Insomnie et anxiété : la campagne qui culpabilise
L’ANSM a lancé en avril 2025 une campagne pour promouvoir le "bon usage" des médicaments contre l’anxiété et l’insomnie sévère. Une initiative qui se voulait préventive mais qui a vite été critiquée pour son ton culpabilisant et ses messages à côté de la plaque.
L’Agence nationale de sécurité du médicament a lancé une campagne de sensibilisation sur le « bon usage » des médicaments contre l’anxiété et l’insomnie sévère. Officiellement, il s’agit d’alerter sur les risques de surconsommation de somnifères et de benzodiazépines. Dépendance, accoutumance, effets secondaires… les enjeux sont bien réels. Mais la campagne a été perçue comme culpabilisante et déconnectée des réalités. Des messages à côté de la plaque, dignes du tristement célèbre “rien à foutre de ta dépression” de Tibo In Shape.
C’est dans ce contexte que le psychiatre David Masson analyse le raté de cette campagne. Et ce qu’elle dit de notre rapport à la santé mentale.
Anxieux, insomniaques : faites un petit effort !
Le coup de gueule sur cette campagne a fait incroyablement écho ici !
Alors je ne peux que développer le propos: mais pourquoi cette campagne sur les anxiolytiques est aussi catastrophique?
Petit thread improvisé
https://t.co/gyMPwT6a2k
— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
On est tous d'accord sur un point: les anxiolytiques, c'est pas automatique!
J'en parle souvent ici: des
utiles, efficaces, incontournables dans notre arsenal mais devant être maniés avec précautions. Bcp de précautions.
Mais cette campagne, elle est à côté de la plaque
— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
"La lecture, c'est autant qu'on veut"
Ce n'est sûrement pas quelqu'un atteint de dépression ou de troubles anxieux sévère qui a écrit ça.
Quand on lutte contre l'insomnie, les ruminations envahissantes, l'anhédonie… on est juste dans l'incapacité de lire!
Bien culpabilisant pic.twitter.com/MGNf51QUCE— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
"Voir ses potes, c'est non-stop"
Comment dire…
Si les liens sociaux sont importants, ce n'est pas toujours possible: on n'a pas forcément d'amis, ils ne sont pas dispo H24, ne sont pas forcément de bons conseils…
Et c'est sans compter l'autisme ou les phobies sociales!pic.twitter.com/rFxPiCkKed
— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
"L'activité physique, c'est sans modération"
Non mais sérieux.
Pas besoin d'un mauvais remake de "tu déprimes? Bouge toi!"
Une dépression sévère peut littéralement clouer sur place.
Et l'activité physique, ce n'est pas sans modération: les TCA ou la bigorexie, on en parle? pic.twitter.com/aHb1PfNt8g— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
"La médiation, c'est sans modération"
Non, contrairement à ce qu'on pense, ce n'est ni de la relaxation ni adaptée à tout le monde!
Utilisée n'importe comment, et en particulier si troubles anxieux, la méditation peut même entraîner des crises d'angoisse.
Prudence donc pic.twitter.com/FBGnWElJEd— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
Sans oublier les problèmes majeurs:
-inutilement culpabilisant
-stigmatisation desprésentés comme "solution facile des faibles" ou des produits addictifs par défaut
-"consultez votre médecin", mais si on a des anxiolytiques, on l'a en fait déjà vu puisqu'il a prescrit !— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
Conclusion: une campagne loupant sa cible. Et rate l'essentiel: soutenir une prescription raisonnable, prendre en compte l'environnement, développer l'accès aux soins primaires.
Les alternatives existent (TCC par ex) mais sont encore si scandaleusement inaccessibles#SanteMentale— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
Pour aller plus loin, le
info utile du jour en #psychiatrie de cette semaine pour y voir plus clair sur les benzodiazépines et les hypnotiques.
À RT sans modération, lui!https://t.co/WtSlwRLiEl
— David Masson (@psy_massondavid) April 16, 2025
Cette campagne, censée prévenir les risques des traitements contre l’anxiété, finit surtout par culpabiliser les patients. Pour beaucoup, ces médicaments ne sont pas un luxe, mais une nécessité vitale face à une souffrance quotidienne. Ce n’est pas l’anxiété qu’il faut pointer du doigt, mais le manque de solutions adaptées, accessibles et prises en charge par l’État.
On reste dans le thème et on évoque le trouble anxieux généralisé avec le même psychiatre. Un trouble mal compris et stigmatisé qui détruit la vie de celles et ceux qui en souffrent.
Commentaires 1
Georges (invité)
Le 20/04/2025, à 18:38
Thread à côté de la plaque.
Les anxiolytiques c'est pas automatique, et c'est pas à prendre à la légère.
Avant d'en prendre, si t'arrives pas à dormir lis des livres, fais du sport et bois de l'eau, vois tes potes et mange 5 fruits et légumes par jour. Si tu fais déjà ca et que ca va pas, c'est peut être que t'en as besoin, des anxiolytiques.
Moi y'a rien qui me choque dans cette campagne et les conseils sont justes.
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