Thread : le genre des jouets dans la construction sociale
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Comme cadeaux de Noël, votre neveu a eu une voiture télécommandée, votre nièce une tête à coiffer et ça n’a choqué personne parce que « c’est comme ça depuis toujours » ? Détrompez-vous, les jouets des enfants n’ont jamais été aussi genrés. Eugénie Bastié s’en prend à nouveau au principe de construction sociale du genre, mais utilise (à nouveau) des arguments qui ne tiennent pas debout.
Voici la vidéo du scandale :
À l'approche de Noël, revient ces dernières années une polémique sur les jouets genrés pour les enfants. @EugenieBastie nous explique le caractère contre-productif de cette déconstruction et analyse la nécessité pour les enfants d'identifier la distinction des sexes. pic.twitter.com/LdqpJFgh9m
— Le Figaro (@Le_Figaro) December 20, 2022
Un thread de @Sophie_Gourion
Thread au sujet du genre et des jouets pour rebondir sur les propos d'Eugénie Bastié dans cette vidéo. Un point sur lequel nous sommes d'accord (un seul je précise) : les jouets sont bien plus genrés que dans les années 70 ⤵️ https://t.co/sI4liV1vZs
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Pourtant la raison n'est pas liée comme elle l'évoque à "une décompensation" causée par une soi-disant propagande féministe. Les véritables raisons sont bien plus rationnelles : dans le catalogue Sears de 1975, seuls 2 % des jouets étaient classés selon le genre de
l'enfant.— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Mais dans les années 1980, la balance a commencé à pencher dans l'autre sens, avec
l’arrivée de l’échographie. Les futurs parents découvraient le sexe de leur bébé et se précipitaient ensuite pour acheter tout le matériel nécessaire en "version fille" ou "version garçon".— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
L'autre raison est purement capitaliste : en créant des jouets genrés, on double les intentions d'achat. Pas question pa ex que le petit frère récupère le vélo rose de sa sœur.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Par ailleurs, contrairement à ce qu'affirme Eugénie Bastié, l'idée n'est pas d'interdire aux filles les poupées et aux garçons les voitures mais au contraire d'ouvrir le champ des possibles et de les laisser jouer avec ce qu'ils veulent. Terrible comme totalitarisme hein ?
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Un garçon a ainsi 3 fois +de chance de jouer à la poupée s’il a des sœurs. Et une fille2 fois + de chance de jouer aux petites voitures si elle a des frères.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Au-delà des différences biologiques avancées par Eugénie Bastié, il y a surtout la volonté des enfants de se conformer à la norme sociale qu'ils intègrent très vite.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
En crèche, les garçons jouent avec des jeux de "garçons" quand ils sont observés par un adulte, et quand ils pensent qu'ils ne le sont pas, ils ont des jeux beaucoup plus variés. Le masculin se construit encore beaucoup dans le rejet du féminin.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Pour les petits garçons, le féminin est «contagieux», alors que ce n’est pas le cas pour le masculin auprès des filles. Alors qu’on encourage les filles à être tout ce qu’elles veulent astronaute ou médecin on décourage les garçons d’avoir des intérêts considérés comme féminins.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Une étude a démontré que si 77% des personnes interrogées se disent favorables à encourager les filles à s’approprier les activités dites «de garçon», elles ne sont que 64% à estimer qu’il est bon de faire l’inverse.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Aujourd'hui, seuls 17% des métiers sont mixtes et on ne peut nier l'importance des stéréotypes dans les choix d'orientation encore aujourd'hui extrêmement genrés.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Les jouets font partie des problème: comment s'imaginer scientifique quand le jeu du petit chimiste version fille est de fabriquer des rouges à lèvres ? pic.twitter.com/FFduEYYZoW
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Enfin au sujet de la phrase "Le privé est politique et il faut laisser les enfants en dehors de tout ça" une image vaut mieux que 1000 mots. pic.twitter.com/uAZbyC6Ttu
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Je pourrais disserter de la question pendant des heures mais le format de Twitter ne s'y prête pas forcément. Je conclurai avec les mots de @lucilepeytavin qui estime que si nos enfants étaient
élevés sans différences, on économiserait près de 100 milliards d’euros par an.— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
"On pourrait investir dans des politiques publiques de façon très importante. Et aussi dans le quotidien des citoyens et citoyennes, il y aurait une différence"
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
'Les taux de criminalité et délinquance baisserait drastiquement et donc on vivrait tous plus sécurité, on aurait moins peur de marcher seul.e dans la rue, se faire voler son sac ou laisser ses enfants jouer dehors'
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
PS : puisque E.Bastié fait la promo de son livre, il n'y a pas de raison pour que je ne fasse pas de même. Mon album "Les filles et les garçons peuvent le faire aussi", destiné aux 3-6 ans est disponible dans toutes les bonnes librairies pour Noël ! (et le reste de l'année !) pic.twitter.com/tTx0ZppBwg
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Ah oui et si vous préférez m'entendre plutôt que me lire, je dis peu ou prou la même chose dans cette émission sur France Bleu dans laquelle j'ai été interviewée : https://t.co/FbHnPyvLZP
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Vous noterez que j'ai volontairement esquivé la question des différences physiologiques H/F. Concernant les études, je peux vous en trouver 20 qui expliquent qu'il n'y a rien d'inné dans les goûts des enfants mais ça n'empêchera pas certain.e.s de croire le contraire. A quoi bon
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Je pense qu' il y a des différences physiologiques entre F et H pour autant ça n'est pas ça qui justifie les centres d'intérêt. Le fait que le cerveau des femmes soit +petit est un fait, pour autant il a longtemps servi de prétexte pour affirmer que les F étaient – intelligentes.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Je ne pense pas que les goûts et les dégoûts (pour paraphraser Bourdieu) soient "naturels" mais plutôt fonction de leur environnement culturel et social.
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
Imaginons que, comme E. Bastié l'affirme, les goûts des F et des H soient liées à la biologie. Pour autant, pourquoi ne pas ouvrir le champ des possibles en disant que F et G, indépendamment de leur différences physiologiques, ont le droit de jouer à la poupée ou aux voitures ?
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
En quoi est-ce une idéologie dangereuse ?
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
D'après cette logique, le goût des femmes pour soigner, éduquer, assister serait inné. "A partir du moment où on attribue ces compétences à des qualités naturelles, on retire leurs spécificités professionnelles" comme l'explique Séverine Lemiere ici https://t.co/QBGtlmtEif
— Sophie Gourion (@Sophie_Gourion) December 22, 2022
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