Il y a quelques temps, j’ai dit que Harry Potter était une réécriture des Misérables et vous m’avez demandé de développer ; mais comme j’ai peu envie de parler de Harry Potter, je vais vous parler d’autres œuvres qui me tiennent à cœur.
Brice de Nice et Madame Bovary ⤵️ pic.twitter.com/NMeMes972t

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Alors non, on ne peut pas surfer à Yonville. Mais Brice et Emma ont de nombreux points communs.
Ils sont issus d’un milieu aisé et semblent poursuivis durant leur œuvre par l’ombre dévorante de la mère (la mer… idéal romantique?), figure aussi omniprésente qu’absente.

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Emma ne parviendra pas à devenir une bonne mère comme Brice ne parviendra finalement pas à trouver la mer qui lui convient (il est, dans une scène belle et tragique, rejeté en sang par la mer après s’être pris sa propre planche dans la tronche).

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Emma se rêve une vie à cause des romans qu’elle a trop lus comme Brice se rêve une vie à cause du film Point Break qu’il a trop vu (Emma aurait adoré Patrick Swayze).
Le bovarysme de Brice de Nice serait à étudier… pic.twitter.com/OwbRXgwSGh

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Le terme « bovarysme » désigne un état d'insatisfaction qui provoque des névroses, entraîne des ambitions vaines et démesurées tout en éloignant du réel.
Que ce soit rêver à des bals fantastiques ou à des vagues immenses, cela donne des héros tragiques, même sous l’humour. pic.twitter.com/DT8psIISRf

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Brice comme Emma va être confronté à des problèmes d’argent et trouver un semblant de solution en s’inspirant de la fiction. Ce sera évidemment un échec (distinction réel/fiction)…

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Personnages en quête d’un idéal qui n’existe pas, éternels insatisfaits, adorant les fêtes (« les yellow » ou les bals), les deux cherchent inlassablement à obtenir ce qu’ils ne peuvent avoir, un idéal romanesque.

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

La couleur jaune apparaît souvent dans Madame Bovary. Chez Flaubert, elle renvoie à l’existence stagnante, flétrie d’Emma. Le jaune est la couleur forte de Brice.
Chez lui aussi, elle exprime une immobilité, celle de sa vie à Nice, avant qu’il parte.
Cette couleur l’enferme.

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Si Brice est désagréable et « casse » les gens qu’il fréquente, que dire d’Emma qui finira par emporter tous ses proches dans sa chute ?
Le roman de Flaubert commence d’ailleurs par un chapitre au cours duquel Charles est vanné par une classe immature. pic.twitter.com/Z6Dg5pLNB3

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

– Eh ta conversation est « plate comme un trottoir ».
Il y a chez Brice comme chez Flaubert une culture de la punchline (toute proportion gardée).

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Malgré leurs (gigantesques) défauts, on ne peut pas totalement détester Brice et Emma tant leur trajectoire témoigne d’une lente, difficile et impossible quête d’émancipation dans un monde froid qui brise lentement les rêves.

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

La fin d’Emma est tragique, celle de Brice est heureuse : il trouve la rédemption par l’amour et c’est enceint, à la fin du film, qu’il accomplit sa quête d’idéal, non en trouvant sa mer mais en se découvrant père.
Emma, elle, ne peut que perdre (parce que Gustave).

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Fin de ce thread improvisé mais hautement nécessaire, à mon avis, pour le bien de la littérature et du cinéma.
Et, bien sûr, vive Brice de Nice 🏄‍♂️

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023

Et attendez que je vous parle de Shrek et Molière…

— PoPésie (@GPoPesie) February 25, 2023