Thread : la technologie au service des anti-avortement
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Les Républicains américains (conservateurs) ont toujours été vent debout contre l’avortement surtout depuis la décision dite Roe v. Wade (1973) qui protège l’avortement dans chaque État au nom du droit à la vie privée. Nous l’apprenions au début du mois de mai, cet arrêt pourrait être mis à mal par la Cour suprême (très conservatrice suite aux nominations de juges par Donald Trump). Mais les anti-IVG ont de toute façon déjà déployé des techniques pour s’attaquer aux femmes souhaitant avorter. Terrifiant.
Un thread de @oliviertesquet
Aux Etats-Unis, les femmes ont un nouvel ennemi : leur téléphone. Alors que le droit à l'avortement est menacé, le secteur opaque des courtiers en données pourrait aider les groupes anti-choix et la police à les harceler.
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Une récente enquête de @motherboard démontre qu'il suffit de débourser 160$ pour acquérir les données de géolocalisation des personnes qui se sont rendues au planning familial, permettant in fine de les identifier.https://t.co/FDVnhPNJQn
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Ce qui fait peser un réel danger de violence : en 2020, la @NatAbortionFed a dénombré plus de 50 agressions à l’extérieur de cliniques, et près de 3 500 cas de harcèlement téléphonique ou par mail.https://t.co/UwW9gZqNGm
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Mais ce n'est pas tout. Des applications de suivi du cycle menstruel mouchardent auprès de Facebook, d'autres sont directement financées par des groupes anti-choix obsédés par la surveillance des modes de vie.https://t.co/EpJCKiK2uq
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Un simple historique de recherche peut devenir dangereux : 19 États imposent déjà la présence d’un médecin lors d’une IVG médicamenteuse, obligeant certaines femmes à utiliser Internet pour s'orienter dans leur démarche.
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
En 2017, Latice Fisher, une jeune femme noire, a été inculpée pour le meurtre de son fœtus quand les enquêteurs ont découvert qu’elle avait cherché des informations en ligne sur le misoprostol, un médicament utilisé lors des interruptions de grossesse.https://t.co/SB1u9Gx6DP
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Ce marché de l’oppression des femmes n’est pas seulement opportuniste : il est de plus en plus structuré. En 2017, Heartbeat International, une puissante organisation anti-avortement qui revendique 2000 partenaires et une implantation dans 50 pays, a lancé Next Level. pic.twitter.com/JkZjE2uG7X
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Il s'agit d'un système de gestion, commercialisé auprès des professionnels de santé afin de centraliser et de partager les informations personnelles des femmes enceintes. De quoi les suivre à la trace, au nom de "la révolution du big data".https://t.co/UlbmmxGyW8
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Dans ces conditions, les anti-choix n’ont même plus besoin d’envoyer des militants munis de pancartes hostiles à l’entrée des cliniques ; il leur suffit de payer des réclames ciblées pour abreuver les candidates à l’avortement de messages dissuasifs et de fausses informations. pic.twitter.com/gWLjQcMEjK
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
C'est toute la cruauté d'un système dans lequel les prédateurs sont mieux protégés que leurs victimes : un secteur économique dangereusement dérégulé vient raboter le droit des femmes à disposer de leur corps.
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
En l’absence de loi fédérale sur la protection des données, aucun texte n’encadre l’activité des data brokers. Des sénateurs s'en inquiètent, mais à ce jour, un seul État, le Massachusetts, interdit le chalutage des données de géolocalisation autour des établissements de santé pic.twitter.com/eet9n5tZR4
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
C'est une industrie du miroir sans tain : on ne connaît pas le nom des courtiers en données, mais eux savent 3000 choses sur chaque individu. Il s'agit d'une bombe à retardement qui fait voler en éclats la notion même d'intimité. Et ici, ce sont les femmes qui vont trinquer.
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Le lien au début du thread était cassé, voici le bon : https://t.co/89PeNgGekD
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Et sur le même sujet, lire le papier de @W_Chloe dans @Le_Figaro : https://t.co/cB7xxmSCDF
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
En 2020, dans À la trace, mon chapitre sur les courtiers en données et le contrôle social sournois qu’ils exercent s’ouvrait déjà sur un exemple de femme enceinte… pic.twitter.com/VJGNYnZoOT
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 23, 2022
Le Canard évoque aussi cette « police des utérus ». La prochaine fois que quelqu’un vous dit « je n’ai rien à cacher », parlez-lui de ça. https://t.co/zd7vsd4IKT
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 27, 2022
40 parlementaires américains écrivent à Google et Apple pour leur demander de protéger les données de géolocalisation des femmes enceintes de l’appétit de la police et de courtiers peu scrupuleux voire mal intentionnés.https://t.co/pE0Aa4fZ1v
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 31, 2022
L’intention est louable mais trahit une inquiétante impuissance politique : incapable d’offrir la protection du droit aux femmes, le législateur s’en remet 1) au bon vouloir de monopoles privés 2) à la capacité technique des femmes à déjouer elles-mêmes cette surveillance.
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 31, 2022
Je complète ce thread : aux abords des cliniques américaines, les militants anti-choix ne reculent devant aucune technologie pour harceler les femmes. Certains vont même jusqu'à installer de faux réseaux wi-fi pour les inonder de propagande.https://t.co/aMpZk4pY4X pic.twitter.com/nQrvwFxfhr
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 31, 2022
Déjà dans les années 90, les fondamentalistes consignaient leurs plaques d'immatriculation pour les identifier et les traquer jusque chez elles. Ça leur coûtait seulement 5 dollars. Avec l'irruption de la reconnaissance faciale, c'est désormais gratuit.https://t.co/5NZxwlrmZJ
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 31, 2022
Qu'est-ce qui empêchera demain des activistes anti-avortement de photographier ces femmes puis d'utiliser un logiciel comme Pimeyes pour les retrouver ? D'autant que dans certains Etats, la loi encourage déjà cette délation.https://t.co/JtbHocozEj
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) May 31, 2022