Thread : Landes, des incendies prévisibles
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Cela fait des décennies que nous le savons : avec le réchauffement climatique, les phénomènes naturels extrêmes vont se multiplier. Et pourtant, au nom du Saint profit, les hommes refusent d’écouter les scientifiques ou de tenir compte des savoirs ancestraux, comme ici dans les Landes où les incendies, bien que dramatiques, ne sont pas si surprenants.
Un thread de @clemnaturel
🧶 Les #Landes en feu
Le dérèglement climatique favorise sécheresses, canicules et feux de forets.
Cependant, le premier problème des Landes, on l’oublie souvent, c’est qu’il s’agit d’une monoculture intensive géante de pins. pic.twitter.com/rkhmXlphAi
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La préfecture de Gironde, vendredi 15 juillet, faisait état de 3.150 hectares brûlés à La Teste-de-Buch (une voiture électrique en serait la cause) et 5.000 à Landiras (cause inconnue). pic.twitter.com/xqkedTZqnF
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La forêt de La Teste-de-Buch dispose d’un statut particulier qui date du moyen-âge : il faut l’accord des 500 propriétaires pour prendre une décision. Face aux risques d’incendie, la préfecture avait ordonné des travaux d’aménagement en urgence qui n’ont jamais eu lieu. pic.twitter.com/j0Ai0lXHww
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
L’ONF ne gère que 10% de la forêt landaise, le reste est divisé en 40.000 parcelles exploitées par des propriétaires privés qui y développent pour la plupart une sylviculture intensive profitable mais inflammable et mortifère.@Canopee_asso : https://t.co/UcQ7WtlMUJ
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Le massif forestier landais n’a rien d’une forêt : son million d’hectares est quasi exclusivement fait de monocultures intensives de pin.
La pinède appréciée des vacanciers est une zone artificielle, pauvre en biodiversité et uniquement destinée à enrichir les propriétaires. pic.twitter.com/F7dKK5u530
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Du 18 au 19e siècle, le massif landais était une région dévolue à la forge et l’agropastoralisme, faite de landes communales, de marécages et de forêts biodiversifiées, et peuplé des fameux bergers landais, nomades et solitaires, juchés sur des échasses. pic.twitter.com/VM6mGxSXRe
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La colonisation, la privatisation et la transformation des Landes ont été lentes mais inexorables. Au 18e siècle, des investisseurs tentaient déjà de s’enrichir en exploitant cette terre marécageuse en plantant du riz, des arachides, du tabac, sans succès. https://t.co/mFpQVLbaRU
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La loi du 19 juin 1857, soutenue par Napoléon III, oblige communes et propriétaires à assainir et ensemencer les Landes avec des pins pour assécher les marécages, développer la sylviculture et répondre aux besoins de l’Empire et du capitalisme industriel. pic.twitter.com/VSWduG1NSs
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Sur fond de baisse de la population locale, et comme en Amazonie avec le caoutchouc, des travailleurs exploités entailleaient le tronc des pins pour en recueillir la résine, matière première d’une industrie chimique balbutiante. pic.twitter.com/vDyP94BZ7D
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Les bergers, déjà très pauvres, n’ayant plus d’espace pour faire paître leurs bêtes, se révoltent et mettent le feu aux monocultures naissantes, mais se transforment peu à peu en résiniers. De janvier à octobre, ils piquent les arbres. Durant l’hiver, ils entretiennent les pins.
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
De nombreuses grèves ont lieu jusque dans les années 1930. José Cubero raconte en détail l’Histoire des âpres luttes syndicales du prolétariat agricole dans Les Landes contre les propriétaires capitalistes. pic.twitter.com/x86WbIqSkb
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Mais la résine des pins landais se vend de plus en plus mal au début du XXe siècle, concurrencée par celle venue de Pays à la main d’œuvre moins chère, comme le Portugal.
Cette époque est également celle des premiers grands incendies dans le massif landais.
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Du 19 au 25 août 1949, Les Landes sont ravagées par l’un des incendies les plus meurtriers de France : 82 personnes meurent en tentant d’arrêter les flammes. Bordeaux, couverte de cendre, est plongée dans la nuit.
52.000 ha dont 25.000 de pinède ont brûlé. pic.twitter.com/kLBUOjnvu8
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La forêt sera ensuite à nouveau replantée uniquement avec des pins pour servir de bois d’œuvre, sans tenir compte du risque d’incendie devenu évident ni de l’importance de respecter les écosystèmes locaux et de préserver les pratiques et savoir faire ancestraux.
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Peu à peu émerge la plus grande forêt industrielle d’Europe occidentale en même temps que disparaissent les communautés locales traditionnelles et que s’appauvrissent drastiquement les écosystèmes. pic.twitter.com/16MeJdZed9
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Aujourd’hui, pour débroussailler leurs parcelles, les sylviculteurs utilisent du glyphosate pour exterminer la petite végétation.
Après l'épandage, il ne reste plus qu'un tapis de branches mortes, tout est cramé sous les pins : fougère, bruyère, molinie… pic.twitter.com/2IfecDfV1R
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La filière bois des Landes représente 30.000 emplois et de juteux bénéfices pour les propriétaires qui intensifient toujours plus la production.
Il y a 30 ans, on plantait un arbre pour qu'il devienne adulte à 60ans. Désormais les industriels les font arriver à maturité à 35ans. pic.twitter.com/2v1Woddfb3
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
La sylviculture pratiquée sur le massif est dite « régulière ». Elle consiste à laisser pousser les pins, en favorisant les plus rentables grâce à des éclaircissements périodiques, puis lorsque les arbres sont adultes, à faire une coupe rase. https://t.co/ppntyvXJua
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Les scientifiques soulignent depuis des années les dégâts inhérents à la monoculture et à une pratique intensive : fragilisation face aux maladies, aux insectes nuisibles, aux tempêtes, aux incendies… https://t.co/oy4mwD5GHA
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Les feux de forêt se propagent plus facilement dans les forêts dominées par les conifères que dans les forêts mélangées associant des conifères à des essences feuillues, moins inflammables. Même constat par rapport au tempêtes.
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Au lendemain des deux grandes tempêtes qui, en 1999 et 2009, ont dévastées la forêt landaise, les monocultures de pins sont à nouveau replantées sous la pression des exploiteurs capitalistes. pic.twitter.com/N77VIUXvJ4
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
En France, 17 millions d’hectares soit 30% du territoire métropolitain sont des champs d’arbres qui subissent chaque année en moyenne 4.000 incendies détruisant en moyenne 11.000 hectares, en grande majorité dans la moitié sud du pays. pic.twitter.com/vEOW8x3zdZ
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Il existe en France métropolitaine seulement 7.500 ha de forêts qui, bien qu’impactées par l'Homme à un moment de leur histoire, sont néanmoins exemptes de toute exploitation de bois depuis au moins 50 ans. Seuls 1.200 ha bénéficient d'une protection stricte. https://t.co/Ikn5djOwoa
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Ces derniers bouts de forêts dans les Pyrénées et les Vosges abritent des peuplements mâtures, présentant de vieux arbres et du bois mort en quantité importante assurant la survie de la biodiversité forestière (insectes, oiseaux, mammifères, champignons, lichens, etc.) pic.twitter.com/C6g82DWrGx
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Le prix moyen d’un ha de forêt est de 4.190€ (jusqu’à 12.000€). L’achat permet de bénéficier d’un avantage fiscale à hauteur de 75% de la valeur du bien si l’acquéreur adopte un « plan de gestion durable » (développe une sylviculture intensive à long terme). pic.twitter.com/pEWvgEBmBv
— Clément Renard (@clemnaturel) July 16, 2022
Ces avantages fiscaux ont pour but de favoriser l’accaparement des forêts par des investisseurs fortunés et d’encourager leur transformation en monocultures intensives de résineux (dont la croissance est + rapide que celle des feuillues). https://t.co/b4j3XXmfgS
— Clément Renard (@clemnaturel) July 17, 2022