Il y a les questions auxquelles on peut aisément répondre : « Comment tu t’appelles ? », « Ça vaut le coup d’acheter le nouvel album de Stromae ? » et il y a les autres. Parmi elles : « Mais ça sert à quoi, Twitter ? », qui risque d’arriver si vous avez le malheur de prononcer ce mot.

La personne qui la pose est parfois réellement désireuse de comprendre. Néanmoins, le plus souvent, elle a l’air méfiant et vaguement agressif de celle qui sait déjà ce qu’elle doit en penser : « Encore une nouvelle façon de perdre son temps, un truc narcissique deux point zéro. »

« Alors, ça sert à quoi, Twitter ? »

Que répondre ?

Dans un premier temps, tentez une approche culturelle. On ne sait jamais.

« Tu vois, sur Twitter, il y a toutes les personnalités de la politique, les journalistes, qui informent et décryptent l’actualité en temps réel. C’est un excellent complément à la lecture de la presse »

Cet argument peut porter, en particulier si votre interlocuteur vous connaît mal. Cependant, il risque de répondre que les comptes des politiques sont tenus par des stagiaires, sont encore plus langues de bois que leurs discours à la télé et que de toute façon, la politique ou l’économie ne se décryptent pas en 140 caractères, etc, etc. Et surtout vous faire remarquer que la seule personnalité politique que vous suivez c’est Nadine Morano, pour vous foutre de sa gueule.

« C’est un réseau social, ça permet de rencontrer du monde. »

À réserver aux gens qui ne vous connaissent pas bien. Vos proches, eux, vous feront remarquer que vous avez perdu la moitié de vos amis parce que vous passiez vos soirées à actualiser votre téléphone, parce que tu comprends j’ai fait un tweet marrant et ahahaha regarde ce qu’il m’a répondu il est con çui là, atta bouge pas je réponds, oh ça vibre surement un RT, et merde c’est un FAVE.
Vous pouvez mentionner que Twitter c’est mieux que Meetic pour les plans cul, mais dans ce cas-là, ne faites pas la même erreur que moi : vérifiez que votre conjoint n’écoute pas la conversation.

« Twitter, c’est un peu un concours de vannes, ça sert à déconner. »

Attention, attention, vous risquez la réponse suivante : « Ah ouais, j’ai vu qu’il y avait Gad Elmaleh ». Là, il s’agit de garder un air neutre. Vous respirez un grand coup, vous dites « oui, oui ». La vérité (« Non mais il est tout pourri, lui, y a surtout LandeYves, Watchmefalll, Romain Cheylan et tant d’autres« ) est incompréhensible pour le profane.

Pour l’humour sur Twitter, choisissez des exemples faciles à expliquer. Je vous déconseille toutefois @Baborlelefan. J’ai essayé, ça a donné à peu près ça : « y en a un qui est vraiment marrant, il s’appelle Babor comme l’éléphant, et son concept c’est de faire des blagues moisies, mais comme il fait des fotes d’ortograf ben c’est marrant… sisisi… je t’assure… moins par moins égale plus… cule un mouton ».

Enfin, si on vous demande votre pseudo sur Twitter, n’hésitez pas : mentez.

Soyez prudent, je vous rappelle qu'on ne sait toujours pas à quoi ça sert, Twitter.

— Sale Con (@Sale_Con) June 17, 2013