Thread : D’infirmière en réanimation passionnée à éreintée
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Alors que lors de la première vague, certains professionnels de santé commençaient déjà à ne plus en pouvoir, la seconde vague est vue par beaucoup comme un effort insurmontable à gérer.
Un thread signé @meliear
J’ai envie de vous expliquer pourquoi je suis si fatiguée du COVID, de l’hôpital. Pourquoi l’infirmière de réanimation passionnée que j’étais est éteinte, au bout de seulement 1 an et demi.
Donc voici un court thread.— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Ça a commencé en mars, on était pas spécialement préparé à ce qu’on allait vivre, 1 premier cas COVID, puis 2,3 puis une rea pleine à craquer, l’ouverture d’une autre ..
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Rapidement on arrive à 4 patients par infirmière de réa, des DV, avec des amines, ECMO parfois, beaucoup de travail .. on finissait par être des robots et à même plus réfléchir à ce qu’on faisait, on s’habillait, on se dépêchait, on courait
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Un calot, une surblouse, un FFP2 (et encore pas tout le temps…), on rentrait dans ces chambres avec ces patients privés de leur famille, angoissés, qui se dégradait souvent à vitesse grand V, qu’on ne sauvait pas tout le temps.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Cette crise c’était aussi des choix, des ruptures de matos, de médicaments, des soignants en arrêt, devoir former des infirmières sur le tas en + de ton boulot.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Ça a été comme ça pendant 3 mois, avec des équipes épuisées, des situations compliquées, on se privait de notre famille par peur de la contaminer, on connaissait rien au virus, on essayait juste de limiter la casse et de soigner comme on le pouvait.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Tu sortais du boulot t’allumais la radio c’était COVID, la télé COVID, les réseaux sociaux COVID… jamais tu ne pouvais couper de tout ça. JAMAIS, depuis mars je respire et je pense COVID.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Je pensais que ça passerai, mais malheureusement ça recommence, et encore plus fort, les réunions de crises reprennent, les patients covid+ re meurent entre nos mains impuissantes.
L’ambiance a l’hôpital est insoutenable, des plaintes, des pleures.— ☤ (@meliear) October 23, 2020
J’ai 22 ans, 22 petites années, j’accompagne la vie mais surtout la mort depuis quelque mois, avec des choix qui s’imposent, limiter des patients « trop vieux », c’est la « crise » à l’hôpital, devoir accepter d’en sauver un plutôt que l’autre, l’âge donnant une valeur à une vie.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
C’est épuisant, psychologiquement c’est épuisant … j’en suis arrivée à un point de fatigue où hier en enfilant ma surblouse pour rentrer chez un COVID, j’ai eu les larmes aux yeux de fatigue, cette sensation de ne plus aimer ce que je fais..
— ☤ (@meliear) October 23, 2020
« On manque de personnel revenez » « on manque de matos faites attention! » « attention attention ATTENTION »
On ne réfléchit même plus, on s’exécute, on se sent abandonnés, pas soutenus.
Chaque veille de boulot j’ai la boule au ventre, je n’ai plus envie, je suis si fatiguée— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Le Covid c’est aussi avoir une situation d’extrême urgence, où le temps que tu t’habille pour rentrer dans le box, et bien c’est trop tard, mais si tu ne te protèges pas tu mets ta famille et toi même en danger,
Dans ta tête t’es jamais tranquille, tu réfléchis en continu.— ☤ (@meliear) October 23, 2020
Je suis infirmière en réanimation, j’ai 22 ans, et le covid m’a complètement écœuré de mon travail que j’aimais tant, je n’y travaille que depuis un an et demi mais j’ai le droit d’être fatiguée.
— ☤ (@meliear) October 23, 2020