Une photo partagée par Bruno Retailleau fait polémique
Pour clôturer l'année 2024, le ministre de l'Intérieur a publié une photo lourde de sous-entendus. Décryptage.
Le 31 décembre 2024, Bruno Retailleau partage dans un tweet une photo de la préfecture de police où l’on voit deux agents de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention ou plus communément brigade anti-gangs) à côté d’une gargouille de Notre-Dame ; perchés sur l’édifice religieux, ils semblent surveiller la ville de Paris. Si cette gargouille est effectivement le logo de la BRI, il n’en reste pas moins que le choix de cette photographie par le ministre de l’Intérieur pour clôturer l’année 2024 est significatif. Cette photo annonce la couleur de la politique sécuritaire souhaitée par le gouvernement : surveillance et autoritarisme. Il l’a d’ailleurs depuis affiché en bannière de son compte Twitter.
Une petite analyse symbolique et historique de @ParreirRicardo
Cette photo partagée par le ministre de l'Intérieur est vraiment problématique.
Manque de neutralité, fanatisme religieux, et l'utilisation de la BRI pour en faire de la propagande sécuritaire doivent nous inquiéter.
À qui ce message est-il adressé ?
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— Ricardo Parreira (@ParreirRicardo) January 1, 2025
2 – Au XIIe siècle, l’architecture gothique apparait. Elle reflète non seulement la puissance économique de l’Église, mais aussi un objectif spirituel et social bien plus sombre : effrayer et impressionner la plèbe afin de les pousser vers une foi fervente et soumise. pic.twitter.com/JB3dO3muOE
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3 – Les églises gothiques, avec leurs flèches s’élevant vers le ciel, leurs vitraux colorés dépeignant des scènes bibliques dramatiques et leurs gargouilles menaçantes, étaient autant des lieux de culte que des instruments de contrôle psychologique. pic.twitter.com/iHqKNtp088
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4 – Parmi les éléments les plus frappants de ces édifices figuraient les chimères et gargouilles, des sculptures grotesques représentant des créatures hybrides mêlant traits humains, animaux et démons. pic.twitter.com/7Z4Hqvq9tW
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5 – Ces figures ne servaient pas seulement à détourner l’eau de pluie des murs de l’église : elles étaient aussi des symboles explicites du mal. Les chimères incarnaient les forces démoniaques censées menacer constamment l’âme humaine. pic.twitter.com/wPJkYEJaD5
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6 – Placées à l’extérieur des églises ; le monde extérieur était rempli de péchés et de damnation. Leur rôle psychologique était de rappeler aux croyants qu’ils vivaient dans un univers corrompu où seuls les sacrements de l’Église pouvaient offrir la protection divine. pic.twitter.com/x6OquLcDik
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7 – Ces figures monstrueuses, combinées à l’ombre, instauraient un climat de peur. Elles fonctionnaient comme une mise en garde : en entrant dans l’église, les fidèles devraient laisser derrière eux leurs péchés/pensées impures, symbolisées par ces créatures démoniaques. pic.twitter.com/JIRyNhrEKI
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8 – En exploitant l’angoisse existentielle des populations médiévales, déjà confrontées à des famines, des guerres et des épidémies, ces éléments architecturaux et artistiques amplifiaient la dépendance envers l’Église. pic.twitter.com/26hS3VWJK1
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9 – Ainsi, l’architecture gothique et les chimères étaient bien plus que des éléments décoratifs : ils étaient des outils de propagande religieuse et de manipulation émotionnelle, contribuant à modeler une société où la foi et la peur allaient de pair. pic.twitter.com/h8foz610Or
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10 – Bien évidemment, le ministre de l’Intérieur réfutera tout message subliminal dans cette photo, et cette dernière ne choquera certainement pas la bourgeoisie. Cependant, la question de la neutralité se pose, et elle est même incontournable. pic.twitter.com/CqbWbpTQwf
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11 – La BRI, placée derrière ces figures démoniaques religieuses, évoque la "Thin Blue Line", symbolisant la police comme dernier rempart contre le mal. Une guerre qui, selon le ministre de l’Intérieur, se présente ainsi sous un prisme quasi religieux. pic.twitter.com/9T9SSp5HpC
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11 – Lorsqu’on considère que la BRI, aussi appelée "brigade anti-gang", est mise en scène, on peut légitimement s’interroger sur le message subliminal véhiculé, surtout à la lumière des opinions réactionnaires de Retailleau sur la petite délinquance et le trafic de drogue. pic.twitter.com/N97sPf2T59
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12 – Religion, police, loi sur le séparatisme, durcissement des politiques qui stigmatisent la consommation de drogue et la petite délinquance : on peut se demander si tout cela ne vise pas spécifiquement les quartiers populaires et les personnes racisées.
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13 – En ce qui concerne les chimères de Notre-Dame, qui apparaissent sur la photo, il suffit de lire Wikipedia… Ne soyez pas choqué·e·s. Bien évidemment, ces personnes qui prétendent tant défendre la culture française oublient leur propre histoire ou ça les convient… pic.twitter.com/JYHcAers4k
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14 – Je suis bien conscient que cette chimère fait partie du logo de la BRI Paris. Pour toutes les personnes qui suivent mon travail, cela fait des années que je dénonce ce genre de dérives idéologiques au sein des forces de l'ordre. pic.twitter.com/Gcn00T7A5w
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15 – Ce genre de dérives constitue la base même de la construction de l'État policier, qui repose sur la croyance que la police, en tant que force de répression, peut créer une société apaisée. Par le passé, les historiens ont désigné ce type de régimes sous le nom de fascismes. pic.twitter.com/oeeAyGa4Hp
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16 – Bien évidemment, ces expressions graphiques — photos, écussons, patchs, drapeaux, tatouages — mises en avant par des policiers corroborent le fait que ces idéologies fascisantes gagnent du terrain au sein de l'institution policière. La TBL en fait partie… pic.twitter.com/tbXsBE8593
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