J'aimerais parler de qqchose d'un peu spécial, concernant les maltraitances infantiles et les relations parent-enfant dysfonctionnelles.

Pourquoi, quand je fais un thread sur ces sujets, je précise que mes DMs sont ouverts aux personnes touchées, si elles veulent parler ?

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

(Précision avant tout : toutes les personnes qui ont elles-mêmes vécu des maltraitances et qui en parlent publiquement ne sont pas pour autant disponible pour recevoir les histoires ou les demandes des autres. Et c'est normal. Moi, je le suis, et c'est important pour moi.)

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Avoir grandi avec un/des parents maltraitants ou toxiques, c'est se développer dans un environnement particulièrement dangereux ;
Tout le monde sait que, quand quelqu'un veut nous blesser ou nous manipuler, il va appuyer là où ça fait mal, se servir de nos failles.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Eh bien, pour faire une image, dans le cas d'un enfant, non seulement ses parents vont savoir sur quel bouton appuyer pour le manipuler, mais surtout : ils créent eux même ces boutons. L'enfant, dans le huis clos familial, est littéralement programmé pour rester une victime.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

C'est pourquoi, chez les enfants maltraités, on retrouve souvent des croyances très ancrées telles que :
– je ne suis pas normal•e
– je ne mérite pas qu'on m'aime
– ma parole/mon ressenti n'ont aucune valeur
– c'est moi qui dysfonctionne, qui exagère, qui suis trop sensible

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Pendant des années, l'enfant se développe là dedans, sans avoir conscience que ce n'est pas normal, que ce n'est pas ça l'amour, ni qu'il est maltraité. Sans pouvoir remettre en cause ces croyances terribles, alors que c'est tout bêtement du poison qu'on a instillé en lui.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

C'est souvent plus tard dans la vie (parfois ado, souvent adulte), en se confrontant aux autres famille, en ayant des amis, en ayant ses propres relations + saines, hors de la famille, qu'il réalise que quelque chose est différent dans sa famille, son histoire, à lui.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Dit comme ça, ça a l'air facile.
Parfois ça l'est. Parfois c'est brutal, comme moi qui ai fondu en larmes, sidérée, à 15 ans, en déjeunant chez mon petit ami, au milieu de sa famille si complice et aimante, qui m'a questionné avec intérêt et affection sur ma vie et mes goûts.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Et ça, ce n'était qu'un petit pas dans la réalisation. Il a fallu encore presque dix ans et autant de petits pas douloureux et bouleversants, pour prendre la pleine mesure de mon histoire. J'ai été entourée, j'ai eu de vrais amis. Ça m'a permis de réaliser, de me libérer.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Mais certains passent leur vie sans comprendre. Sans réaliser. Parfois ils n'en ont pas la chance, ils ne sont pas entourés. Parfois ça prend plusieurs décennies pour à peine entrouvrir les yeux. Parfois c'est juste trop dur.

Je vous le dis, je me considère comme chanceuse.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Quant les relations qui nous ont façonné, celles sur lesquelles nous nous sommes construits entièrement, depuis bébé, sont empoisonnées : il y a forcément un stade, où, pour espérer se délivrer, on a besoin d'un autre regard sur nous pour confronter notre ressenti.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Ça peut être un ami. Ça peut être un thérapeute (dans ce cas, encore faut il avoir entrouvert les yeux, et aussi réussir à échapper à la diabolisation de la psychothérapie qui existe dans bcp de familles toxiques, justement pour décourager les membres de se libérer.)

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Quoi qu'il en soit, réussir à commencer à comprendre, à ne serait-ce que se poser la question, c'est déjà un chemin difficile.
Réussir à exprimer ces questionnements, ces doutes, ces ressentis : ça l'est encore plus. Et c'est pourtant tellement nécessaire.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Je sais le pouvoir que peut avoir un seul regard, un seul mot, quand on est une victime.
Et je sais aussi à quel point les maltraitances infantiles sont mal comprises, à quel point c'est un sujet sensible, et disons-le, tabou.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Il est très difficile de se sentir en sécurité pour en parler. Parce qu'au delà de nos croyances, on sait que notre vécu est difficile à comprendre. Car ces maltraitances, ce ne sont pas forcément juste des actes manifestement violents et choquants. C'est souvent bcp + insidieux.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Ça pourrait surprendre, le fait que beaucoup de victimes de maltraitances infantiles ont des souvenirs moins traumatisant de coups qu'elles ont reçus, que de gestes d'amour qu'elles n'ont pas reçus.
Être traumatisé par quelque chose qui n'a pas existé. Comment l'expliquer ?

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Je sais qu'en prenant la parole, en partageant mon vécu, ma sensibilité, je peux inspirer un peu de sécurité et de compréhension pour celleux qui auraient envie d'en parler.
Et sachant tout ce qui peut se jouer dans un regard, face à tout ça : C'est important pour moi.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Je ne suis pas psy, je ne suis pas juriste. Ce n'est pas ce genre de connaissances que je peux apporter. C'est du partage de vécu. C'est juste : en parler. Mais, juste en parler, en qq messages, avec un•e inconnu anonyme, c'est parfois déjà un pas décisif.

Merci d'avoir lu.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 9, 2023

Important : comme je l'ai dit je ne suis ni psy ni juriste ni professionnelle de l'enfance. J'ouvre seulement ma porte aux victimes elles-mêmes, qui voudraient des conseils de ressources sur les violences, ou exprimer leur vécu à qqn qui le partage. /

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 10, 2023

Je ne peux pas vous aider si vous suspectez qu'un enfant subissent des violences, ou sur des procédures. Ce n'est pas dans mes moyens.

Dans ces cas-là je ne peux que vous conseiller de consulter un juriste, un psy spécialisé dans les violences infantiles, ou d'appeler le 119.

— Sam🥄& le Loup (@Spoonie_Ville) January 10, 2023