Thread : la nouvelle chronologie des médias
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En France, depuis la loi Lang de 1981, un livre doit être vendu à un prix unique afin de limiter la concurrence. Si la filière du livre est protégée par cette loi, qu’en est-il pour les films ? On décrypte ça ci-dessous.
Un thread de @RogdalVanyrion
On lit/entend beaucoup de bêtises sur la chronologie des médias… Donc il est temps de faire un topo !
1/16 pic.twitter.com/DbiFsRME1L
— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
La "chronologie des médias", c'est en réalité plusieurs fenêtres d’exploitation.
Le but est ainsi de permettre à ce que les œuvres soient exploitées sur divers marchés (cinémas, VOD, TV par abo et séance, TV gratuite) en évitant que ceux-ci ne se fassent concurrence.
2/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Ce modèle repose sur un fractionnement du temps ou plus précisément sur une succession de périodes d’exclusivité d’exploitation. Pendant une période donnée, l’œuvre peut uniquement être exploitée au cinéma, puis en DVD/BRD, puis en VOD et enfin à la télévision.
3/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
C'est donc une protection pour l'ensemble des acteurs :
– protéger les salles de cinéma de la concurrence de la télévision, puis de la VOD.
– protéger le marché du physique pour éviter une cannibalisation de la VOD.
– Inciter la production européenne.
4/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Les fenêtres d’exploitation sont organisées selon un ordre chronologique, qui débute par les fenêtres dans lesquelles les titulaires peuvent réaliser de plus importantes recettes avec un nombre plus modeste de spectateurs (- spectateurs, mais + cher)…
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et s’achève par les fenêtres dans lesquelles les recettes sont inférieures pour les titulaires de droits, alors que le nombre de spectateurs potentiels est plus élevé. (= + spectateur mais – cher).
Ex : cinéma & DVD: – spectateur + cher
Ex : SVOD & gratuit: +spectateur – cher
6— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Cet ordre chronologique est à l’heure actuelle le suivant :
– cinéma
– La TVOD/vente physique
– La TVOD/location
– La télévision à péage (abonnement et séance)
– Les services de SVOD/AVOD
– la télévision gratuite/FVOD
7/16 pic.twitter.com/i28zIXWRZ0— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Cet ordre chronologique est à l’heure actuelle le suivant :
– cinéma
– La TVOD/vente physique
– La TVOD/location
– La télévision à péage (abonnement et séance)
– Les services de SVOD/AVOD
– la télévision gratuite/FVOD
7/16 pic.twitter.com/i28zIXWRZ0— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Et ça, c'est le principe car il y a de nombreuses dérogations pour une chronologie allégée.
On trouve notamment :
– si le film fait moins de 100K entrées,
– si un accord interprofessionnel existe,
– le financement de la création française et européenne,
…
8/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
– la valorisation des oeuvres sur le service,
– être à jour avec le fisc,
– diversifier ses investissements, etc.Bref, il y a plein de moyens de réduire le délai, à charge pour les services SVOD de se mettre en règle.
Ce qui donne ce graphique :
9/16 pic.twitter.com/LZkRvSL6gz— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Mais j'entends déjà les critiques "Oui, mais le cinéma espagnol, italiens, allemands n'a pas de chronologie des médias. Pourquoi on surprotège ?"
Eh bien sachez qu'on trouve des chronologies des médias partout dans le monde ! Dès 1989, les pays européens ont agi en ce sens.
10— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
La dernière en date est dans la directive européenne Services de médias audiovisuels (SMA).
Elle précise en son art. 8 que : "Les États veillent à ce que les fournisseurs […] ne transmettent pas d’œuvres en dehors des délais convenus avec les ayants droit"
11/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Dès lors, chaque Etat fixe le délai de son choix. La plupart des pays européens abordent cette question soit au moyen d’une législation nationale, soit par la conclusion d’accords sectoriels…
12/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Ainsi, en Allemagne et en Autriche, il existe des contraintes légales mais uniquement pour les films nationaux bénéficiant d’une aide publique, le reste étant réglé par des accords sectoriels.
Je vous laisse voir dans le reste de l'Europe :
13/16 pic.twitter.com/j5Ommd0eAV— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Il en ressort que la plupart des pays ont une réglementation plutôt similaire et reflète un très large consensus dans le monde comme en France. Il est frappant de constater la convergence des résultats.
14/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Alors pourquoi tout ce ramdam ?
Tout simplement, parce que l'accord actuel prend fin ! Le dernier accord en date a été publié au journal officiel de la République française le 10 février 2019 et il n'était valable que pour 3 ans. On est donc en plein dans sa renégo !
15/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022
Des entreprises comme Disney font donc pression pour s'émanciper des contraintes que leur imposent cette chronologie.
Car ils ont tout intérêt à favoriser le marché de la SVOD où ils détiennent 100% des profits et tuer la concurrence de la TV péage, vente physique, etc.
16/16— Aurélien Martinez | Rogdal (@RogdalVanyrion) September 18, 2022