Bon, allez ça fait 2 personnes qui me demandent, donc je raconte cette histoire (j'en suis pas peu fière car j'aime bien le zbeul)

C'était donc en 2004, par là, j'avais tout juste 28 ans. Une jeunette, donc.
Et j'avais été voir le spectacle WHA de Régine Chopinot au Châtelet. https://t.co/c7c0x62nTl

— Pía (@Pia_Alea) April 25, 2023

Pour celleux qui ne sont pas dans le milieu de la danse (donc environ 99,5% des gens qui me lisent, je suppose), Chopinot c'est une chorégraphe un peu connue, notamment pour avoir bossé avec JP Gaultier aux costumes, et directrice à l'époque d'un Centre Chorégraphique National

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(c'est à dire en gros le poste institutionnel le plus haut qu'on puisse avoir en France en tant que chorégraphe, donc le top en terme de moyens de productions !)

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Et donc je vais voir ce spectacle lors d'un passage à Paris, sans trop rien en savoir (j'aime bien faire ça).
Je prends la feuille de salle et commence à la parcourir en attendant le début (ce qu'habituellement j'évite de faire)

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Et là, c'est d'emblée un peu la consternation lors de l'exposé du propos.
Le spectacle s'appelle donc "Warning Hasardous Area", et c'est donc prétendument le projet "de la remise en question" de la chorégraphe.

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Ben oui, je comprends Régine, c'est quand même un peu compliqué pour la créativité d'avoir trop de sous, pauvrette…
Et donc, que la chorégraphe avait décidé de "faire sauter toutes les conventions de son art"
(lol)

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Je rappelle quand même à toutes fins utiles que c'était au théâtre du Châtelet, qui est quand même le haut lieu de la bourgeoisie culturelle gauche caviar, hein.
Vous savez la gauche engagée avec des salaires mensuels à 5 chiffres… Bref….

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Exit donc le compositeur savant pour le remplacer par un DJ hardcore techno, afin de retrouver la sauvagerie des free parties (c'était quasiment ça texto, je vous jure, c'était PÉDANT AS FUCK !)

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Exit les 3/4 des danseureuses engagé·es au départ du projet (avec des indemnités, j'espère, right ? RIGHT ?). Exit les répétitions : réduites à leur strict minimum.
Exit la construction dramaturgique : on allait se contenter de principes de jeu (pourquoi pas ça, ceci dit)

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Exit les beaux costumes sophistiqués de JP Gaultier : iels allaient reprendre les anciens costumes et les "déstructurer" (vous allez bientôt comprendre avec la vidéo)

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Exit la séparation entre la salle et la scène (pourtant j'avais bien l'impression que le public on était dans les gradins comme d'habitude)
Bref, avec ce nouveau spectacle, Régine allait :

RETROUVER L'ESPRIT DADA !!!

(et ouais)

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Et donc, ça commence : le DJ arrive et il envoie un gros BOUM BOUM BOUM (why not la techno, hein, je dis pas)
Et donc les 3 danseurs débarquent sur scène, et font ceci pendant je sais plus combien de temps mais c'était interminable !!!https://t.co/6XiGxrnHAZ

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Bref, celleux qui me suivent savent que je vais toujours essayer de chercher le truc positif (la plupart du temps à tort, mais bon…) mais là, sincèrement au bout de 5 minutes j'avais fait le tour et je me FAISAIS CHIER COMME JAMAIS.

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Une demi-heure plus tard, mon ennui s'était transformé en colère, parce que vraiment je trouvais ça indécent.
Et bref, j'avais envie de me barrer… mais en même temps ça me faisait chier de me barrer, parce que c'était les laisser gagner dans leur mépris du spectateur.

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Et donc je me suis levée vers la sortie, mais avant de sortir, je me suis mise en caleçon, ai laissé mes affaires dans un coin sur le gradin, et suis allée faire la même chose qu'elleux sur scène.

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Au début le danseur (iels n'étaient plus que 3, par rapport à la vidéo : la chorégraphe, une danseuse et un danseur) passe à côté de moi en maugréant "dégage !", tout en continuant à faire ses trucs.

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Perso j'ai toujours bien aimé la danse et faire n'importe quoi donc j'étais à l'aise dans leur zbeul donc j'ai continué pendant je sais plus combien de temps (entre une demi-heure et 50 minutes).

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Comme je fumais un bon paquet de clopes par jour à l'époque (et que j'avais zéro condition physique) j'étais évidemment totalement épuisée
Et donc le "spectacle" se finit, et je me mets avec les 3 danseurs pour faire des "non-saluts" (parce que les conventions de son art, toussa)

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Et puis je repars vers là où j'avais laissé mes fringues, les remets et retourne à ma place où j'avais laissé mon sac.
Plusieurs personnes viennent me parler pour me demander si je faisais partie de la Cie (non, donc)

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Et me demandent pourquoi j'avais fait ça ?
Moi, essouflée as fuck, je leur explique que c'est parce que j'avais trouvé ça insupportable, et blablabli et blablabla.
Il s'avère que parmi ces gens il y avait des journalistes (j'y reviendrai si j'oublie pas) parce que : LE CHÂTELET !

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Et donc bref, je reste parmi les derniers et je sors dans le hall… et puis je me dis : attends, mais je vais aller dire un mot à la chorégraphe.
Je passe sur scène pour aller vers les loges.
Là, une personne du théâtre m'interpelle pour me demander où je vais.

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Moi, avec le plus grand des naturels : "ben je vais dans les loges, vous avez pas vu que j'étais sur scène ?"
Oui, je sais être désinvolte.
La personne : "ah non mais c'est pas possible, mais pouvez attendre l'équipe devant la sortie des artistes"

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Comme je suis pas contrariante malgré mon esprit de contradiction, je dis "OK", et je me dirige vers la sortie.
Sauf que bien sûr je ne sors pas, et que je monte aux loges une fois que la personne a tourné la tête.

— Pía (@Pia_Alea) April 25, 2023

Je me pointe donc dans les loges, et là il y avait tout le gratin parisien, et notamment JP Gaultier à qui je dis bonjour et que j'étais très fière d'avoir mis ses costumes sur la tête. Y'avait aussi un journaliste connu de la télé mais je sais plus qui.

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Et plein d'autre gens sûrement très importants (en tous cas eux iels avaient l'air de penser qu'iels l'étaient).
Bon, bref, je demande où est la loge de la chorégraphe parce que j'aimerais bien aller lui parler, kanmême…

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Son assistante ou je sais pas qui va lui demander si je peux y aller, et apparemment elle dit oui et donc je vais la voir.
Elle m'accueille plutôt avec enthousiasme en me disant que "c'était super" ce que j'avais fait.

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Et moi je lui réponds que ça aurait été super si toute la salle avait fait comme moi, parce que son truc de "faire sauter la séparation salle/scène c'était un peu du bulshit quand même".

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Et puis, comme j'ai environ zéro filtre (j'en avais encore moins à l'époque, et j'avais en plus un petit côté "petit con arrogant") je lui dit le fond de ma pensée, sur le fait que c'était une révolution de salon, etc, etc…

— Pía (@Pia_Alea) April 25, 2023

Bref, je captais déjà pas bien l'implicite, mais quand même ça commence à devenir clair qu'elle est pas très contente de ce que je lui raconte et qu'elle préfèrerait que je parte, donc je pars, car je ne suis pas contrariante.

— Pía (@Pia_Alea) April 25, 2023

(je vous l'ai déjà dit, je crois)

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Bref, après ça, je me retrouve dans la rue à Paris c'était chelou mais assez marrant. Des gens me font coucou quand je passe devant le Sarah Bernhardt (le bar en-dessous du théâtre). Et voilà.

— Pía (@Pia_Alea) April 25, 2023