Thread : le jour où la Joconde a été volée
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Si cette année, nous avons eu droit à la Joconde entartée, il fût un temps où elle avait carrément disparu !
Un thread de @palais_au
Je lisais les poèmes d’Apollinaire cités par @Laelia_Ve Et notamment celui-ci.
MAIS QUE FAISAIT APOLLINAIRE EN PRISON ET QUI ÉTAIT SON AVOCAT ?
(thread. Tu peux me muter) https://t.co/pP5XXzEQlz
— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
Le matin du 22 août 1911, un peintre copiste, venu s’inspirer du tableau, constate la disparition de la Joconde au Louvre.
Le tableau n’est plus accroché à son mur !
Après avoir cru d’abord à un canular, il faut se rendre à l’évidence, le tableau a été volé ! pic.twitter.com/jNl39pyOMm
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Le chef de la Sûreté parisienne octave Hamard, le préfet Lepine et une soixantaine d’inspecteurs sont appelés sur place. pic.twitter.com/bLtenWcnSY
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Dans l’escalier menant à la cour Visconti, la police retrouve le cadre Renaissance italienne et la vitre du tableau.
Mais pas Mona pic.twitter.com/BSpflOmvP0
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Entre 7 h 25 et 8 h 25, des témoins – d’eux maçons – disent avoir vu un homme de dos, portant une blouse blanche et un canotier.
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On fait appel au célèbre Alphonse Bertillon, le père du labo de police d’identification et notre créateur de l'anthropométrie judiciaire
Celui-ci trouve une empreinte de pouce sur la vitre.
On va alors relever celles des 257 employés du Louvre pour comparer.
Aucune concordance pic.twitter.com/R0B9PWQK9g
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Le juge d'instruction chargé de l'affaire s’appelle Joseph-Marie Drioux.
La presse va le surnommer le «marri de la Joconde»
Les jeux de mots fusent dans les titres :
«Veni, Vidi, mais plus de Vinci !» pic.twitter.com/woqQeoxdcp— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
Le Directeur du Louvre Homolle doit démissionner.
«Comment trouvez-vous la surveillance du Louvre ? Oh ! Molle » s’amuse la Presse.
Il faut dire que l’enquête révéle une surveillance particulière : les gardiens font la sieste sur les banquettes ou urinent dans les coins pic.twitter.com/PClT4EX1B2
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En attendant, le préfet Lépine rassure la presse déchaînée :
«cette enquête est l’affaire de 2-3jours»Mais après 2000 fausses pistes en 28 mois, l’enquête patauge. pic.twitter.com/GBiSPtSYOV
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Fin août, les Amis du Louvre offrent 25000F à qui permettra de retrouver le tableau intact.
Le journal L’Illustration renchérit à 40000F.Il recevra bien sûr des centaines de lettres de dénonciation et le juge Drioux tout autant.
Il n’y avait pas encore d’appli smartphone pic.twitter.com/PL3X8CQDco
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Le juge d’instruction soupçonne même… Guillaume Apollinaire et Picasso ! pic.twitter.com/4AuUgFecJ0
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Apollinaire a eu en 1910, un sieur Géry Pieret comme secrétaire particulier et domestique.
Or, faux baron et escroc, ce dernier, en 1907, a volé des statuettes phéniciennes au Louvre.
Il en a revendu une à Apollinaire, une autre à son meilleur ami Picasso pour 50F pic.twitter.com/Z60y9ApJw2
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Picasso s’inspirera de la sienne pour ses « Demoiselles d’Avignon » en indiquant avoir ignoré son origine frauduleuse. pic.twitter.com/WKSkNwujHM
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Quant ils apprennent dans les journaux que Pieret est entendu dans l’affaire du vol de la Joconde, Apollinaire et Picasso vont chercher à se débarrasser des statuettes et vont même songer à fuir à l’étranger.
ON PEUT DONC ÊTRE INNOCENTS ET AVOIR DES RÉFLEXES DE COUPABLE.
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Le 7 septembre, l’inspecteur principal Robert et le brigadier Coste, se présentent au domicile d’Apollinaire.
Son logement est perquisitionné et ce dernier est interpellé, interrogé une partie de la nuit par le juge puis placé sous mandat de dépôt pour complicité de vol pic.twitter.com/bVr8yvxywJ
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La date est erronée : 7 septembre 1910 au lieu de 1911. Le greffier a commis une erreur 😱
Nullité ?
Les interrogations sur la procédure ici:https://t.co/XfVRIrZKWS
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Le PV de police sur la perquisition décrit «des livres partout, des manuscrits éparpillés »
Et une jeune femme « très mince qui pleure ».
Il s’agit de la peintre Marie Laurencin, qui vit avec Apollinaire une passion dévorante.
[interlude musical : l’été indien de Joe Dassin] pic.twitter.com/1a6sbwXOC7— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
Apollinaire est détenu à la prison de la Santé.
Il y écrit plusieurs poèmes « à la santé » et un écrit « mes prisons »
Il envoie un télégramme pour désigner ses avocats José Théry et Arthur Fraysse. pic.twitter.com/xlq5EoHYTv
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En se couchant, il découvre sur le fer écaillé du montant du lit carcéral, à hauteur de sa tête, cette inscription : “Dédé de Ménilmontant pour meurtre”. pic.twitter.com/Yj5vetLm3c
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Au bout de plusieurs jours de détention qu’il décrira comme épouvantables, le 12 septembre, il est extrait pour être interrogé par le juge d’instruction de nouveau et confronté avec l’autre mis en cause Picasso.
Détails de l’interrogatoire ⤵️https://t.co/QTFLgplaOl pic.twitter.com/Sqzbs5qcDt
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Le juge demandera à Picasso s’il connaît Apollinaire devant lui menotté.
Picasso racontera plus tard :
«Alors, une peur terrible m’a possédé et, sans savoir ce que je disais, j’ai répondu que je n’avais jamais vu cet homme-là. La tête de Guillaume a changé»Fin de leur amitié.
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On peut donc être innocent et mentir sur des évidences à un juge d’instruction même en s’appelant Picasso
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Apollinaire est remis en « liberté provisoire » à l’issue de cet interrogatoire du 12 septembre, soit après 5 jours de détention.
Le non lieu ne sera prononcé à son encore que le 19 janvier 1912 pic.twitter.com/DLqa9cL2Kn
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Mais qui était coupable du vol en réalité ?
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En février 1912, la Joconde n’est toujours pas retrouvée.
Le «Portrait de Baldassare Castiglione », de Raphaël est accroché à sa place sur le mur pour la remplacer.
Nouveau scandale : c’est un barbu
MANSPREIDING MÊME ENTRE TABLEAUX ! pic.twitter.com/4abGKOnAzT
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29 Novembre 1913 :
Un marchand d’art florentin, Alfredo Geri reçoit une lettre signée d’un M. Léonardi au sujet d’ «un tableau susceptible de vous intéresser » souhaitant « restituer à l’Italie, contre 500 000 francs, une œuvre volée par Napoléon : « La Joconde » pic.twitter.com/GTWGIHrhbU
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Le marchand lui fixe rendez-vous le 10 décembre 1913
Il se présente avec M.Poggi, directeur du musée des Offices.
Constatant l'authenticité du tableau, ils alertent la police.
L’hôtel est cerné par les carabiniers
qui arrêtent Ledit Leonardi et récupèrent Mona saine et sauve— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
Le voleur s’appelle en réalité Vincenzo Peruggia.
Il est peintre et miroitier, employé dans une société travaillant pour le Louvre, d’où il a démissionné en juillet 1911. pic.twitter.com/6JAqidgAZa
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Scandale a cette découverte :
Peruggia a été entendu par l’inspecteur Brunet, en novembre 1911, puisqu’il figurait sur la liste des employés.
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Le policier le convoquera pour donner ses empreintes au service de Bertillon.
Sans succès.
Brunet rédigera 1rapport.
Mais son chef Hamard, antidreyfusard, rejette les méthodes de Bertillon, dreyfusard et ne donne pas suite.
Les époques changent, les incompétents restent.
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Peruggia ne sera pas extradé mais juge en Italie.
Son procès a lieu le 4 juin 1914.
Ses avocats plaident le patriotisme et les experts concluent à sa « neurasthénie consécutive à sa simplicité d’esprit »
Il est condamné à une peine de prison d'1an et demi, réduite à sept mois
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Mona reviendra au Louvre le 31 décembre 1913 après une tournée triomphante en Italie. pic.twitter.com/rb9y5xt6pS
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Et le pauvre Apollinaire publiera ses poèmes carcéraux « à la santé » dans « alcools » et le récit de ses aventures judiciaires dans parisMatch de l’époque.
« Avant d’entrer dans ma cellule
Il a fallu me mettre nu
Et quelle voix sinistre ulule
Guillaume qu’es-tu devenu »— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
« Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Tournons tournons tournons toujours
Le ciel est bleu comme une chaîne
Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène »— AuPalais (@palais_au) November 10, 2018
Sources :https://t.co/gg2IEbPQk2https://t.co/QTFLgplaOlhttps://t.co/uQfFcCNvodhttps://t.co/aLi7yNIepnhttps://t.co/AuCjNrbog4
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