Thread : pourquoi les PandoraPapers ne nous choquent-ils pas plus que ça ?
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Hier, l’affaire des PandoraPapers éclatait suite à la publication de l’enquête d’un consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). « Près de 12 millions de documents, provenant des centres offshore les plus opaques de la planète, ont été transmis par une source anonyme à un consortium de 150 médias internationaux, parmi lesquels Radio France et « Cash Investigation » en France. » précisent les journalistes du quotidien Le Monde qui ont collaboré à l’enquête. Ces documents mettent en avant le recours aux paradis fiscaux et la création de sociétés offshores de 35 chefs d’État, 130 milliardaires et des milliers d’autres hauts responsables publics, stars, criminels etc. Cette affaire met encore une fois en lumière la gravité de la fraude fiscale, estimée dans cette enquête à 11.300 milliards de dollars (près de 10 fois le PIB de la France pour indication). Le scandale des PandoraPapers comme ceux des PanamaPapers ou ParadisePapers devraient être au cœur de notre débat public. Mais les médias préfèrent relayer les propos ignominieux d’Éric Zemmour ou diffuser des polémiques sur l’immigration. Pourquoi ?
Un thread de @salomesaque
Pourquoi les #PandoraPapers ne nous intéressent pas.
LuxLeaks, PanamaPapers, ParadisePapers et maintenant, PandoraPapers ! Beaucoup ne verront même pas la différence entre ces affaires, tant les scandales concernant les paradis fiscaux semblent se répéter à l'infini.
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Ces dossiers ne sont pas très spectaculaires. Ils ne susciteront jamais la même émotion que la vidéo d'un délinquant qui tabasse à mort une passante pour lui voler son sac.
Pourtant, le niveau de criminalité, de préméditation, et d'impunité est bien plus élevé.(2/11)
— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Ce braquage est organisé, systémique, et réalisé à une échelle si vertigineuse qu'on peine à comprendre ce que veulent dire ces chiffres. Un milliard d'€ détourné, ça ne veut rien dire pour moi. Je n'ai jamais possédé un milliard, ni un million, ni même 10 000 €.
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Mais à l'échelle des États qui perdent des dizaines de milliards chaque année à cause de ces montages financiers, ça veut dire des milliers d'hôpitaux, d'écoles, de policiers en moins. Ça veut dire plus de misère sociale et d'insécurité.https://t.co/H38Thu3rWu
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Seulement c'est loin d'être le cœur de cette affaire.
Grâce à ces centres offshore, les chefs d’États et milliardaires échappent aux taxes donc, mais aussi… aux juges et aux lois ! Vive le blanchiment d'argent !
Et s'il faut blanchir cet argent, c'est car il est sale.
5/11— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
En tolérant l'existence de ces paradis fiscaux, on protège l'activité des pires trafiquants (de drogues, d'armes, d'organes), mafieux et meurtriers en tout genre (clients de ces "paradis").
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
On permet à des chefs d’État censés faire les lois de piétiner leurs propres juridictions, de piétiner la démocratie et les droits humains.
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Cette opacité tue. Elle tue les victimes des mafias, elle tue ceux qui n'auront pas pu être soignés à temps faute d'un système de santé efficace. Elle assassine toutes les victimes collatérales de systèmes sociaux défaillants.
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— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Il faut mettre des mots sur les maux : ces gens, aussi hautes soient leurs responsabilités politiques ou entrepreneuriales sont des criminels. Ce n'est pas une figure de style.
Or, ça tombe bien, la criminalité semble être LE sujet de la campagne présidentielle en France.(9/11)
— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
Cela devrait donc logiquement faire l'objet des questions des journalistes à tous les candidats, puisque ce sont eux qui veulent et peuvent lutter contre la criminalité.
Ce système n'est pas une fatalité, c'est un choix politique que font les leaders du monde entier.(10/11)
— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021
C'est à nous, journalistes et citoyens, d'en faire un sujet incontournable.
À nous de relayer sans relâche ces enquêtes édifiantes.
À nous de refuser d'assister au sinistre défilé de ces scandales qui finissent systématiquement aux oubliettes du débat public.(11/11)
— Salomé Saqué (@salomesaque) October 3, 2021