Thread : Les enfants volés de la Réunion
0
Un thread signé @ChildOfSeshat.
De 1962 à 1984, plusieurs milliers d’enfants réunionnais ont été déportés en métropole pour repeupler les départements victimes de l’exode rural :
Thread // La generation volée de La Reunion : Les enfants de la Creuse pic.twitter.com/zzNA9C7Zbx
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
On est en 1962. L’île est dans une situation socio-économique très tendue. La Réunion est considérée comme une île du tiers monde et les réunionnais vivent dans des conditions de précarité extrêmes.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Ils habitent dans des cazes en tôle, la Réunion est en pleine explosion démographique, les revenus sont très faibles voir inexistant. pic.twitter.com/JTG5Va2fvu
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Pendant ce temps, la France est au beau milieu des trente glorieuses et les campagnes se vident. pic.twitter.com/56KQw5oV9N
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Michel Debré (alors député de la Réunion) a une idée, avec l’aide du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre mer (Le Bumidom), il lance un plan massif de repeuplement des campagnes métropolitaines. pic.twitter.com/NCSf3gwq0M
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
On leurs faisait miroiter une bonne situation pour leurs enfants, qu’ils iraient à l’école, qu’ils deviendraient médecins ou avocats, en bref que leurs vie seraient meilleure mais surtout, que les enfants reviendraient tous les ans. pic.twitter.com/JFVoLSCYPw
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
D’autres fois, les parents confiaient leurs enfants pour quelques mois à la D.A.S.S, le temps de se rétablir de maladies ou d’économiser un peu d’argent et à leurs retour, les enfants avaient disparus. pic.twitter.com/wgXCrIdRgI
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Après ça, on amenait les enfants dans une pouponnière de St Denis de la Réunion, là bas ils pouvaient rester des années avant qu’ils ne soient considérés comme « adoptables ». Ils pouvait être très jeunes (2/3 ans) comme un peu plus vieux (15/16 ans) pic.twitter.com/CQbKeukS0X
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
On les mettait dans l’avion en direction d’Orly et là bas il y avait un tri. Les enfants étaient placés dans des groupes vers le Tarn, le Gers, les Pyrénées-Orientales, La Lozère et la Creuse. pic.twitter.com/vxAOXFXK02
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
C’est ici que le cauchemar commence réellement.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Arrivés en Métropole les enfants sont déclarés pupilles de l’État alors même que la majorité avaient encore des parents à La Réunion. pic.twitter.com/ACATyXzgRI
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Les enfants envoyés en Creuse étaient transférés au foyer de Guéret, selon les témoignages ils y avaient tellement de matelas par terre qu’il était difficile de passer.
Les enfants sont directement couper de leurs cultures et n’ont plus le droit de parler créole pic.twitter.com/QGYw3eRKlc— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Et il y a de nouveau un tri : certaines filles sont envoyées chez les religieuses, les garçons les plus costauds sont envoyé dans les familles d’accueil et les autres peuvent continuer « l’école » (une professeur de l’époque a avouer qu’ils faisaient plus du gardiennage) pic.twitter.com/AJNCzIY0hP
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
[TW esclavage, torture, viol]
Je vous partage trois témoignages qui seront beaucoup plus parlants que tous les mots que je pourrais employer pour décrire leurs maux.— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
[Tw viol] pic.twitter.com/7PpTTo5qPM
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
[Tw esclavage] pic.twitter.com/8Ex15H8Xdf
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
[Tw torture]
Celui là est vraiment très très dur, d’ailleurs je vous invite à regarder le témoignage en entier (le lien sera dans les sources plus bas) pic.twitter.com/xSByi4Q450— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
On estime que 15 à 20% des réunionnais exportés ont été victimes de violences.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Déjà à l’époque des voix se lèvent pour dénoncer cette injustice dans le journal Témoignages et même jusqu’en France métropolitaine dans Libération. pic.twitter.com/VY9psDhQl7
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Traduction de « mi ça va pas – mi ça va pas » au cas où y’en a qui ont pas compris : « J’y vais pas ! J’y vais pas ! »
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Les personnes qui osaient s’indigner de la situation étaient renvoyés à l’image du défunt Alix Hoair (je savais pas trop où mais fallait que je me mette ce grand monsieur quelque part) pic.twitter.com/YQMGPIsMQs
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Il a été viré après avoir demandé plusieurs fois à ce que les enfants puissent rentrer en vacances sur leurs île.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Aujourd’hui on sait que sur le bureau de Michel Debré il y avait des piles de dossiers qui démontraient que le programme était un échec.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Debré ou la définition même du négationnisme. Voici sa réponse à une lettre de Pierre Denoix (Directeur régional de la santé à l’époque) qui condamne la « déportation » des réunionnais
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
« […] L’envoi des pupilles est une action marginale. Elle n’est pas moins forte utile pour des enfants dont l’avenir dans cette île est incertain. Et a donné au cours de ces dernières années les meilleurs résultats. »
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Le programme de déportation est arrêté en 1984 sous Mitterand, on estime que pendant ces 22 années 2150 enfants ont été ramenés dans les campagnes métropolitaines (ce chiffre est revu à la hausse très souvent).
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Que deviennent les ex mineure de la Creuse aujourd’hui ? pic.twitter.com/vSnVaNQ8AL
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Oh et for the culture : on dit « enfants de la Creuse » pour parler de tous les deportés même ceux qui étaient pas en Creuse. C’est parce que le premier réunionnais qui a porté plainte (Jean Jacques Martial) été en Creuse
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
En 2002, un réunionnais Jean-Jacques Martial porte plainte contre l’Etat pour séquestration, maltraitance et déportation.
(Achetez son livre.) pic.twitter.com/YRWoJHESlQ— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Le 18 février 2014, grâce à Ericka Bareigts l’assemblée national reconnaît la responsabilité morale de la France. pic.twitter.com/llQ8xUmtHO
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Le 18 Février 2016, une commission d’information et de recherche sur les enfants de la Creuse est ouverte. Le but est de mettre en lumière les détails de l’histoire.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
En 2019 et après deux ans d’enquête, la commission « d’un point de vu judiciaire » n’a pas pu « trouver d’éléments probatoires de rafles, de déportation, de vol d’enfants ». 🤡
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
[Tw suicide, hp]
Beaucoup d’ex mineure de la Creuse (déjà a l’époque) se sont suicidés suite au traumatisme, énormément d’entres eux sont en hôpital psychiatrique et d’autres se sont retrouvés à la Rue.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
Nb : Les mineures de la Creuse avaient énormément de troubles (les adolescents par exemple faisaient encore pipi au lit)
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
En 2013, une statue à la mémoire des enfants de la Creuse est érigé devant l’aéroport Roland Garros. On y voit une petite fille qui tiens une valise en étant tournée vers la mer. Selon Valérie Andanson (porte parole des enfants déracinés d’outre-mer) « ça signifie le départ » pic.twitter.com/517FEvIfAh
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020
À l’heure où je vous parle beaucoup d’ex mineure de la Creuse n’ont toujours pas retrouvé leurs familles.
— Binvenue chez les Bisounoirs ✨ (@ChildOfSeshat) June 18, 2020