Thread : Nos ancêtres mouraient-il vraiment à 30 ans ?
Un thread signé @Fabiensapiens.
Clarifions certaines sentences erronées :
« De toute façon, avant, on mourait à 30 ans… »
Si vous avez déjà entendu ou pensé ça, ce thread est pour vous.A quel âge mouraient vraiment nos ancêtres ? Disons ceux d'avant la révolution industrielle ?
Spoiler : rarement à 30 ans.
⬇️⬇️⬇️ pic.twitter.com/bc3Mjybh4Z— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
En fait, 30 ans, c’est un âge auquel nos ancêtres Homo sapiens mouraient probablement assez peu, quelle que soit l’époque considérée, du paléolithique jusqu’au 18ème siècle. Mais c’est effectivement aussi (en gros) leur espérance de vie.
— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
Parce qu’il faut distinguer deux choses : l’espérance de vie et la longévité. L’espérance de vie, c’est l’âge moyen au décès. La longévité, c’est l’âge auquel on meurt parce que notre génétique nous l’impose.
— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
Dans les sociétés préindustrielles, le moment le plus difficile de l’existence, c’est tout de suite après la naissance : en gros, un tiers des enfants n’atteint pas 5 ans. Évidemment, ça fait baisser la moyenne, l’espérance de vie.
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Cette mortalité infantile est d’ailleurs assez proche de celle des chimpanzés. Sauf que dans les années qui suivent, contrairement à eux, les chasseurs-cueilleurs se mettent à mourir beaucoup moins. On meurt encore à tous les âges, certes… pic.twitter.com/pPxTdHk7lE
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…Mais quand même : à 50 ans, on a encore 40% de survivants, alors que les chimpanzés sont pratiquement à zéro. Et à 70 ans, on compte encore parfois plus de 20% de survivants.
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C’est d’ailleurs autour de cet âge, 70 ans, que l’on retrouve un pic de mortalité. Chez les chasseurs-cueilleurs comme dans les autres sociétés préindustrielles, cet âge représente clairement le moment où l’on faiblit physiquement. pic.twitter.com/0h2p1wU60f
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Malgré tout, on a encore quelques survivants jusque vers les 90 ans. Il semble qu’on retrouve un profil similaire durant l’antiquité : pour les philosophes grecs dont on sait l’âge au décès, on en a un certain nombre dans les 70-90 ans.
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On retrouve encore le même profil au 17ème siècle dans une étude de l’INED, qui souligne par ailleurs les biais inhérents à certaines méthodes d’évaluation des âges au décès. pic.twitter.com/7WqELdkFjI
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En moyenne, avec tout ça, on meurt vers 30 ou 35 ans, parfois moins selon les époques, mais dans les grandes lignes, les profils de mortalité sont assez proches dans toutes les sociétés, hors catastrophes. La longévité, elle, est toujours de plus de 70 ans.
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Alors, quelles sont les vraies différences aujourd’hui ?
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Ce qui a changé depuis le 18ème siècle, c’est d’abord la mortalité infantile, qui passe progressivement de plus de 30% à moins de 1%. Ensuite, la mortalité à l’âge adulte est très faible : les sociétés industrielles sont de plus en plus protectrices de ce point de vue.
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Pour finir, le pic de mortalité des personnes âgées se décale progressivement, mais surtout depuis une cinquantaine d’années. Vers les 85, voire 90 ans aujourd’hui.
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Le résultat est que l’espérance de vie a beaucoup progressé. De 30-35 ans à 80-85 ans. En revanche, le pic de mortalité aux grands âges ne s’est décalé que d’une quinzaine d’années. La longévité a relativement moins évolué.
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C'est encore plus net dans l’évolution du record absolu de longévité qui n’a progressé que de 5 ans environ en 50 ans, si on exclut le cas atypique et désormais possiblement douteux de Jeanne Calment. pic.twitter.com/CUd3OnOjGi
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En réalité, on ne vieillit probablement pas tellement moins vite aujourd’hui qu’au paléolithique ou au moyen-âge : on est surtout beaucoup mieux protégés à tous les âges de la vie. Des maladies, des morts violentes…
— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
Mais on n’a jamais été vieux à 30 ans, en tout cas pas pour notre espèce, Homo sapiens.
C’est moins évident pour les espèces précédentes, Erectus, Habilis, dont la longévité était probablement plus faible, sans qu'il soit facile de préciser de combien.— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
Vous pouvez retrouver les sources scientifiques des illustrations ici : https://t.co/sEzs6D0nS3— Fabien Abraini (@Fabiensapiens) January 25, 2019
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