Typologie approximative de Twitter (Chapitre I)
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Notre contributeur @Karim_Boukercha a allongé la twittosphère sur son divan et l’a psytwanalysée sous sa plume acérée… Te reconnaîtras-tu ?
Les célébrités décérébrées
On les suit par curiosité et on se désabonne rapidement par pitié. Ce sont les célébrités qui retweetent toutes leurs mentions positives sans le moindre esprit critique. On se retrouve à lire des retweets un peu bizarre du type : @Fan : @celebrite Un RT pour ma voisine qui s’est fait bouffer la cuisse par un chameau en allant au collège. Merci. LOL.
Leur compte est un kamoulox en 140 caractères. Dans ce cas précis, le retweet joue le rôle de la pièce de 20 centimes qu’on donne à un clochard pour être en harmonie avec sa conscience.
Les « CEO-Founder-Serial Entrepreneur »
Ce sont généralement des comptes qui n’ont pas vocation à être très fun. Les mots CEO, Founder, Owner ou Serial Entrepreneur constituent une manière (efficace) de bien différencier ceux qui ont opté pour l’anglais en première langue vivante et le reste des actifs sur Twitter. Pour résumer, l’utilisation du vocabulaire anglais dans ta bio permet de te faire remarquer, un peu comme quand tu roules avec les anti-brouillard en plein jour mais au mois d’août.
Les « vanneurs-chomeurs »
Loin de moi l’idée d’associer chômage et sens de l’humour, mais un mec qui fait une vanne sur la taille de Sarkozy ou DSK à 3h du mat’, vous appelez ça comme vous voulez mais c’est sûrement pas avec ces types que nous allons améliorer la compétitivité française. Le vanneur-chômeur a une journée bien remplie, il s’actualise sur pole-emploi.fr entre 2 tweets en attendant qu’une célébrité décède (à condition que son nom de famille soit propice aux jeux de mots) ou que Nadine Morano publie un tweet.
Les prévisions concernant le chômage ne sont pas bonnes ? Attends-toi à les voir débarquer par paquets de 100 dans ta timeline.
L’aigri
L’aigri a une spécificité qui en fait sa force et sa faiblesse : il n’aime rien. Son utilisation de Twitter répond à une seule obsession, la vengeance. Pour reconnaître un aigri courageux, c’est simple, il ne se cache pas derrière le pseudonymat. Sa vie sociale est probablement entachée d’un vol de goûter en CM1 qui le marqua à jamais et qui régit aujourd’hui son rapport aux autres. Son compte Twitter est une thérapie, il a besoin de se défouler en attendant une vie meilleure.
Le patient atteint d’une « Druckerite chronique »
À l’inverse de l’aigri, les personnes souffrant de Druckerite chronique aiment tout le monde. Ils ou elles trouvent tout formidable, exceptionnel, génial ou encore É.N.O.R.M.E. Faut se méfier des gens trop gentils sur les réseaux sociaux : soit cette personne cherche un boulot, soit elle veut ton zizi, comme dirait le regretté héritier créole de Socrate, Francky Vincent.
Le ou la Parisien(ne) de posture
Parisiens de posture (ou Parisiens d’imposture, au choix), étalent leur riche vie culturelle dans le seul but de renvoyer les provinciaux à leurs chèvres. Une fois arrivé chez lui après 2 heures de tranports en commun, le Parisien balance un petit tweet (sans photo pour commencer) en encensant la dernière exposition du moment. Ça fait bien et ça ne mange pas de pain. Le Parisien de posture capte très bien la 3G car il vit sous les toits de Paris, ce qui lui permet de tweeter en flux tendu.
Le triptyque Twitter-Foursquare-Instagram torpille l’autonomie de son iPhone en moins d’une heure. Le Parisien se plaint des transports en commun le matin, se géolocalise une fois arrivé aux bureaux à 9H pour montrer qu’il ne touche pas les Assedic, publie une photo de son hamburger sur Instagram en utilisant le filtre Valencia à 12h, poste une photo de son chat le soir afin d’améliorer son score Klout pour ne pas passer pour un con dans les twittapéros. Quand il s’accorde une pause, il en profite pour immortaliser sa tasse en carton du Starbuck pour témoigner de sa fidélité à la culture US. Afin de se reconnaitre entre eux, les Parisiens font des guillemets avec leurs doigts.
Le ou la provincial(e)
Contrairement aux Parisiens, le provincial ne peut pas tweeter en flux tendu pour la simple et bonne raison qu’il ne capte pas la 3G. Il fait partie des 3% de la population française sans couverture réseau suffisante, il n’est pas du tout 4G Ready. Sa vie numérique est un réseau Free Mobile, il capte pas grand-chose.
Le ou la provincial(e) a une fâcheuse tendance à se prendre pour Miss Météo en publiant des photos du ciel bleu et des paysages bucoliques qui l’entourent. L’objectif de ces photos, au delà d’alimenter son compte Instagram, est de faire râler le Parisien. Tout simplement. Pour vous aider à imaginer ce type de personnage, essayez d’envisager Evelyne Dhéliat avec la moustache de José Bové et le phrasé de Jean-Pierre Coffe.
Le provincial et le Parisien sont complémentaires, le premier publiera une photo du boeuf qui servira à faire les hamburgers photographiés à leur tour par le second quelques semaines plus tard. Ça permet d’avoir une bonne traçabilité de la viande, merci Instagram.
« L’overbooked »
L’overbooked, comme il se définit avec modestie, jongle entre les réunions et les tweete pour dire qu’il fonce ou qu’il est en retard. Se check sur Foursquare une fois arrivé sur son lieu de rendez-vous et poste une photo sur Instagram pour épater les copains. La possibilité de se connecter sur Twitter pour dire que nous sommes charrette ou complètement la tête sous l’eau est l’une des raisons du succès de ce réseau. Si tu n’as rien à dire alors écris-le ! devient sa devise sur Twitter ; venir dire sur Twitter qu’on est à la bourre, c’est comme ouvrir son frigo pour dire qu’on n’a pas faim.
Le mec pas drôle
C’est comme la Wii ou la machine à raclette, on ne s’en sert, au mieux, qu’une fois par an. On le suit par charité chrétienne (sans être croyant) mais on regrette très vite après 3 ou 4 vannes éculées. Il est friand des tweets commençant par Les gens qui et qui finissent par quels sont leurs réseaux ?, mais personne n’ose lui dire qu’il y a une date de péremption sur ce type de vannes. Le plus triste dans tout ça, c’est qu’il est sûrement le seul à rigoler de ses publications. Sa timeline est un vibrant hommage à Gustave Parking.
Ces derniers mois, grâce à une décérébrée de la télé réalité, il s’aventure sur le terrain miné de l’humour engagé en défiant le politiquement correct avec la vanne (qui n’en est pas une) de Allô ? Non mais…, allô quoi !. Un bide qu’il mixe à toutes les sauces.
L’égocentrique
L’égocentrique utilise Twitter un peu comme un cadre photo. Il ne publie que des photos de lui dans des postures plus ou moins ridicules. C’est le metteur en scène de sa vie : sa salle de bain et les toilettes des restaurants sont son théatre, son sèche-cheveux et sa brosse à dents sont ses partenaires.
Dans la plupart des cas, l’égocentrique est assez souple sur les questions de vie privée. L’égocentrique colle des photos de lui un peu partout dans son appartement, ça le rassure et préserve l’image qu’il a de lui-même. Il tweete pour lui, pas pour les autres.
L’égocentrique est tellement chiant que même les mecs de la CIA et de la NSA l’ont unfollowé.
Le beau gosse
Il est beau. Il le sait. Il le tweete. Se prend en photo (seul) dès qu’il peut. Il est sympa mais a tendance à confondre Twitter avec du papier glacé. Ce qui le différencie de l’égocentrique ? La fréquence des publications.
Le Narcissique désenchanté
Ne parle que de lui à la première personne pour se complaire dans sa perfection. Ce qui le différencie de l’égocentrique, c’est sa maîtrise du storytelling pour mettre en lumière son quotidien et parfois ses réflexions. Désenchanté car constatant avec tristesse qu’il est entouré de gens médiocres, il s’en fout et continue quand même, ça le maintient en vie sur le réseau.
L’éternel optimiste
C’est un peu la Mère Teresa de ta timeline. Il jouit d’une capacité exceptionnelle à s’émouvoir de tout et l’exprime souvent par des citations de gens morts. L’optimisme radical sur Twitter, c’est comme distribuer des flyers d’Action contre la faim devant un Mc Do. Entre la faim ou la bonne conscience, le choix est vite fait pour beaucoup de monde. L’éternel optimiste ne se fâche jamais, il est au dessus des débats avec la sagesse comme bouclier d’invincibilité.
L’agrégé de Lettres
Il voue un culte aux tweets de Bernard Pivot. Quand il ne lit pas les tweets de Bernard, il corrige les fautes dans les tweets des autres avec rigueur et parfois exaspération. Même si son action est louable, t’as l’impression de suivre ta prof de français du collège qui puait de la gueule quand elle t’expliquait les Fourberies de Scapin au-dessus de ton épaule.
Le cauchemar de Bernard Pivot
C’est la personne qui agresse un Bescherelle avec une arme blanche à chaque fois qu’elle tweete. Au collège, elle a passé davantage de temps collée au radiateur qu’à la bibliothèque. Si tu veux faire le même nombre de fautes qu’elle, il te faudra tweeter avec les pieds ou demander à ton chien de le faire à ta place. Elle peut écrire son CV en 140 caractères et ses publications ont le même effet que le savon dans les yeux.
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