Thread : mon stage d’infirmière en prison
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La prison n’est pas un endroit qui fait particulièrement rêver. Lorsqu’on fait un stage d’infirmière, ce n’est en tout cas sûrement pas le premier choix de nombreuses postulantes. Pourtant, cela peut être extrêmement formateur et utile pour la société. Entre les documents obligatoires pour pouvoir faire le stage, les sécurités avant de pouvoir entrer au sein même de la prison et les détenus eux-mêmes, c’est un autre monde que l’on découvre.
(P.S : pour la compréhension du thread, l’IFSI est l’Institut de formation en soins infirmiers et le SSR les Soins de suite et de réadaptation)
Un thread de @desclementines
[THREAD STAGE INFIRMIER PRISON]
J’ai fait mon stage en Prison (hôpital pénitentiaire) en 3ème année pendant 5 semaines.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Je n’ai pas trouvé ce stage, l’IFSI qui me l’a proposé. Et j’ai été sélectionné. Pour pouvoir y accéder il faut fournir plusieurs documents (CNI, casier judiciaire…).
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Alors personnellement j’étais dans le service de SSR (mais il y avait aussi un service de diabeto et medecine). Voici les types de soins que j’avais : Majoritairement des pansements dut à des blessures par balles, ou des rééducations suite à des « bagarres », des escarres…
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Premier jour : on nous explique les consignes de sécurité. On nous fournit un badge. On nous répartie dans les différents services. Puis l’après midi on a une visite de l’hôpital + de la prison !
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Question sécurité.
Tout d’abord l’accès à la prison. Il faut prévoir d’arriver au moins 20min à l’avance. On possede un badge (où notre photo est enregistré dessus). On le bip et un agent pénitencier vérifie que ça nous correspond. Puis il nous ouvre.— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
On donne ensuite notre pièce d’identité contre une clé, qui servira à ouvrir un casier pour que l’on y dépose nos téléphone, ordi…. Donc pas de téléphone, ni contact avec l’extérieur pendant au moins 7h.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Ensuite on passe sous un portique comme dans les aéroports et il y a une machine pour analyser ce qu’il y a dans nos sacs. Toujours comme dans les aéroports. Donc pas de ciseau évidemment.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Après ça il y a 3/4 portes a passé (on doit attendre que l’agent penitencier nous ouvre). Et on est enfin dans l’intérieur de l’hôpital pénitencier. À ce moment là, on doit échanger notre badge, donc qui nous identifie, contre des clés (qui ouvre les cellules/chambres, le poste..
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
⚠️Surtout ne pas perdre son badge (lol j’ai faillis le perdre au moins 6 fois mais les surveillants gradés était gentil des que je l’avais pas tellement j’avais l’aire paniqué donc ils comprenaient et vaut mieux prévenir tout de suite qu’ils le désactivent plutôt que de rien dire
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Il faut bien retenir le numéro sur le badge. Et après on repasse encore 4/5 portes pour arrivé jusqu’au vestiaire, puis jusqu’au service. Donc avec tout ça, ça prend au moins 15/20min.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Ensuite dans le service. Chaque cellule/chambre est fermé à clé. Avec des portes blindé évidemment. Le premier jour on nous apprend des consignes de sécurité. Mettre son pied derrière la porte pour ouvrir. Ne surtout pas oublié de mettre la présence.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Les endroits où il y a un bouton si on est en danger. (Par exemple je me suis déjà retrouver enfermé dans une cellule mdr).
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Tout doit passer par l’agent pénitencier. C’est lui qui gère les rdv (que l’on ne doit pas dévoiler au détenu/patient), il gère aussi l’accès au douche, les promenades…
dans l’hôpital pénitencier le service est mixe.— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Mais les femmes, mineur et détenu qualifié dangereux sont sous clé que l’on appelle « CD » soit une clé + sécurisé que seul les penitencier possède. Donc pour leur faire des soins, on doit les appeler. Quand une porte est ouverte, toutes les autres doivent être fermé.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Les portes sont loooourde. Je me suis pris une porte sur la main j’ai eu un hématome pendant 1 semaine.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Le contact avec les patients :
Au début de mon stage je me disais « non je veux pas savoir ce qu’ils ont fait sinon ça va avoir un impact sur ma prise en charge ».— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Puis, lors de mon premier jour j’ai demandé, pour instaurer une relation avec le patient « est ce que vous avez des enfants ? » et lorsqu’il m’a répondu « je les ai tué » je me suis dit que j’aurais mieux fait de fermé ma gueule et de savoir ce qu’il avait fait.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Même si on ne souhaite pas savoir. On finit toujours par l’apprendre. Et dans certain cas, pour la prise en charge, c’est mieux. A la fin de mon stage je savais ce que les 40 patients avaient fait. Pedophile, terroriste, meurtre, trafic, Viol…
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Je pensais que cela impacterais ma prise en charge de savoir. Mais enfaite pas du tout. Ils sont jugé et en prison ! Ils sont déjà punis pour ce qu’ils ont fait. Je préférais les considère comme des patients comme si il n’avait rien fait du tout.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Plutôt que de me laisser submerger par l’émotion (exemple un pedophile multi récidiviste ou quand j’ai appris que j’ai jouer au foot avec un terroriste pdt sa séance kine). Après j’ai aussi été interdite de rentré dans des chambres/cellules.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Un patient, jugé pour Nazisme et pedophilie qui me faisait des avances en me disant que j’avais de la chance d’être blonde. Ou ceux violent. Ceux qui me donnait leur numéro alors que les téléphones sont interdit.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
J’ai été confronté à des scènes de violence (il a peter son hublot alors que c’est du triple vitrages 😂😂). Pour bosser en prison il ne faut pas avoir peur, et il faut être assez « ferme » si je peux dire ça comme ça.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Les soins sont « basique » mais c’est toute la prise en charge ce qui l’entoure qui est super intéressant ! Et comme les soins sont assez « basique » on a bien le temps de prendre son temps, de comprendre, d’appliquer et d’être à l’aise.
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Est ce que vous voulez des anecdotes qui me sont arrivées là bas ? Du style quand je suis restée bloqué dans la cellule avec un détenu ?
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
La suite, la suite, la suite !
Et vu que vous avez mentalement voté oui vous aussi pour avoir d’autres anecdotes sur le quotidien d’une stagiaire infirmière en prison, votre vœu a été exaucé (P.S. : les IDE ce sont les Infirmier(e)s Diplômé(e) d’État).
[ANECDOTE STAGE PRISON]
1. Je distribuais les médicaments normal avec l’IDE. Je rentre dans une cellule/chambre. Je parle avec le patient. Et là il me dit « vous allez passer la journée avec moi »
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Moi j’étais « euh bah non pourquoi vous dites ça ? ».
Il me répond « on vient de vous enfermez »— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
J’ai paniquer d’un coup. Heureusement que c’était pas un détenu violent, et je savais qu’il avait pas fait un truc « trop grave ». Je lui demande « mais du coup je fais comment ? »
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Il me sort « même si vous citez on vous entendra pas. Si vous voulez je vous aide. On toque sur le hublot en espérant que qqln entende les vibrations. Et sinon vous écrivez sur un papier et vous les glissez sous la porte »
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Du coup c’est ce que j’ai fait, et au bout de 5min on m’a ouvert. Heureusement il était sympa sinon je sais pas comment j’aurais fait 😅
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
L’IDE elle se sentait trop coupable après 😂😂
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
2. Je parlais tranquillement à un patient/détenu (un peu plus âgé que moi). Il me sort « vous savez j’ai pas fait un truc très grave ». Donc il m’explique ce qu’il a fait et il me sort « si vous voulez on se revoit à ma sortie, je suis libérée dans 6 mois ».
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
Et il me donne son numéro. J’etais « euh ça va aller. Mais vous êtes pas censé ne pas avoir de téléphone ? ». Il s’est mis à genoux en me suppliant de rien dire sinon il allait pas pouvoir sortir tout de suite
— chat noir (@desclementines) May 2, 2020
3. Je fais mon tour des constantes comme tous les matins. Je rentre dans une cellule. Je le demande comment ça va en même temps que je lui met le brassard. Et là il commence à s’énerver (en rapport avec la sortie de balkany).
— chat noir (@desclementines) May 3, 2020
Du style : « moi aussi, je pourrais sortir sur probleme de santé, c’est injuste bla-bla-bla » donc comme il s’énervait tout seul contre sa TV et balkany. Sa tension était élevé. J’en fais part au médecin en expliquant la situation.
— chat noir (@desclementines) May 3, 2020
Et là le medecin me dit « en même temps si il avait pas violé 13 gamines peut être qu’il aurait effectivement pu sortir comme balkany »
— chat noir (@desclementines) May 3, 2020
J’étais comme ça : pic.twitter.com/ioOVdqU8MV
— chat noir (@desclementines) May 3, 2020
Mon problème étant que j’oubliais souvent qu’ils étaient en prison et qu’ils avaient pas fait des trucs forcément très gentil 😅
— chat noir (@desclementines) May 3, 2020