Thread : qui est vraiment Élisabeth Borne ?
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Jean Castex a remis sa démission et comme nous vous l’annoncions hier, c’est Élisabeth Borne qui va prendre sa place. Une femme Première Ministre, ça a de la gueule ? Pas vraiment à vrai dire, quand on retrace son historique dans le monde politique.
Un thread de @malopedia
Mais qui est Elisabeth Borne ? Petit résumé de son bilan jusqu'ici. ⤵️
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Avant l’ère Macron, elle a été pendant un an n°2 du cabinet de Ségolène Royal, où, en duo avec Alexis Kohler, elle a accordé aux SCA, les sociétés qui opèrent les autoroutes, un allongement conséquent des concessions.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Sans rentrer dans les détails techniques, ça signifie plus d’impôts, plus tard : 11,8 milliards de cadeau aux SCA, selon la Cour des comptes.https://t.co/MgzNS3EnAL
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Plus tôt dans sa vie, elle a été conseillère technique de Jospin et Lang, c’est pour ça qu’on va vous rabâcher qu'elle est de gauche. Pourtant, son bilan aux responsabilités, c’est à dire aux endroits où elle n’est plus preneuse mais donneuse d’ordres, dit tout le contraire.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
En 2017, à l’arrivée de Macron, elle est nommée ministre des transports. Là, elle va conduire en 2018 la réforme de la SNCF, qui a notamment modifié la structure et donc le droit applicable à la SNCF, ouvert le rail à la concurrence et supprimé le statut des cheminots.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Les prix et pratiques de la SNCF, les contrôleurs inhumains (parlez-leur, ils le déplorent eux même), tout découle de cette loi. Plus de 400km de lignes vont être supprimés. Pas vraiment un hasard : elle préfère l’avion, même pour les petits trajets. https://t.co/b0qiGDz1yi
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Aux transports, elle conduit également la loi “orientation et mobilités”. Pendant les débats, elle repousse la taxation du kérosène, mais contre la promesse que ce sera porté au niveau européen. Aujourd’hui ? On l'attend encore.https://t.co/tyQGUdNT3p
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Mais si, vous en avez entendu parler de cette loi, c'est elle qui était présentée au Parlement avec une étude d'impact dont la rédaction avait été sous-traitée à un cabinet de conseil privé.https://t.co/E27gavIEAt
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Cette loi, c'est aussi le refus d’accorder un statut protecteur aux travailleurs ubérisés des plateformes. C’est con, on aurait pu gagner 2 ans et demi, plutôt que d’attendre que la justice vienne mettre fin aux faux-semblants des politiques.https://t.co/sDciToZDIP
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ensuite, Borne remplace de Rugy à l’écologie (victime d'une triste allergie aux crustacés, RIP). Vous détestez les clowneries de Djebbari, ministre des transports ? C’est sous la tutelle de Borne qu’il est entré au gouvernement.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Restée moins d’un an, son bilan à l’écologie tient sur un timbre poste. Elle y a porté le recul de 2 ans de la date de sortie du glyphosate, de 2020 (promesse de Macron en 2017) à la fin du quinquennat. Aujourd’hui, le glyphosate pourrait être réautorisé d’ici la fin de l’année.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Elle a aussi repris et terminé les travaux de la loi énergie-climat, qui a notamment reculé de dix ans les objectifs de la France dans le renouvelable, pour pas trop grignoter la part du nucléaire.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Attention, il ne faut pas la confondre la loi énergie-climat avec la loi climat-résilience de deux ans plus tard… ce qui déjà en dit beaucoup sur l’efficacité de la première loi.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Cette seconde loi, climat-résilience, n'a pas été supervisée par Borne mais par la ministre suivante, Pompili. Cette seconde loi est celle qui fait suite à la Convention Citoyenne sur le Climat, qui, elle, s'est tenue lorsque Borne était encore à l'écologie.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Une semaine avant de quitter l'écologie, Borne assurait d'ailleurs que 146 des 149 mesures proposées par la Convention Citoyenne sur le Climat seraient reprises sans filtre.https://t.co/pwvL0k8skp
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Résultat ? Selon Reporterre, 15 propositions reprises totalement, 55 de manières édulcorées, le reste ignoré. Le Monde est moins dur, 18 reprises totalement, 78 de manière édulcorée.
–https://t.co/7kXdLTzX8b
– https://t.co/njM3OGkvmK.— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ne vous leurrez pas sur le “édulcoré”, ça veut pas forcément dire à moitié hein. Un exemple : la demande de créer un crime d’écocide est devenu un délit, et les acteurs estiment largement qu’il sera impossible de condamner qui que ce soit vu sa définition.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Dernier point à l'écologie : comme d'autres sur d'autres sujets (Bruno Le Maire, grand spécialiste), elle a demandé aux entreprises de bien vouloir être gentilles avec le climat. C’est quand même dommage de pas utiliser son pouvoir de législateur mais bon.https://t.co/mpEWIaTs7y
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ensuite, à l’arrivée de Castex, elle est transférée au ministère du Travail. Là, je vais commencer par ce qu’elle n’y a pas fait.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Tout d’abord, ce qui marque, c’est la volonté de ne pas imposer durablement le télétravail (il l’a été épisodiquement), laissant aux patrons la liberté d’imposer aux salariés le risque d’être contaminés : l’économie avant la santé.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
A l’inverse, elle a même permis aux employeurs d’imposer la date de six jours de congés payés. Au boulot !
Lisez l'article, elle a aussi envisagé de permettre d'augmenter le nombre de renouvellements de CDD.https://t.co/RrLhiTnLix— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Au cas où vous douteriez toujours : fermer les écoles n’était pas pour elle une question sanitaire. Non pour elle, il ne fallait pas, parce que les écoles gardent les enfants et « la priorité, c'est que les parents puissent continuer à travailler ».https://t.co/ZE039FISOy
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ensuite, autre truc qu’elle n’a pas fait : revaloriser le SMIC, que ce soit en 2020 (https://t.co/rfpVDfEByp) ou en 2021 (https://t.co/wqR282S4KC)
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
(En dehors des revalorisations automatiques dues à l’évolution des prix, bien entendu, qu’elle n’a en revanche pas hésité à instrumentaliser, comme ici)https://t.co/fPr08QcOd4
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Elle s’est aussi opposée à toute forme de filet pour les jeunes (RSA jeunes, minimum jeunesse, etcaetera) quand les frigos étaient vides et les files devant les soupes populaires pleines d’étudiants, en estimant que c’était pas la bonne solution, qu’il fallait qu’ils bossent.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ca n’a pas empêché des membres de LREM de reproposer la même chose juste après l’avoir suivie, Laurent Saint-Martin lors des régionales en Ile de France, par exemple. Mais bon, ça n'a jamais été la logique qui les étouffe.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ce qu’elle n’a pas fait non plus heureusement, c’est la réforme des retraites. Par contre, ça va venir. Par contre aussi, sachez que ça fait 2 ans qu’on paie Laurent Pietraszewki, secrétaire d’Etat aux retraites, et son cab à rien glander. Borne était sa ministre de tutelle btw.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Enfin, ce qu’elle a fait : la réforme de l’assurance-chômage.
Motif : selon elle, « dans certains cas, vous pouvez gagner plus en étant au chômage qu’en travaillant » (itw au Parisien). Un odieux mensonge :https://t.co/HOSLYE337m— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Pendant toute la réforme, elle a menti, estimant que « la réforme ne réduit pas les droits des allocataires ». On se demande alors comment il est possible que l’Unedic estime que la réforme permettra 1,9 milliard d’économies en 2022.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Parlons un peu de son sérieux de technocrate et de ses bonnes relations avec les partenaires sociaux qu’on nous vend à toutes les sauces :
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Dans cet article, Médiapart raconte qu’en janvier, elle est alertée par les syndicats et l’Unedic d’effets de bord de la réforme sur les congés maternité et maladie. Pourtant, en mars, le décret sort, non corrigé de ces effets de bord. Sérieux ! https://t.co/fVusr0v5J3
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Du coup, avant que le mal ne soit fait, les effets de bord en question sont révélés publiquement. Réponse, ses équipes vont corriger ça, mais « c’est dommage que les syndicats l’aient signalé tardivement ». C'est vrai qu'elles ont l'air bonnes les relations avec les partenaires.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Cette réforme, qui pénalise surtout les parcours fractionnés, devait s'accompagner d'un bonus-malus pour pénaliser les entreprises qui font trop appel à des contrats courts. Aujourd'hui, tout est en vigueur, sauf ça…
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
De cette réforme, il y aurait énormément à dire, des mensonges dans les évaluations, des évaluations réelles, de son parcours bordélique, lisez le dossier mediapart pour ça.https://t.co/Tj34o37Cla
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
On aura une mesure des impacts réels d'ici quelques mois, espérons qu'ils seront moins pires que ce que laissent présager les évaluations qu'on a eu jusqu'ici…
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
J’oublie sans doute des choses, mais on arrive sur la fin. Un dernier aspect qu’il faut mentionner, c’est que ça a l’air d’être une patronne détestable. Un portrait du monde disait d’elle qu’elle était surnommée « burn-out » lorsqu’elle bossait à la RATP.https://t.co/6jFmIjacqR
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Ca s’est muté en Borne Out au gouv. Son cab serait celui où il y aurait le + gros turn over à force d’épuiser les conseillers. Pas étonnant quand, en + d’être apparemment odieuse, on ne respecte pas le droit du travail et le droit à la déconnexion. pic.twitter.com/aAzROEbScP
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Alors bon, c’est assez terrible. La situation macroéconomique et internationale est pourrie, on est probablement à la veille d’une récession, et comme d’hab, quand c’est la merde, on met une femme pour gérer les dégâts. Et pire, comme trop souvent, une Thatcher.
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022
Et si ça se passe mal, comme c’est probable, on le mettra sur le compte de son genre, et la cause des femmes en politique en reprendra pour 30 ans dans la gueule…https://t.co/g5AjuEQ48m
— François Malaussena (@malopedia) May 16, 2022