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Le calvaire de Jean Pormanove, streameur mort en plein direct

Par Maxime 20/08/2025

L'une des histoires les plus glauques d'Internet.

15 décembre 2024, Médiapart lançait déjà une première alerte. Sur la chaîne Jeanpormanove (le pseudonyme de Raphaël Graven, le streameur décédé) plusieurs vidéastes développent un véritable “business de l’humiliation”. Ils maltraitent des personnes vulnérables ou handicapées en échange de dons. La chaîne est suivie chaque soir, par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Plusieurs extraits circulant sur Twitter montrent par exemple que Jean Pormanove est régulièrement giflé et étranglé : les personnes présentes comptent combien de temps il est capable de tenir sans oxygène. Suite à cet article, Naruto (de son vrai prénom Owen) et Safine, deux des streameurs les plus virulents, sont entendus par la justice. Plusieurs chefs d’accusation graves sont reconnus. En attendant la fin de l’enquête, les prévenus sont relâchés.
Lundi 18 août 2025, Raphaël Graven est déclaré mort, juste après un de ces lives. Petit point sur cette affaire qui affole les réseaux sociaux mais qui, surtout, questionne notre humanité.
 

Ce que l’on sait :

Dimanche 17 août, en plein live, Naruto lance une bouteille d’eau sur Jean Pormanove pour le réveiller, pensant qu’il dort. Celui-ci ne bouge pas. Il le remue énergiquement puis se fige. Il se tourne vers la caméra et la coupe. Plusieurs heures après, Naruto poste un message Instagram expliquant que “JP nous a quittés”.
Remontons en 2023. À cette époque Jean Pormanove streame seul (un thread expliquant ses origines est disponible ICI). À 40 ans, il vit seul chez sa mère et a du mal à s’en sortir financièrement. Il finit par se faire remarquer de Naruto, qui lui propose de déménager et faire une chaîne commune avec d’autres streameurs. Il devient vite le bouc émissaire de la troupe et c’est une surenchère progressive de violence qui s’abat contre lui. Jean Pormanove est fragile mentalement, il n’a jamais vraiment eu d’ami ni de relation amoureuse. Il tombe sous emprise, d’autant que le contenu cartonne et qu’il gagne beaucoup d’argent d’un coup. Privé de sommeil, humilié, il pense souvent à arrêter. Il meurt en direct sans jamais avoir réussi à s’échapper de ce système.
 
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La plateforme Kick :

Devant le succès croissant du service de streaming Twitch, Kick se lance en 2022. Pour se démarquer, il mise sur une modération plus lâche et des parts de revenus plus élevées pour les streamers. Il est finalement devenu un refuge pour tous les streameurs bannis de Twitch, en particulier des influenceurs américains masculinistes. La plateforme est régulièrement visée par des polémiques mais les utilise pour en faire sa promotion. Cette affaire va-t-elle faire bouger les lignes ?
 
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Le masculinisme, encore en cause :

Malgré les vidéos accablantes montrant de la brutalité, du harcèlement psychologique voire même de l’emprise, plusieurs internautes, hommes, ont pris la défense des deux accusés. Dans certaines vidéos, ceux-ci prétendent en effet essayer de prendre soin de la santé de Jean Pormanove en lui faisant la morale sur le fait qu’il fume. D’autres internautes expliquent que grâce à leur contenu, qui n’était pas toujours violent, ils ont pu sortir de la dépression. Ou comment les relations para-sociales et le virilisme permettent de défendre l’indéfendable. Le plus effrayant reste probablement de savoir que nombre des viewers de cette chaîne sont mineurs.
 
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Pour conclure :

Une enquête est évidemment en cours pour déterminer la nature de la mort de Jean Pormanove. En fin de compte l’affaire questionne surtout notre rapport à la violence qui est devenue affreusement banale dans notre société.
 
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Un autre article sur les dessous de Twitch :

 
Plusieurs problèmes se cumulent dans cette affaire. Parmi ceux-ci l’entre-soi masculin des vidéastes :
 
Tweet liseré de jaune de @lizzybrynn disant "Une des promesses de YouTube était de "dépoussiérer la télé". En fin de compte, la plateforme a surtout permis la reproduction d'un entre-soi masculin, là où des formats populaires comme Koh-Lanta ou Fort Boyard se retrouvent aujourd'hui à faire bien mieux en terme de mixité"

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