Thread : un avortement médicamenteux : un témoignage crucial
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On savait déjà qu’un avortement pouvait être difficile à cause du jugement du corps médical. Mais il peut également l’être à cause du manque de renseignements donnés. Savoir à quoi s’attendre c’est éviter une angoisse de plus.
Un thread de @mariecchambel
Hier, j’ai avorté. Et je crois qu’il faut que j’en parle parce que ce que j’ai vécu est finalement très loin de l’idée que j’en avais.
Si l’accompagnement médical a été ultra bienveillant, j’ai l’impression qu’on cache une partie de la violence du procédé.— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Je préviens, mon thread peut être un peu violent. Et si je fais ce thread, ce n’est pas pour dégoûter les femmes de l’avortement mais pour décrire précisément ce qu’il peut se passer. J’aurais aimé qu’on me prévienne de certaines choses, je crois. Pour ne pas être démunie.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Et avant que je commence : je crache sur tous les « pro-vie » et l’avortement est un droit. C’était la meilleure des solutions dans mon cas et je suis aujourd’hui soulagée de ne plus être enceinte. Je me sens plus légère et apaisée.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Pour contextualiser, j’ai avorté par médicaments. Il s’agit de trois medicaments à prendre en 48h. J’étais à 7 semaines de grossesse, c’est à dire la limite de l’IVG médicamenteuse. On m’avait prévenue que je pouvais vomir et saigner abondamment. Et avoir de grosses douleurs.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Dans ma tête, j’allais juste saigner énormément. Et ça a été plus compliqué que ça. Je précise que les deux derniers médicaments se prennent chez soi, en étant accompagnée par une personne. Le premier médicament a fait effet en deux heures. Et ça a été extrêmement violent.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Violent parce qu’on m’avait dit que j’allais juste saigner et avoir de gros caillots. Sauf que je me suis retrouvée au sol, pleine de sang sur tout mon pantalon, sur tout mon sol. Et je me suis rendue compte, idiotement, que l’avortement était une fausse couche.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
C’est idiot parce que je ne le visualisais pas comme ça et ça me semble plus juste. Je n’imaginais pas que j’allais voir l’embryon de façon aussi claire, au milieu de caillots extrêmement impressionnants. J’ai eu la sensation de perdre tout ce que j’avais dans le ventre.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
J’étais complètement dépassée, à ne plus savoir agir. Heureusement que la personne avec qui j’étais a gardé son calme et m’a réellement aidée. (J’imagine qu’il lira ce thread et je le remercie une fois de plus d’avoir été parfait dans l’accompagnement ❤️).
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Plusieurs fois en quelques heures, j’ai perdu des caillots de la taille de la paume d’une main. Ça a été réellement impressionnant. Je sais que ces images me resteront en tête très longtemps. Et j’ai la sensation qu’on ne prépare pas assez les femmes à ça.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
On ne m’avait pas prévenu que j’allais ruiner plusieurs pantalons et sous-vêtements, que ça allait être visuellement impressionnant. Peut-être parce que j’ai avorté à la septième semaine, je ne sais pas. Tous les avortements sont différents.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Si l’accompagnement médical a été incroyable et je remercie la clinique qui m’a accueillie, j’ai un peu de doutes sur la dernière étape de l’avortement. A force de trop vouloir protéger en amoindrissant l’acte, on peut le rendre plus traumatique. Par manque d’information.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
J’aurais aimé qu’on me prévienne, pour que je m’y attende, pour que je ne sois pas dépassée en voyant un embryon au lieu d’une « boule blanche gélatineuse » qu’on peut « possiblement voir ».
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
C’est idiot parce que je me rends compte que je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’un accouchement précoce ou d’une fausse couche. Et ça me semble tellement plus juste dans la façon de comprendre ce qu’il s’est passé dans ma salle de bain hier.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Et pour terminer, ce matin je me sens vraiment mieux. Je n’ai plus de douleurs et je saigne de façon modérée. Et bizarrement, après cette semaine remplie de stress et de rendez-vous médicaux, je vais bien. Je vais mieux. Et je suis soulagée.
❤️— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022
Ah oui et : il n’y a rien de honteux dans l’avortement.
Honte à celles et ceux qui veulent nous enlever ce droit, honte seulement à ces personnes.— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) February 13, 2022