Féminisme

Mesdames, et si vous payiez un homme inconnu pour vous raccompagner (ce n’est pas une blague)

Par Maxime 16/09/2025

Capitalisme et patriarcat : le bingo est total.

Une nouvelle application vient de voir le jour : Safly. Le but ? Pour dix euros, les femmes peuvent commander un agent de sécurité qui les raccompagnera le soir jusqu’à chez elles. Malgré ce que le créateur proclame, ce n’est pas une avancée : c’est le symptôme d’une époque. Car l’application ne protège pas les femmes, elle protège le portefeuille d’un homme qui a flairé un marché : celui de la peur. Ça qui l’impose cette peur quotidienne de sortir dans la rue le soir ? Les hommes eux-mêmes. Et voilà maintenant qu’un autre homme trouve le moyen de la monnayer.
C’est le coup de génie pervers du patriarcat : créer l’insécurité, puis vendre la sécurité. Fabriquer la menace, puis faire payer la protection. Le fondateur de Safly ne fait pas exception : il n’a rien inventé, il s’inscrit dans une logique vieille comme le monde : celle où les hommes dominent, effraient, puis se posent en sauveurs.
 

Le business de la peur :

Safly n’est pas un service, c’est une rançon. On dit aux femmes : si vous voulez marcher le soir, il faudra payer. Et qui encaisse ? Un homme. Qui décide de la « valeur » de votre tranquillité ? Un homme. Qui s’érige en protecteur, alors que ses semblables sont les agresseurs ? Encore un homme.
Ce modèle est une double humiliation. Non seulement les femmes doivent subir l’insécurité permanente dans l’espace public, mais elles doivent aussi sortir leur carte bancaire pour s’acheter un droit fondamental : rentrer chez elles. La rue devient un péage dont les femmes paient le prix, tandis que les hommes continuent d’y circuler gratuitement et en toute impunité.
 

@saflyapp

Ne rentrez plus seule ! #insécurité #harcèlement #bordeaux #application

♬ Cozy Day (Lofi) – The Machinist Beats


(la vidéo de présentation du service)
 

Qui nous protège des protecteurs ?

Sur le site, il est indiqué : que les agents sont agréés, formés et vérifiés. Mais qui vérifie les vérificateurs ? Qui garantit que celui qui vous suit jusqu’à votre porte n’est pas lui aussi un agresseur ? On le sait : Uber, Deliveroo, Airbnb ont tous connu des dérives où des hommes ont profité de leur position de confiance pour harceler ou agresser.
Confier sa sécurité à un inconnu, simplement parce qu’il porte un badge ou une certification, reste une prise de risque. Et le comble, c’est que cette peur, qui devrait être supprimée à la racine, est désormais institutionnalisée et tarifée.
 

La rue, un espace de domination masculine :

 
Ce que Safly révèle, au fond, c’est une vérité brutale : la rue appartient toujours aux hommes. Le jour, les femmes sont observées, commentées, sifflées. La nuit, elles disparaissent, ou alors elles s’achètent une escorte. L’application ne change rien à cet ordre : elle le renforce. Elle entérine l’idée que la liberté de circuler n’est pas un droit universel, mais un luxe féminin.
 

(l’application est également très relayée par l’extrême droite, autre raison de s’en méfier)
 

Pour conclure :

Safly n’est pas seulement l’histoire d’un homme opportuniste, c’est le miroir d’une société qui préfère rentabiliser la peur des femmes plutôt que d’éradiquer la violence masculine. Tant que les hommes ne prendront pas leurs responsabilités, en cessant d’être agresseurs, en éduquant leurs pairs, en transformant la culture sexiste qui gangrène nos rues, les femmes seront contraintes de payer pour survivre dans un espace qui leur appartient autant qu’à eux.
 

Bonus :

Le harcèlement de rue, un problème quotidien :
 

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