La critweet ciné de la semaine : Deadpool
NOUVEAU @Fujee part inspecter vos avis cinématographiques sur la sortie de la semaine et nous livre le sien. Cette semaine :
Deadpool
Chers lecteurs. La semaine a été rude. Suite à ma critique virulente de Steve Jobs, j’ai dû endurer 7 jours durant les quolibets et autres regards accusateurs de mes collègues twogiens. Heureusement, la sortie de Deadpool, adaptation d’un héros Marvel atypique, promet une séance des plus réjouissante : un personnage subversif qui brise les codes du genre ainsi que le fameux “quatrième mur”, en s’adressant directement au spectateur. Un rapide coup d’œil aux avis disséminés un peu partout sur la toile me confortent dans l’idée que je vais voir quelque chose de grand :
Bon bah #DeadPool est facilement mon second film préféré de tout les temps
— Guillaume (@harrylafranc) February 10, 2016
dead pool est vraiment un petit chef-d'œuvre 😏
— lag (@paulinelgrst) February 14, 2016
Deadpool il est grave ouf, j'ai jamais vu un film pareil
— Obi-1 (@Own_eD) February 14, 2016
DEADPOOL IS THE BEST MOVIE EVER
— grant landis (@grantlandis) February 14, 2016
Je recommande DEADPOOL une tuerie le film. Un dés meilleurs film que j'ai pu voir.
— StraTonny (@stratonny_) February 13, 2016
https://twitter.com/drvmione/status/698592580821458946
https://twitter.com/thingsandco/status/698675012195188736
Le film est si attendu qu’il en trouble même le sommeil de certains twittos :
https://twitter.com/pikamido/status/698428354253422592
C’est donc avec un enthousiasme débordant que je m’installe dans mon siège, prêt à assister à ce qui s’annonce déjà comme le plus grand film de ces 200 dernières années et de la voie lactée, au bas mot. Hélas… c’est au milieu d’un public littéralement hilare que j’ai assisté à une histoire prévisible où seul le héros existe réellement. Les personnages secondaires, à l’instar des méchants, brillent autant par leur manque de charisme que par leur premier degré affligeant, dans un film dont la profession de foi repose pourtant sur l’ironie et la subversion. En s’appuyant uniquement sur l’humour méta et le “comic-awareness” de Deadpool (le personnage est conscient de son état de héros de fiction), cette adaptation gave le spectateur de blagues incessantes jusqu’à l’indigestion. Ce qui offrait un potentiel comique et original vampirise ici tout le reste, que ça soit l’histoire ou les enjeux dramatiques.
Désagréable sensation donc, face une telle euphorie générale des spectateurs, de passer à côté de quelque chose. Pourtant disposé à me fendre la poire pendant 120 minutes, je me suis senti vieux pour la première fois. Une étude approfondie des réactions sur la twittosphère m’a cependant permis de relativiser ce sentiment de solitude, face à cette oeuvre qui m’échappe. Tout d’abord, on trouve quelques avis certes positifs, mais un peu plus mitigés que les précédents :
https://twitter.com/mrtaffinovic/status/698684158504275968
Deadpool il est bien mais le film dure pas longtemps et il est à l'envers
— Le Duc de Venissieux 🏴☠️ (@FortasA) February 14, 2016
https://twitter.com/floatingboat/status/698668979569750017
J'ai été voir Deadpool au cinoche, franchement bon moment !
Ca rafraîchit le genre— MATH (@Msefaitdesfilms) February 13, 2016
https://twitter.com/paixnaitrela/status/698631976593592321
Puis viennent ceux qui, comme moi, se sont clairement ennuyés :
https://twitter.com/angeloumpa/status/698856787479556096
https://twitter.com/mr_hobbes_/status/698643310932574208
https://twitter.com/captainmarv/status/698637590304575489
https://twitter.com/vinvin/status/698558913394909185
https://twitter.com/piwi_47/status/698552375209021440
https://twitter.com/kangoonomade/status/698550365646626817
Ouf, sauvé ! Finalement, nous sommes plusieurs à ne pas avoir été emballés par ce que beaucoup considèrent déjà comme le meilleur film de super-héros (ce qui, vous l’admettrez, n’est quand même pas très sympa pour les Gardiens de la galaxie).
Peut-être que finalement, ce sont tout simplement mes attentes qui m’ont fait passer à côté du propos du film. Plutôt que d’espérer voir un anti-héros provocateur évoluer dans un univers rafraîchissant, j’aurais sans doute gagné à aborder Deadpool comme ce qu’il est, une comédie romantique de Saint-Valentin :
https://twitter.com/sekkaijv/status/698701235390644225
https://twitter.com/lilcllins/status/698626048574025728
https://twitter.com/teofct/status/698623708878000132
https://twitter.com/hielkay/status/698604792688599040
Quoi qu’il en soit, je me trouve ici dans une situation délicate. D’un côté, je me sens investi d’un devoir d’honnêteté à l’égard de mes trois lecteurs (coucou maman), en les avertissant que derrière les centaines de réactions dithyrambiques, se cache un film faussement audacieux, qui ne fait que recycler la recette ayant fait le succès des adaptations Marvel.
Mais d’un autre côté, je ne peux nier les conséquences tragiques que pourrait avoir une nouvelle note négative sur mon avenir professionnel. En qualifiant Deadpool de raté, je risque de me mettre à dos les derniers collègues qui daignaient encore m’adresser la parole à la machine à café. Que faire… conserver mon honnêteté intellectuelle, ou mes deux tickets resto hebdomadaires ? Confronter le critique à un tel dilemme, c’est peut être cela, la véritable ironie de Deadpool.
Merci à @Fujee !
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