une FIV (ou fécondation in vitro). Lorsqu’on observe une infertilité (liée à une anomalie des trompes, inexpliquée ou après échec des autres techniques telles que stimulations et des inséminations), on peut vous proposer une assistance médicale à la procréation (AMP). En France, elles sont accessibles aux couples et aux femmes seules, qui ont un désir d’enfant à condition de respecter certaines règles d’âge. Lors d’une FIV, les ovaires sont d’abord stimulés pour produire plusieurs ovocytes, qui sont ensuite prélevés et fécondés en laboratoire avec des spermatozoïdes. Après quelques jours de culture, un ou plusieurs embryons sont transférés dans l’utérus pour tenter d’obtenir une grossesse. Voilà pour la théorie. En pratique, ce sont souvent des moments douloureux aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Témoignage de l’une de ces combattantes.
 

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours avec la FIV jusqu’à présent ?

 
Je m’appelle Aurore, @Melodiane sur Twitter, pardon X. Ex-influenceuse blagues 🙂 Avec mon conjoint, nous sommes entrés en PMA en octobre 2022 après trois ans d’essais naturels infructueux. La seule cause d’infertilité connue est de l’endométriose. J’en suis actuellement à ma quatrième tentative de FIV (dont 3 ponctions), qui vient de se solder par une fausse couche, et je devrai recommencer tout le processus, car nous n’avons obtenu qu’un embryon (miraculeux). Mon centre de PMA commence à me parler FIV à l’étranger et de don d’ovocytes. C’est un parcours déjà long, qui commence à devenir vraiment difficile.
 

Comment as-tu vécu les différentes étapes du processus ?

 
Je ne voulais pas entrer en PMA, donc ça a été très difficile au départ de faire tous les examens et la première FIV. Ensuite, les processus PMA sont des montagnes russes émotionnelles faites d’espoir, de déception, de découragement, et parfois aussi, de joie. À chaque tentative, j’ai ressenti les choses différemment, parce qu’elles se sont passées différemment, mais en gros, c’est un melting pot d’émotions. Pour résumer, un processus de FIV c’est des injections, des échographies, des prises de sang de contrôle, une ponction d’ovocytes et un recueil de sperme, et ensuite l’attente pour savoir si l’on a des embryons. Et si oui, le transfert et encore l’attente pour la prise de sang de grossesse. Chaque étape est anxiogène.
 

Quels ont été les moments les plus difficiles pour toi ?

 
Vivre une grossesse extra-utérine m’a traumatisée. Et la fausse couche que je viens de vivre me bouleverse, même si je savais dès la deuxième prise de sang que la grossesse ne serait pas évolutive.
 

Comment as-tu ressenti chaque échec ? Était-ce toujours la même émotion ou différait-elle à chaque tentative ?

 
À chaque fois, c’est différent. Parce que chaque échec est différent. Le transfert négatif n’a pas charrié autant de désespoir, d’angoisses et de déception que les arrêts de grossesse. Physiquement, on ne met pas le même temps à s’en remettre, psychologiquement non plus.
 

Y a-t-il des moments où tu as voulu tout arrêter ? Qu’est-ce qui t’a poussé à continuer ?

 
J’ai voulu tout arrêter à plusieurs reprises. Quand ça devient trop dur et qu’on a l’impression d’atteindre sa limite. Ce qui pousse à continuer ? Parfois, je me le demande. J’ai l’impression que c’est devenu une addiction, l’envie de réussir, être certaine de ne pas se blâmer plus tard de ne pas avoir vraiment essayé. Mais quand j’envisage d’arrêter, pour le moment, je ressens un certain vide, car ce désir d’enfant prend énormément de place dans ma vie. Cependant, on est lucides, on devra sans doute faire notre deuil et je commence à y penser. On va aussi se renseigner sur une FIV avec don d’ovocytes, mais en France, c’est 2 ans d’attente minimum. On est un peu à la croisée des chemins.
 

Comment gères-tu l’attente entre chaque tentative ?

 
Malheureusement, je n’ai jamais vraiment eu de pause entre deux processus, puisque j’avais toujours des examens à faire, des consultations, le dossier à monter pour le labo et le planning à organiser. J’ai quand même réussi à partir en vacances chaque année, ça fait un temps de respiration. Sinon, entre deux tentatives, j’essaie de faire attention à mon alimentation, je prends des compléments alimentaires et des rendez-vous de psy (indispensables).
 

As-tu ressenti de la culpabilité ou de la pression, que ce soit de toi-même ou de ton entourage ?

 
Énormément! Tout le temps! Ma mère me met beaucoup de pression car elle veut être grand-mère et ça devient infernal. Et moi, je culpabilise souvent de ne pas avoir commencé la PMA plus tôt, je me mets pas mal de pression pour enchaîner les tentatives. Maintenant que l’on arrive au bout, que j’ai une réserve ovarienne basse, je me mets de la pression, car mon centre préconise de partir à l’étranger. Or je ne m’y résous pas, car ça nécessite une organisation encore plus compliquée, et je ne parle même pas du coût financier. Heureusement, mon conjoint me déculpabilise beaucoup et on essaie d’envisager ensemble une vie sans enfant.
 

Y a-t-il eu des moments d’espoir qui t’ont donné de l’énergie pour continuer ?

 
Oui, de nombreux moments. Quand on a eu plein de follicules alors que j’étais cataloguée mauvaise répondeuse. Quand j’ai eu un premier test positif avant de constater à 6SA que je faisais une grossesses extra utérine. Lors du dernier process, quand on a eu un transfert d’un embryon alors que je n’avais eu que deux ovocytes de ponctionnés… Et aussi des espoirs au moindre retard de règles… L’espoir, c’est une drogue dure !
 

Comment cette expérience a-t-elle affecté ta vie de couple et tes relations avec les autres ?

 
Dans mon couple, il y a des moments de tension, car la femme subit 90% de la PMA, et je trouve que mon conjoint s’investit moins qu’au début. Mais globalement, nous sommes toujours très soudés, amoureux et notre intimité n’en souffre pas. On est chanceux.
Avec les autres… j’en parle beaucoup trop je crois, ça prend trop de place dans ma tête et dans mes conversations 😂. Et j’ai aussi besoin de m’éloigner quand une proche tombe enceinte, car je le supporte mal. Malgré ma joie pour elles, ça me rappelle mes échecs et ce que je n‘aurai peut-être jamais. Généralement, quand l’enfant est là, ça va mieux, mais les voir enceintes c’est difficile.
Côté travail, je suis indépendante. Je m’organise en fonction de mes contraintes, je module mon activité, c’est assez confortable. Mais je sais que ce parcours PMA m’a empêché de me développer comme je l’aurais voulu, car il prend trop de place.
 

As-tu l’impression que ton corps t’appartient toujours ou ressens-tu une forme de déconnexion ?

 
J’ai ressenti une sorte de déconnexion lors du suivi de la grossesse extra-utérine. Vous ne vous appartenez clairement plus, votre intérieur, c’est un hall de gare… Avant de commencer la PMA, je n’allais jamais chez le médecin, presque jamais chez le gynéco, j’avais une peur panique des examens. Aujourd’hui, les échos, c’est la routine, les ponctions se passent pas mal, je suis habituée aux examens. Je précise que j’ai toujours eu la chance de tomber sur des soignants précautionneux et doux. Ça ne me déconnecte pas de mon corps. En revanche, les traitements hormonaux font du mal au corps, notamment quand on est atteinte d’endométriose, car ça fait flamber la maladie.
 

Est-ce que le regard des autres, ou leurs réactions, t’affecte d’une manière particulière ?

 
Il y a bien des maladresses, bien sûr, mais je n’ai jamais eu de réaction malveillante. J’en parle beaucoup sur mes réseaux sociaux et je reçois beaucoup d’encouragements et de mots gentils. Et concernant mes proches, je sais à qui je dois éviter d’en parler si je ne veux pas recevoir des paroles blessantes, bien que jamais intentionnelles.
 

Quels sont les mots ou gestes de soutien qui t’ont aidée à traverser ces épreuves ?

 
Quand on est en PMA depuis longtemps, on a surtout besoin d’écoute, et que l’on sente que la personne entend notre souffrance. C’est tout. On n’a pas besoin de conseils, pas vraiment besoin de témoignages non plus. Les mots “J’imagine ta souffrance, je suis là”. C’est un grand soutien.
 

As-tu trouvé du réconfort dans des groupes de parole, des forums, ou auprès de certaines personnes ?

 
Oui, j’ai suivi le fertility club d’Emancipées (sur insta), et je suis dans un groupe qui traverse la même chose que moi, ça m’a énormément aidée à me remotiver quand j’étais au fond du seau. J’ai aussi des conversations quotidiennes avec une personne qui vit un parcours difficile. Ce sont surtout des relations virtuelles finalement… Mes ami.e.s me soutiennent, mais ça me pèse que nos conversations tournent autour de ça. J’ai un suivi psy depuis deux ans aussi, avec une hypnothérapeute spécialisée en périnatalité. Sans ça, j’aurais sombré.
 

Comment vois-tu la suite de ce parcours, quelles sont tes pensées aujourd’hui ?

 
Notre dernière consultation dans mon centre de PMA a été difficile. On est plus proche de la fin du parcours que du début. Ma réserve ovarienne devient trop basse, les chances s’amenuisent. J’ai encore beaucoup d’espoir, mais on est à la croisée des chemins. Alors, en même temps que je veux continuer les process, j’ai conscience qu’on doit commencer à faire notre deuil.
 

Si tu pouvais t’adresser à la personne que tu étais au début de ce parcours, que lui dirais-tu ?

 
Je lui dirai que ça va être encore plus dur que tout ce qu’elle imagine et qu’elle ferait mieux d’aller prendre des cours de macramé ou de faire un autre tour du monde 😂
 

Pour aller plus loin :

 
La sélection féministe :
 
@Asiatitude L'expression préférée des mecs qui se font larguer c'est vraiment "du jour au lendemain", "elle m'a largué pr une histoire de bols/courses/placard pas fermé" alors que toutes les girlies savent EXACTEMENT que c'était plutôt "Ca fait X ans que je le dis" ⚰️⚰️⚰️
 

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