Un singe peut-il écrire toute l’œuvre de Shakespeare ?
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Prenez un singe. Disons un chimpanzé. Et qu’on appellerait Marcel. Mettez le devant un ordinateur et demandez-lui d’écrire les pièces de William Shakespeare. Au mieux Marcel va vous regarder dans les yeux avec un petit air d’incompréhension. Au pire il va s’énerver sur la machine la jetant contre le mur. Mais comme il s’agit d’une métaphore, jouons le jeu. S’il tape indéfiniment des lettres au hasard, arrive un moment, certes très très très très long où, une œuvre se forme voire plusieurs voire toutes les pièces de William Shakespeare. C’est presque sûr. Peut-on calculer de manière mathématique en combien de temps ? Eh bien oui, on le peut. Qu’est-ce qu’on se marre quand même quand on est mathématicien.
Un singe peut-il écrire toute l’œuvre de Shakespeare ?
Un thread de @astropierre
6/n
Ce nombre, 10¹⁰⁰ est absolument monstrueux.
C'est plus que le nombre de particules élémentaires dans tout l'univers observable !On lui a même donné un nom : gogol.
La mort thermique de l'univers pourrait donc arriver dans environ un gogol d'années. pic.twitter.com/QVIcrnxSbT
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
7/n
On suppose qu'un chimpanzé, ou que toute la population actuelle de chimpanzés (200 000 individus estimés dans ce papier) tape 1 lettre par seconde toute sa vie.
Voici les résultats :
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
8/n
La probabilité pour qu'un chimpanzé seul finisse par taper le mot "banana" dans toute sa vie est de 5%.
Cette probabilité est quasiment de 1 si on implique toute la population actuelle de chimpanzés.
Prenons maintenant une phrase complète…
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
9/n
La probabilité pour qu'un chimpanzé seul finisse par taper la phrase "I chimp, therefore I am" ("Je singe donc je suis") dans toute sa vie est de 1 chance sur 10 millions de milliards de milliards (!!!)
Ramenée à 2 chance sur 100 milliards de milliards pour 200 000 singes.
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
10/n
Si on considère maintenant une population de singes de 200 000 individus CONSTANTE JUSQU'A LA MORT THERMIQUE DE L'UNIVERS (soit 6,4 x 10¹⁰³ singes au total), alors la probabilité de voit apparaître la phase "I chimp, therefore I am" est proche de 1
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
11/n
Par contre, dès qu'on passe à quelque chose de plus long, le texte "Curious George" de Margret Rey et H. A. Rey, par exemple (~1800 mots), même tous les singes existant jusqu'à la mort thermique de l'univers n'auraient aucune chance de l'écrire.
(1 chance sur 10¹⁵⁰⁴³)
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
12/n
Ne parlons pas, alors, de l'intégrale de Shakespeare, dont la probabilité d'occurrence est abyssalement faible :
1 chance sur 10⁷⁴⁴⁸²⁵⁴ !!!!!
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
13/n
Tout ça pour dire que le paradoxe du singe écrivain ne fonctionne que si le temps qu'on lui donne est infini.
A partir du moment où il est fini (même inconcevablement grand), il n'est physiquement possible de retrouver que des chaînes de caractères assez courtes. pic.twitter.com/zv3sOrIdjo
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024
14/14
L'article : "A numerical evaluation of the Finite Monkeys Theorem" de Stephen Woodcock et Jay Falletta peut être lu ici : https://t.co/Rv9yAFQUSF
— Astropierre (@astropierre) November 4, 2024