890 millions de visites par mois en France, deuxième, juste après Google, dans le top des sites les plus visités, Youtube est incontournable de nos jours. Pour la nouvelle génération, cela remplace même déjà la télévision. Pourtant si l’audimat de Youtube en France est plutôt mixte – plus ou moins 50% selon les études – on ne compte que très peu de femmes sur le site (sur les 230 comptes les plus populaires, elles ne représentent que 18%).

 
Alors pourquoi y a-t-il si peu de femmes sur Youtube (et Twich) ?
 

Un pavé dans la mare

Pourquoi vous parle-t-on de ce sujet maintenant ? Parce qu’une « récente » vidéo de la Youtubeuse @lapeint (nous vous conseillons vraiment de la regarder, elle est disponible ICI) a fait quelque peu bouger les lignes. Intitulée « Chers YouTubeurs vous déconnez un peu là… », elle explique de manière factuelle et détaillée pourquoi les Youtubeurs devraient inclure plus souvent des femmes dans leurs contenus. Si la vidéo est sortie en février, ce n’est que dernièrement qu’elle a émergé par l’entremise d’une autre Youtubeuse @Louannemanshow. Sur le mode de l’humour, elle tacle le peu de mixité sur la plateforme. Inadmissible pour les misogynes qui ont clippé sa vidéo pour la critiquer sur Twitter.
 
1.

Un problème vieux comme Youtube

Natoo faisait déjà la même découverte…il y a 7 ans ! Elle faisait part de son constat amer de ne voir aucune Youtubeuse (hors beauté) percer, des critiques sur son succès que l’on attribue à son copain de l’époque (Kemar, un Youtubeur qui était alors plus connu) et du peu de femmes parmi les 100 plus gros Youtubeurs français. Des remarques qui s’appliquent toujours de nos jours. Dans les commentaires de cette vidéo, on peut d’ailleurs voir certains écrire cette année indiquant que rien n’a changé aujourd’hui. Plusieurs organisations tentent bien de casser ce cycle infernal mais difficilement : les Internettes, collectif bien connu de femmes qui accompagnait les créatrices de vidéos sur YouTube à gagner en notoriété a annoncé la dissolution de l’association et Furax sur Twitch, un événement caritatif féministe n’en est qu’à sa deuxième édition.
 
3.

Inhibition et critiques

« Les femmes n’ont qu’à se lancer dans ce cas ! » Eh bien Jean-Robin, cela t’aura sans doute échappé mais nous vivons dans une société patriarcale. En se mettant sur Youtube les femmes ont plus de chance d’être attaquées sur leur contenu, leur comportement et évidemment leur physique. On se rappelle dernièrement d’Ultia, une streameuse qui lors du ZEvent 2021 recadre gentiment un Youtubeur qui avait fait une blague sexiste. Elle reçoit des vagues de cyberharcèlement pendant plusieurs années et doit porter plainte. Une erreur de votre part vous condamne également à une déferlante de haine et de sexisme comme a pu le vivre la Youtubeuse Manon Lanza. Lors de sa participation au GP Explorer 2 organisé par Squeezie, elle est victime d’un accident et percute la voiture du streameur Maxime Biaggi. Incriminée comme responsable de l’accident, elle reçoit des milliers de messages haineux qui pointent particulièrement le fait qu’elle soit une femme. Contrairement à un mythe bien ancré la jeune génération n’est pas nécessairement plus progressiste que la précédente. Le Haut Conseil à l’égalité a d’ailleurs dressé un rapport « alarmant » indiquant que le sexisme « perdure » et ses « manifestations les plus violentes s’aggravent », notamment chez les « jeunes générations ».
 
5.

Entre couilles

Pour pouvoir progresser en termes d’abonné(e)s sur Youtube, un des concepts les plus utilisés est la collaboration. Vous invitez un autre Youtubeur sur votre chaîne. Cela vous fait non seulement du contenu pour deux vidéos (la sienne et la vôtre) mais en plus vous vous affiliez un nouveau public. Or les gros Youtubeurs ne collaborent que très rarement avec des Youtubeuses. Le plus décrié est Amixem qui ne compte aucune invitée femme en quatre ans. La première raison est qu’ils ne souhaitent collaborer qu’avec les gros comptes qui, comme on l’a déjà vu, comptent en grande majorité des hommes (c’est le serpent qui se mord la queue). La deuxième raison souvent évoquée est qu’ils collaborent avec leurs « amis ». Soulignant d’une part qu’ils n’ont pas d’amies femmes, ce qui est étrange, mais montrant surtout une certaine hypocrisie car les invitations concernent toutes sortes de personnalités qu’ils ne connaissent pas toujours forcément et d’autres avec lesquelles ils ne sont pas amis.
 
7.

Les solutions

Ce sujet n’est malheureusement porté que par les femmes. Le seul Youtubeur à avoir réagi et indiqué qu’il inviterait plus de femmes à l’avenir est… @TiboInShape, pourtant pas connu pour être le plus progressiste. Quid des autres ? À la télévision ou en politique un système de « discrimination positive » a été mis en place et les résultats sont clairement à la hausse. Mais sur Youtube, chaque chaîne est indépendante, c’est donc à ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses, à savoir les gros Youtubeurs hommes. Le problème du sexisme étant systémique, il est évident qu’ils ne peuvent pas tout résoudre à eux seuls. Mais tout ce qui leur est demandé est d’inviter plus souvent des femmes dans leur contenus. Ce qui veut dire comme l’a si bien souligné la Youtubeuse @Alea + (dans cette autre vidéo à voir absolument : ICI) qu’il faut créer un espace mixte, pour que les femmes se sentent à l’aise. Chers Youtubeurs vous déconnez un peu là…mais vous pouvez vous améliorer.
 

En bonus

Autre Youtubeur, autre sujet. Gravir l’Himalaya est-ce une si bonne idée que ça ?