Thread : l’argent n’a pas d’odeur
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Vous vous en doutez, les toilettes n’ont pas toujours été ce qu’elles sont aujourd’hui en Occident (closes et à usage individuel). Vous vous demandez maintenant le rapport entre cette introduction et le titre de l’article ? Vous allez bien vite le comprendre. Âmes sensibles, ne mangez pas en même temps que vous lisez ce thread !
Un thread de @SireGoupil
L’argent n’a pas d’odeur ! Une expression qui nous vient de la Rome Antique et qui concerne… l’urine. Dans ce thread, nous allons nous pencher sur l’origine de cet adage et étudier la question des toilettes publiques dans la Ville 👇🚾 pic.twitter.com/kWPGlXo0tN
— Pierre Le Goupil 🦊 (@SireGoupil) February 25, 2023
L’anecdote est connue et racontée par Suétone. L’empereur Vespasien souhaite imposer une taxe sur l’urine. Son fils, Titus, lui fait remarquer que ce n’est pas super propre. « Pecunia non olet », lui répond-t-il alors.
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Ce qui est moins connu, c’est le contexte qui entoure cette histoire, donc la gestion de l’hygiène à Rome. C’est ce qui nous intéresse aujourd’hui.
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Vous l’aurez compris, on va parler de pipi. Ne fuyez pas, rien d’immature là-dedans ! J’espère même que vous pourrez apprendre des trucs intéressants. Et promis, je vais faire court.
— Pierre Le Goupil 🦊 (@SireGoupil) February 25, 2023
Dans un précédent thread, j’avais brossé le portrait de la Rome du Haut-Empire, un capharnaüm permanent où il ne faisait pas bon vivre. J’avais rapidement évoqué la question des toilettes publiques. https://t.co/vlYEzLAmIY
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Les Romains n’avaient pas la même notion que nous de l’intimité. Des latrines ouvertes étaient disséminées un peu partout dans la Ville. On s’asseyait sur de larges bancs pour faire sa petite affaire, aux côtés des autres usagers. pic.twitter.com/GQVMFTUyzu
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Il s’agit d’un lieu social très important. On s’y donne rendez-vous et on parle affaires. Ça peut vraiment étonner aujourd’hui, mais on fait du biz en faisant popo et c’est tout à fait normal.
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Pour s’essuyer, on utilise un xylospongium, une éponge attachée à un bâton qui passe de fesses en fesses et qu’on nettoie via la rigole d’eau au milieu des latrines. pic.twitter.com/9MNz02swVj
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Les latrines publiques sont très fréquentées, tout simplement car la majorité des Romains n’a pas de toilettes privées. On les repère de loin tellement l’odeur est pestilentielle et c’est toujours bondé. pic.twitter.com/BEBnOcTSKO
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Les déchets sont évacués par un système d’égouts. Les égouts arrivent très tôt dans l’histoire de Rome, puisque c’est le roi Tarquin l’Ancien qui fait construire la Cloaca Maxima dès le VIe siècle avant JC. Le réseau est évidemment amélioré au fil du temps. pic.twitter.com/Zz5e2uCCW6
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Aller aux latrines, ça prend du temps et c’est plutôt réservé pour la grosse commission. Pour la petite, une autre solution existe, idéale si on est préssé ou si les toilettes sont bondées.
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Dans les rues de la Ville sont disséminées des grandes jarres. Elles sont placées partout, à chaque croisement. Il s’agit de l’équivalent antique de nos pissotières. Une envie pressante vous prend ? On évacue tout ça dans l’amphore et on repart la vessie légère. pic.twitter.com/44p6cnyRcn
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Bien évidemment, elles ne sont pas reliées aux égouts. L’urine accumulée n’est pas jetée quand les amphores sont pleines, pas du tout ! pic.twitter.com/8dPSmKDATq
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En réalité, ces jarres sont récoltées par les tanneurs, les teinturiers et les blanchisseurs, qui l’utilisent dans leur industrie. Ils sont situés dans le quartier du Trastevere, un peu à l’écart du centre (logique, vu l’odeur que ça dégage). pic.twitter.com/nU75vQ3V4Y
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Tous les jours, des ouvriers et des esclaves viennent récupérer le liquide abondant et gratuit. Une aubaine !
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L’empereur Vespasien (69-79) décide alors de taxer la collecte d’urine afin de renflouer les caisses. Un nouvel impôt qui laisse un peu perplexe son fils, Titus (qui devient empereur en 79), qui ne comprend pas comment on peut s’enrichir sur du pipi. pic.twitter.com/FC5sdwVgB4
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Selon Suétone, Vespasien lui aurait collé sous le nez l’argent récolté grâce à la taxe en s’exclamant : « mais l’argent n’a pas d’odeur ! ». D’ailleurs, c’est aussi à cause de ce récit qu’on nomme les toilettes publiques les vespasiennes. Eh ouais.
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Cette histoire tiendrait plus de la légende que de l’anecdote avérée, mais elle est intéressante et nous permet de comprendre comment étaient gérés les latrines de Rome. C’est une question d’hygiène public très importante !
— Pierre Le Goupil 🦊 (@SireGoupil) February 25, 2023
D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur la vie quotidienne romaine à l’époque du haut-empire, je vous conseille ces deux livres. Ils sont merveilleusement écrits et très accessibles. pic.twitter.com/39ic7BOV0t
— Pierre Le Goupil 🦊 (@SireGoupil) February 25, 2023