Thread : McKinsey, l’affaire qui empoisonne le gouvernement
C’est une affaire dont tout le monde parle et qui pourtant continue de paraître bien obscure. Quelques éléments pour mieux comprendre ce qu’il se passe avec le cabinet de conseil McKinsey. Et ce que tente de faire de le gouvernement pour se défendre.
Un thread de @salomesaque
Pourquoi le gouvernement cherche à tout prix à minimiser l’affaire McKinsey. THREAD. (1/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Sur cette vidéo, Emmanuel Macron essaie d’éteindre le feu allumé par l’affaire McKinsey, en faisant passer tout cela pour un simple malentendu, une « polémique » selon ses mots, alimentée par des « contrevérités ». (2/25)https://t.co/PigSTguX2F
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Rappelons les faits : le gouvernement a eu recours à des cabinets de conseil privés, notamment au cabinet américain McKinsey, qu’il a rémunérés avec de l’argent public pour en partie « conseiller » son administration à propos des politiques publiques à mettre en œuvre. (3/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
La première partie de l’affaire concerne la nature du travail effectué : les sommes versées sont énormes, pour un rendu parfois plus que discutable selon le rapport de la commission sénatoriale rendu le 17 mars. (4/25)https://t.co/BvF3oOBwWf
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
On y apprend par exemple que fin 2019, le gouvernement commandait une prestation à McKinsey à propos de la réforme des retraites – sujet sur lequel le candidat Macron propose le recul de l'âge de départ de 62 à 65 ans. (5/25)https://t.co/Fpyi9vnKCE
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Cette mission a été facturée 957 000 € « avec comme seules traces tangibles un PowerPoint et un carnet de 50 pages » selon Eliane Assassi, rapporteuse de la commission d’enquête du Sénat. Près d’1 million d’€ pour un powerpoint et 50 pages, ça fait cher le conseil non ? (6/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Même malaise en ce qui concerne le conseil à l’éducation nationale : près de 500 000 € déboursés pour… préparer un séminaire qui n’a jamais eu lieu. Cela peut sembler légèrement excessif, surtout lorsque c’est payé avec de l’argent public. (7/25)https://t.co/4s1FJ5BiMn
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Et ce n’est pas fini. La 2ème partie concerne les impôts de McKinsey. On apprend grâce à ce même rapport que l'entreprise se livre aussi à des pratiques d’optimisation fiscale : ses filiales françaises n’auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020 (8/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
C’est légal, mais ce sont censé être des pratiques combattues par ce gouvernement, comme ici lorsque le ministre de l’économie qualifiait la lutte contre l’optimisation fiscale « d’essentielle ». (9/25)https://t.co/1xdGRj7dKK
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Il se trouve que l'un des dirigeants de McKinsey avait assuré devant le Sénat que son entreprise payait ses impôts en France. La commission d’enquête a annoncé son intention de saisir le procureur de la République pour suspicion de faux témoignage.
(10/25)https://t.co/S4PQePoRk1— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Cerise sur le gâteau, plusieurs enquêtes journalistiques ont montré la proximité entre des membres de McKinsey et le président lui-même. Certains consultants de McKinsey ont par exemple travaillé bénévolement pour la campagne d’E. Macron en 2017. (11/25)https://t.co/ahoGoz1qMQ
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
C'est tout cela qui a enflammé l'opposition, et une partie des citoyens. Mais l'affaire a aussi amené une question plus large : le privé doit-il vraiment se mêler des affaires publiques ? Pour certains, cela relève de l'idéologie. (12/25)https://t.co/EWMBaFzqIe
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Et c'est là que ça devient complexe. Les dépenses de conseil des ministères sont passées de 379,1 millions d'euros en 2018 à 893,9 millions d'euros en 2021. Elles ont explosé avec E. Macron, et ça pose question. (13/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
C'est pour cette raison que certains parlent de scandale à 1 milliard. Mais attention, rien ne prouve qu'E. Macron a eu des liens avec toutes ces entreprises, ou que les missions ont toutes été mal/pas réalisées. (14/25)https://t.co/4YorueSSYD
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Cette distinction est très importante, car c’est sur cette confusion que joue E. Macron pour se défendre. Il tente de minimiser cette affaire en expliquant qu’il n'y a rien de mal à faire appel à des prestataires extérieurs, comme si c’était juste de cela dont on l’accuse (15/25)
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Cette affaire soulève évidemment la question du rôle du privé dans le public (on a doublé les sommes publiques attribuées au privé, pourquoi?) mais dans le cas de McKinsey, elle pose des questions beaucoup plus graves :
– Celle du conflit d’intérêt (16/25)— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
– Celle de la légitimité même du versement de ces millions d'euros d'argent public (puisque les missions ne semblent pas avoir été remplies dans certains cas). (17/25)https://t.co/7YbRv2oY9n
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
– Celle de la tolérance de ce gouvernement à l’évasion fiscale (comment peut-il ne pas vérifier si l’un de ses gros prestataires, dont E. Macron connaît personnellement l’un des dirigeants, paie ses impôts en France ?)
(18/25)— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
– Et éventuellement celle du choix de collaboration avec cette entreprise sur des sujets aussi sensibles que la vaccination ou le futur des retraites, sachant qu'il suffit de taper McKinsey sur Wikipédia pour trouver ça en première page. (19/25) pic.twitter.com/eo0MWVplSb
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Mais cette affaire est si complexe, qu'il est aisé pour E. Macron de jouer sur les malentendus et de faire oublier le rôle de McKinsey, car à 10 jours de la présidentielle, c'est une épine dans le pied du président candidat. (20/25)https://t.co/RakknmU1D1
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Interrogé à ce sujet, il évoque donc naturellement des prestations de « services informatiques » qui ne sont absolument pas le cœur de cette affaire, ou encore le recours au privé dans d’autres pays (alors que ce n'est là encore, pas la question !) (21/25)https://t.co/PigSTguX2F
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Dans cette autre interview, il perd son sang froid, comme si toute cette "polémique" n'avait aucun fondement et qu'il était accusé injustement. (22/25)https://t.co/a01PJygnQf
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
La stratégie est claire :
– Rajouter toujours plus de confusion
– Accuser les critiques de "complotisme", un procédé dangereux comme le dénonçait il y a quelques jours le journaliste spécialisé @AnthonyMansuy dans un thread. (23/25)https://t.co/uK3u205H5A— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Pourtant, il semble difficile d'imaginer qu'un rapport du Sénat relève de la "contrevérité", et les sommes en jeu sont considérables (à titre de comparaison, l'affaire Fillon représentait 1 million d'€,, là on parle de dizaines de millions versés, rien qu'à McKinsey).
(24/25)— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
De plus, cette affaire concerne des agissements commis par un chef de l’État en exercice. A 10 jours de l'élection, il me semble que tous les citoyens ont le droit d'être informés sur cette affaire d'intérêt public, sans céder à la volonté du gouvernement de l'enterrer.
(25/25)— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
Pour comprendre cette affaire, je vous conseille la vidéo de @AntoineEtcheto pour @blast_france !https://t.co/X6EnAMY2vl
— Salomé Saqué (@salomesaque) March 31, 2022
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