Thread : comment la France abandonne le train
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Avec la vague de chaleur qui a frappé la France ces derniers jours, la problématique du réchauffement climatique est régulièrement mentionnée. Il y a de nombreuses choses sur lesquelles nous pouvons agir en tant que citoyen·ne, l’une d’entre elle est de privilégier les modes de transport propres. Mais comment faire quand les politiques de l’État détruisent sciemment la SNCF ?
Un thread de @emanach
Vous voulez savoir comment la France abandonne (discrètement) le train, malgré les ambitions affichées ? Voici un petit thread… pic.twitter.com/JgugwK27sO
— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Le contrat de performance État-SNCF Réseau a été signé en catimini le 6 avril, en pleine période de réserve pré-présidentielle et après plus de 2 ans de retard (c'est fou, le hasard du calendrier !).
Il symbolise le sous-investissement chronique dont souffre le train français.— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Il faudrait au moins un quart du budget en plus pour maintenir en état le réseau, qui est vétuste.
Pire, cette feuille de route impose à SNCF Réseau, qui gère les voies, de trouver l'équilibre financier en 2024. pic.twitter.com/aNAY1soO9v— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
🚅Elle devra donc renoncer aux travaux les moins urgents. Nous aurons plus de trains ralentis ou remplacés par des cars.
🚅Elle devra aussi augmenter ses péages à un niveau « insoutenable » pour les compagnies ferroviaires, s'affole un rapport sénatorial qui étrille le plan.— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Ce qui craint le plus, c'est la signalisation : elle est en cause dans trois pannes sur quatre et le contrat État-SNCF Réseau reconnaît noir sur blanc que stopper son vieillissement est « hors de portée ». Allez bisou.
— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
On est loin de l'objectif du « doublement des trafics » nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques que s'est fixé la France. C’est le PDG de SNCF Réseau, Luc Lallemand, qui l’avoue à demi-mots.
Le climat, quel climat ?— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Alors certes, le train coûte cher et l'argent public abonde pour tenter de sauvegarder le réseau vieillissant (+25 % depuis 2015), mais cet argent vient essentiellement des régions. Les concours de L’État, eux, stagnent. pic.twitter.com/oSsEY3Qww1
— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Ce sous-investissement n'est pas qu'un renoncement. C'est une politique de long terme, au cœur du projet d'ouverture à la concurrence. La nouvelle tuyauterie promet un ferroviaire « financièrement autoporteur ». Charge donc à la SNCF de s'autofinancer :
demerden si sich…— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Sauf qu'un tel modèle est pure chimère. La SNCF Mobilités qui fait circuler les trains a vu sa dette exploser de 80 % (Covid aidant). La logique régressive va donc s’amplifier :
➖de cheminots
➖de petites lignes
➖de guichets.
Demerden si sich avec votre voiture individuelle.— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Et ça, ça fait sursauter les sénateurs (comme quoi) :
« Une dégradation durable de la santé financière de SNCF Voyageurs risquerait de faire dérailler le système tout entier. »— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Ironie de l'histoire, le groupe SNCF limite la casse en 2021 en privatisant certaines filiales ou grâce aux bénéfs de ses activités ds le logement & le transport routier. Le n°1 du secteur, Geodis, est une filiale SNCF.
C'est donc la route qui sauve le rail en 2021.— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
Quand au plan de relance du ferroviaire annoncé en septembre 2020, il a été aspiré pour moitié pour éponger le manque à gagner dû au Covid. L'autre moitié finance des trucs imposés par l’État à la SNCF, comme l'arrêt du désherbage au glyphosate et la rénovation des ponts.
— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
NB : l'Allemagne a débloqué 13 fois plus d'argent que la France pour le train dans son plan de relance.
NB 2 : il est plus qu'urgent d'agir… pic.twitter.com/Df03TYmGdM— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022
La question de la sécurité est clairement posée.
Le procès de l’accident de Brétigny-sur-Orge (réquisitoire aujourd’hui), a notamment révélé des problèmes structurels de surmenage des agents et d’organisation du travail défaillante, sur font de chasse aux coûts à la SNCF.— Erwan Manac'h (@emanach) June 15, 2022