“La police tue” particulièrement dans les Outre-mer
Cinq ans après la mort de Claude Jean-Pierre en Guadeloupe, aucun procès n’a encore eu lieu. Malgré une vidéo accablante, les gendarmes impliqués n’ont jamais été mis en examen. Sa famille multiplie les démarches pour obtenir justice pour Klodo. Ce combat expose l’impunité policière qui frappe les territoires dits d’Outre-mer.
Claude Jean-Pierre, surnommé Klodo, était un retraité de 67 ans vivant paisiblement à Deshaies. Sa famille le décrit, dans Outre-mer La 1ère, comme un homme doux et très attaché à ses proches. Pourtant, le 21 novembre 2020, un contrôle routier banal tourne au drame. Une vidéo de surveillance montre un gendarme le tirant brusquement hors de sa voiture. La tête de Klodo frappe violemment la portière. Il est transporté au CHU, plongé dans le coma puis meurt douze jours plus tard, victime de fractures cervicales. Dès lors, la famille réclame justice pour Klodo, considérant que son décès n’est pas accidentel. Bien que cette séquence soit claire, l’affaire demeure bloquée, malgré l’indignation croissante dans la population locale.
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21 novembre 2020 Claude Jean Pierre dit Klodo croisait la route des gendarmes CHARLIER et BOYER . 21 novembre 2025 , pas plus de mots pour beaucoup de maux…. Fatia et Christophe #Jistispouklodo#claudejeanpierrepic.twitter.com/60ZMJPjO28
— jistispouklodo fatia alcabelard&christophe sinnan (@AlcabelardFatia) November 21, 2025
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Ils ont fais pareil pour la Famille de Claude Jean-Pierre, énorme soutien à @AlcabelardFatia#PasDeJusticePasDePaixhttps://t.co/KLzeJ9Q40G
— KHS Mag (@KhsMag) December 2, 2025
Des versions officielles contredites par les images
Les autorités locales, elles, minimisent l’affaire. Le préfet de Guadeloupe avance que M. Jean-Pierre était potentiellement alcoolisé et « n’apparaît pas conciliant », justifiant que les gendarmes aient voulu éviter une fuite. Selon lui, les forces de l’ordre n’ont « pas observé d’action violente volontaire » lors de l’intervention. Or, aucune attitude menaçante ni tentative de fuite n’apparaît sur la vidéo. On retrouve la même violence disproportionnée par rapport au comportement de la victime, dans d’autres affaires de violences policières. Malgré ces éléments accablants, en février 2023 le procureur de Basse-Terre a requis un non-lieu, estimant qu’« il ne s’est rien passé » de répréhensible du côté des gendarmes. À ce jour, aucun des deux militaires impliqués n’a été mis en examen par la justice. Pour la famille, c’en est trop, elle réclame aujourd’hui vérité et jistis pou klodo (justice pour Klodo).
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🚨🚨RÉVÉLATIONS de Médiapart le 10/03/2025 sur la version mensongère des gendarmes dans l’affaire Claude Jean Pierre dit KLODO !! À lire et à partager ➡️https://t.co/9B7wiOoDgapic.twitter.com/URrROFNc0F
— jistispouklodo fatia alcabelard&christophe sinnan (@AlcabelardFatia) March 10, 2025
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Trop de pouvoirs entre de mauvaises mains Violence Humiliations .Les années passent et les victimes augmentent, des colonies aux quartiers populaires. Il est temps de briser certaines chaînes et ne plus tolérer l’inacceptable 5 ans de lutte et toujours pas un procès en vue! pic.twitter.com/skcHcQQmk7
— jistispouklodo fatia alcabelard&christophe sinnan (@AlcabelardFatia) September 6, 2025
Le justice pour Klodo ignoré dans l’Hexagone
C’est en Guadeloupe, que l’affaire suscite un mouvement inédit. En mars 2023, plusieurs centaines de personnes défilent avec des banderoles demandant justice. Les élus locaux publient également une tribune appelant à un procès. Cependant, l’affaire reste largement absente des grands médias de l’Hexagone. Le journaliste Harry Roselmack confie dans Le Bondy Blog avoir découvert le dossier « trois ans après les faits », s’étonnant d’un tel silence. De plus, la famille rejoint le collectif Vies Volées à Paris pour amplifier la lutte. Dans Mediapart, Fatia, la fille de Klodo, explique que « mourir lors d’un contrôle ne doit jamais devenir normal ». Ce manque d’attention nationale souligne l’invisibilité persistante des violences subies dans les territoires dits d’Outre-mer. Ainsi, la revendication justice pour Klodo gagne une dimension politique.
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Jistis Pou Klodo, RDV le dimanche 23 novembre avec la famille et honorer la mémoire de Claude Jean-Pierre. Déjà 5 ans de lutte. On ne baisse pas les bras. Avec @alcabelard.f et @christophesinnan pic.twitter.com/jntXDgVktT
— Histoires Crépues (@Hist_Crepues) November 23, 2025
6.
Cette affaire est une des injustices les plus flagrantes. Claude Jean-Pierre, dit « Klodo », a perdu la vie après un contrôle routier par la gendarmerie à Deshaies. Suite à son extraction forcée de son véhicule, il est décédé 13 jours plus tard. Des éléments d’enquête montrent… https://t.co/qtqiAAQxDspic.twitter.com/3M4xJhUqWY
— Whatsapp Antillaise (@WAntillaise) October 30, 2025
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ENFIN le
film documentaire L'Etat Républi-nial est en
LIGNE sur la plateforme https://https://t.co/kBgWTF7OT6 et https://t.co/CXZbD64NqZ, nous l'attendions tous ! Découvrez et faites découvrir autour de vous!!#jistispouklodo#justicepourclaudejeanpierre#justicepourtous— Harry Roselmack (@harryroselmack) April 29, 2024
« La police tue » aussi dans les “Outre-mer” : des cas passés sous silence
L’affaire Klodo n’est malheureusement pas un cas isolé. En Guadeloupe et dans l’ensemble des territoires ultramarins, d’autres hommes ont perdu la vie lors d’interventions des forces de l’ordre, sans jamais bénéficier de la même couverture médiatique qu’en hexagone. Certaines tragédies locales restent quasi inconnues du grand public hexagonal, alimentant un sentiment d’oubli et d’injustice. Quelques exemples récents illustrent ce constat alarmant :
En Kanaky, en 2024, le GIGN abat trois militants kanak en deux mois, dont Rock Victorin Wamytan. Au total, près de 11 Kanaks sont tués cette année-là par les forces de répression. En Martinique, le 28 juin 2025, le RAID tue un homme schizophrène de 31 ans au Lamentin. Ces morts illustrent une brutalité coloniale dans les territoires dits d’Outre-mer, largement invisibilisée depuis l’Hexagone. Selon l’IGPN, les forces de répression y tirent trois fois plus souvent qu’en Hexagone, proportionnellement à la population. En 2024, l’usage des LBD grimpe de 630 % en Martinique et de 1 310 % en Kanaky. Derrière ces chiffres froids, la police tue des vies ; les proches de Klodo réclament vérité et justice.
8.
Bonjour , Honteux ! Le mépris envers les familles de victimes du ministre @manuelvalls_ à @assembleenationale , interpelé par le député @christianbaptiste_officiel sur l’interpellation de Claude Jean Pierre dit KLODO qui entraînera sa mort , il botte en touche mais juge utile pic.twitter.com/OUg4L7AtyI
— KHS Mag (@KhsMag) March 25, 2025
9.
L’ouverture de ce débat sur la violence coloniale, la suprématie de la race ne devrait pas être qu’au passé. La violence est présente en Kanaky et dans chacune des colonies françaises (Klodo, chlordecone, répression habituelle) @jmaphatiehttps://t.co/Jp9JeOPBOY
— Neeya (@Neeyaonair) March 11, 2025
Malgré les preuves, aucun procès n’a été ouvert, jusqu’à ce mercredi 10 décembre. Ce retard judiciaire choque profondément, 5 ans, 5 ans où sa famille demande “jistis”, 5 ans de trop. La revendication justice pour Klodo exprime aujourd’hui un combat essentiel : obtenir la vérité pour une famille meurtrie et défendre l’égalité pour les habitants des territoires dits d’Outre-mer. La question posée dépasse l’affaire elle-même : une République peut-elle accepter que certaines vies valent moins que d’autres ? Tant que cette affaire restera sans réponse, la lutte continuera.
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