Thread : le virage sécuritaire du plan pénitentiaire
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De nouvelles prisons d’inspiration nordiques ont vu le jour en France depuis le projet de 2018 qui faisait suite au plan pénitentiaire portée par la garde des Sceaux de l’époque. Sortir du tout béton et barreaux, penser réellement la réinsertion, accompagner vraiment les prisonniers durant leur incarcération… sur le papier c’était chouette. Mais en pratique, voici ce qu’il s’est passé 👇
Un thread de @clara_monnoyeur
1/ Vous avez entendu parler des nouvelles prisons inspirées des pays nordiques et axées sur la réinsertion ? Non ? C'est normal. Le ministère de la Justice a peu communiqué sur le sujet.
Je vous explique le projet, et surtout, son détournement ⬇️ https://t.co/5HYL0DyJ4Q
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
2/ Depuis 2018, de nouvelles prisons inspirées des pays nordiques ont été pensées dans le cadre du « plan pénitentiaire », porté par Nicole Belloubet, alors garde des Sceaux.
Le but ? Sortir du « tout carcéral », et tout mettre en œuvre pour une réinsertion réussie.
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
3/ Voilà pour la partie théorique. Pour la pratique, la situation a considérablement changé depuis la reprise en main du projet par Éric Dupond-Moretti et le nouveau directeur de l’administration pénitentiaire Laurent Ridel…
(Attention gros virage sécuritaire en approche)
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
4/ Depuis ce changement de direction, de nombreux acteurs sont en colère.
Architectes, surveillants, administrations ou juges : ils dénoncent le retour de logiques sécuritaires contraires au projet initial, et une mauvaise gestion.
Alors on a enquêté :https://t.co/5HYL0Dybfi
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
5/ Niveau architecture : la pénitentiaire a fait ajouter : des barreaux, barbelés, un sas d'entrée, renforcer les clôtures, des vidéosurveillance, des dispositifs de détection…
« La culture de la surveillance revient toujours », se désole un architectehttps://t.co/5HYL0Dybfi
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
« La demande d’ajout de barreaudage (les barreaux aux fenêtres) formulée récemment par vos services [constitue] ainsi une évolution notable par rapport à ces principes qui ont guidé l’élaboration des projets par l’Apij. »
6/ Dans un courrier d’août 2022, que StreetPress a pu consulter, la direction de l’Agence pour l’immobilier de la Justice (Apij) – en charge du projet – semble déconcertée par ce rétropédalage. Pour elle, cet ajout de barreaux « constitue une évolution majeure du programme » pic.twitter.com/vPkTHw6hQW
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
« Ce sont des coûts en plus avec de l’argent public qui ne sont pas utiles. Tous ces changements, je ne sais pas combien ça représente en millions d’euros…»
7/ Et puis l'ajout de tout ces dispositifs de sécurité, ça coûte cher. Surtout quand ils ne sont pas prévus au départ, et qu'il faut prévoir un allongement des travaux pour ajouter toutes les modifications… pic.twitter.com/ZCx3FklaZz
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
8/ Selon deux témoins, l’ajout de barreaux par exemple, coûterait environ un million d’euros par Sas.
Selon ces sources, le coût moyen pour la conception et la réalisation des plus grandes Sas tournerait autour des 26 ou 27 millions d’euros TTC. pic.twitter.com/ofjupZXnfy
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
9/ Et il n’y a pas que les changements d’architecture qui agacent.
À la « structure d'accompagnement vers la sortie » (Sas) de Montpellier, des personnels de surveillance dénoncent des erreurs dans la sélection des profils de détenus.https://t.co/5HYL0DyJ4Q
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10 / Selon le ministère de la Justice, les personnes qui doivent intégrer les Sas ne doivent avoir que deux ans de peine à tirer au maximum.
Mais à Montpellier, certains détenus ne resteraient que quelques mois. « Comment faire de bonnes prises en charge en si peu de temps ? » pic.twitter.com/NiLth4Lju2
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11/ À Marseille, où une Sas a ouvert début 2022, Morgan Donaz-Pernier, juge d’application des peines, constate que la structure a surtout servi d’hébergement pour compenser la capacité moindre de la nouvelle prison des Beaumettes. pic.twitter.com/1DJICxEMFH
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
12/ En théorie, il serait impossible de dépasser la capacité maximale de ces nouveaux établissements. Pourtant, sur le terrain, certains craignent cet avenir :
« Ce n’est pas un établissement fait pour subir la surpopulation, et ça ne doit pas devenir un sas de désengorgement »
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023
Pour lire l'article : « Nouvelles prisons : fini la réinsertion, bonjour le tout-sécuritaire » c'est en accès libre sur @streetpress ⬇️https://t.co/5HYL0DyJ4Q
— Clara Monnoyeur (@clara_monnoyeur) December 6, 2023