Par TwogFr 28/02/2016

La critweet ciné de la semaine : The Revenant

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@Fujee part inspecter vos avis cinématographiques sur la sortie de la semaine et nous livre le sien. Cette semaine :

The Revenant

 
La sortie de The Revenant est incontestablement l’évènement cinéma de ce début d’année. En témoignent, entre autres, certaines campagnes médiatiques au goût plus que douteux :
 

ainsi que le dernier clip de Booba qui reprend l’identité visuelle du film, jusqu’à y intégrer le fameux ours qui a tant fait parler. Si cette inspiration est révélatrice de l’impact culturel de la sortie de The Revenant, elle nous rappelle également à quel point le rappeur du 92i est cinéphile; et ça m’étonnerait pas qu’un jour, on découvre qu’OKLM et izi étaient en fait des références à des courts métrages obscurs de Kubrick. Mais je m’égare.
 
Le dernier film d’Inarritu, grand gagnant des derniers Oscars avec l’immense Birdman, fait figure de favori pour la cérémonie de ce soir. Il faut dire que The Revenant ne manque pas d’arguments. Personnellement, l’ensemble m’est apparu comme tellement froid, dénué de coeur, que je ne me vois pas évoquer le film autrement que par une liste de points positifs et négatifs, un peu comme si j’évaluais un produit électroménager.
 
-La plastique du film est hallucinante. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si Booba-BON OK J’ARRÊTE. Une fois de plus, Inarritu s’est alloué les services d’Emmanuel Lubezski (Birdman, Tree of Life, Gravity, Les Fils de l’homme, Le Nouveau Monde…), sans doute le directeur de la photographie le plus talentueux de ces dernières décennies. Lubezski qui, si tout se passe bien, devrait remporter sa troisième statuette consécutive ce soir, et vu la beauté de certaines séquences de The Revenant, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.
 
https://twitter.com/alexandremathis/status/702588442211971072


(sans prétention ??? Nous y reviendrons plus tard)
 
-Avec sa camera toujours très (trop?) proche de ses sujets, Inarritu réussit son pari immersif, avec plusieurs séquences d’une brutalité et d’une intensité rarement vues. Sans spoiler la fameuse scène du combat avec l’ours, sachez que même le babtou solide que je suis a dû se cacher les yeux pour préserver son âme d’une telle violence.
 


 
Résumons : on tient donc là la nouvelle oeuvre du réalisateur d’un des meilleurs films de l’année dernière, dont les bandes-annonces m’ont rendu fou, et qui associe l’un des acteurs les plus talentueux de son époque et mon directeur de la photo préféré. The Revenant avait donc tout réuni pour qu’entre lui et moi, ça soit le coup du siècle. Pourquoi, alors, ai-je bandé mou pendant 2h30 ?
 
-Dans Birdman, si le dispositif était déjà colossal (un vrai-faux plan séquence), il était au service de personnages écrits et touchants. Ici, la mise en scène, si démonstrative que j’avais l’impression de voir un mec me hurler au visage “REGARDE CE QUE JE SAIS FAIRE !”, écrase toute possibilité d’attachement aux protagonistes. Chaque séquence, chaque enjeu dramatique est amené avec une lourdeur pachydermique, dévitalisant le film de tout affect pour n’y laisser que la prétention de celui qui veut qu’on sache qu’il a du talent.
Et je suis visiblement loin d’être le seul à avoir trouvé le film lourd :
 


https://twitter.com/RomainLesff/status/703705950750941184


 
-Profiter du talent de l’immense Lubeski, c’est bien. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est de l’enfermer dans une photographie tellement caricaturale qu’il en vient à se parodier lui-même. Si le fameux plan “cime des arbres en contre plongée avec le ciel derrière” me transportait dans le nouveau monde et dans tree of life, ses 5 répétitions dans The Revenant m’ont successivement fait plaisir, sourire, soupirer, facepalm, puis cracher en direction de l’écran du Grand Rex.
 
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“Salut Lubezki, j’avais bien aimé les arbres dans Tree of Life c’était trop poétique tu vois, tu peux m’en remettre un peu partout dans The Revenant pour que mon film ait l’air profond stp ?”
 
-Puisqu’il avait sans doute peur que l’on résume son film à une performance d’acteur et de mise en scène, Inarritu s’est senti obligé d’apporter un peu d’onirisme dans tout ça. Il s’essaie donc au symbolisme et à l’allégorie, avec la maladresse de celui qui veut trop en faire. On a donc droit à des scènes complètement WTF, comme ces visions où un indien se ramène et dit à Di Caprio “le vent ne peut faire tomber un arbre dont le tronc est robuste”.
 
Moi devant The Revenant
Moi devant The Revenant

 
Après avoir retenu mon éclat de rire, je me suis demandé si Inarritu avait puisé son inspiration dans l’horrible The Fountain ou dans des parodies des Inconnus. The Revenant, c’est un peu le premier de la classe qui a 20 en dictée mais zéro en poésie.
 


 
Brutal mais manquant cruellement d’âme, The Revenant ressemble à un port-folio d’Inarritu et Lubeski, où Di Caprio rampe dans la neige et bouffe des racines pour quémander un Oscar.
Il ne me reste plus qu’à espérer que, cette nuit, le jury ait la décence de faire le bon choix entre un CV vidéo boursouflé de prétention et Mad Max : Fury Road, le plus grand film d’action de ces dix dernières années.
 
COMPTWOIR_CINEMA_NOTATION_6
 

Merci à @Fujee !

 

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