Un job d’été en supermarché : une certaine idée de l’enfer
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C’été l’été, et de nombreux étudiants ont besoin de travailler pour préparer leur année universitaire. Si cela semble facile d’accès, un job d’été en supermarché : une certaine idée de l’enfer.
Alors que les étudiants et étudiantes ont de plus en plus de difficultés financières pour subvenir à leurs besoins durant l’année, ils et elles sont nombreux et nombreuses à chercher du travail au moins pendant l’été, pour assurer un peu leurs arrières. Si l’idée de travailler en supermarché peut séduire parce que (semble-t-il) plus facile d’accès que certains jobs où on demande de l’expérience, la réalité sur le terrain fait vite déchanter. Comme dans de nombreuses entreprises, les étudiants en contrat précaire sont peu considérés, et effectuent les tâches que les salariés à l’année n’ont pas envie de faire. On leur en demande toujours plus, on les considère toujours moins. La génération Z est très critiquée quant à sa position vis à vis du travail, mais vu comme les jeunes sont aujourd’hui traités en entreprise, on peut les comprendre. Une salariée de grande surface s’est plainte sur Twitter que de nombreux jeunes en jobs d’été ont lâché leur contrat prématurément. Cela n’a pas manqué de faire réagir les twittos et twittas, qui ont pu partager leurs expériences de jobs étudiants, à l’instar de Mouillette, dont voici le thread. Un job d’été en supermarché : une certaine idée de l’enfer.
Un thread de Mouillette
C'est marrant, j'ai bossé 3 ans pendant mes études dans une supermarché pour les week-ends et les vacances. Les gens qui y sont en CDI n'iront jamais se vanter de ce qu'ils font subir à des petits jeunes qu'ils savent ici pour quelques semaines seulement. https://t.co/jL5pqVlCAT
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
1) Prenons l'exemple de la caisse.
J'y ai bossé qu'un été mais j'ai passé 2 mois à boucher le planning. Les gens en poste échangeaient mes horaires avec les leurs la veille pour le lendemain.— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
J'ai eu des écarts de caisse, mon père a insisté pour que je vienne avec mon cadenas et non celui fourni par le magasin pour enfermer ma caisse quand je partais en pause : plus jamais eu un écart. Bizarre ?
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
2) Le rayon traiteur que j'ai géré seule le dimanche pendant 3 ans.
J'avais régulièrement des mots des "collègues en CDI" pour que je fasse le lavage intégral des meubles et des étiquettes car "elles n'avaient pas le temps la semaine".— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Plusieurs fois j'ai retrouvé les poubelles dans l'évier parce que la personne de la semaine n'avait pas eu le temps (ou l'envie ?) de sortir un sac poubelle la veille au soir pour les mettre dedans.
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Systématiquement je devais déballer des nouveaux produits et commencer leur traçabilité dans le cahier dédié. Visiblement dès le vendredi midi on n'entame plus rien et on laisse ça "aux petits jeunes pas motivés du week-end".
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Puis on m'a demandé le dimanche de retirer les produits périmés des rayons frais (crémerie, boulangerie, boucherie, poissonnerie, charcuterie) en plus de la mise en place et la préparation de mon rayon. J'avais 1h15 de préparation seule contre 2h30 en semaine à 2/3.
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Un 24 décembre j'étais en duo avec la responsable du rayon. Elle est arrivée à 10h au lieu de 6h car elle était "fatiguée". Le responsable a dit qu'elle avait bien raison de profiter de la présence de la petite jeune du dimanche. 🤓
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Le dimanche on me demandait de ne pas utiliser les 30 minutes de pause appliquées aux mineurs. J'avais le droit à 15 et si j'y allais en retard parce que la préparation avait mis trop de temps : je devais prendre moins de 15 minutes.
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
3) La polyvalence
Comme j'ai touché à pas mal de rayons pendant les 3 ans, on m'a carrément embauchée pendant des vacances pour la mise au rayon.
En réalité c'était mise en rayon + vente en poissonnerie + vente au rayon traiteur (charcuterie + fromage). EN MÊME TEMPS— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Le point de non retour est arrivé quand ils m'ont demandée le dimanche de casser la glace du le la poissonnerie et de nettoyer le rayon. (J'étais embauchée en charcuterie/fromagerie rappelons le). J'ai refusé et c'est là que le harcèlement moral a commencé.
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
4) On arrive au dernier point : le harcèlement.
Quand tu commences à dire non, on va te le faire payer. On va te rajouter des tâches, on va descendre ce que tu fais et on va passer ses nerfs sur toi.
J'ai donné ma démission en main propre à la pire qui a tenté de me dissuader.— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Quand j'ai posé ma démission le responsable (qui était aussi celui de ma mère) m'a convoquée pour me dire qu'il savait que j'avais besoin d'argent pour mes études et a demandé comment j'allais financer mes études avec le salaire de ma mère si je partais vraiment 🤡
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Je parlerai pas du harcèlement sexuel. Mes seins et mes fesses ayant été commentés par des hommes qui avait 45 ans quand j'en avais 16. Je me suis retrouvée avec une écrevisse dans le soutien gorge et une autre fois coincée dans la réserve.
— Mouillette (@mouilleette) July 25, 2024
Comme on est dans le thème étudiant, on vous conseille de jeter un coup d’œil du côté des jeunes :