Thread : de la difficulté d’arrêter l’alcool
Arrêter de boire de l’alcool quand on est alcoolique est quelque chose d’extrêmement compliqué. D’jà, parce qu’il faut reconnaître qu’on est alcoolique. Ensuite parce qu’en France, cela n’est pas assez pris au sérieux. On ne voit que l’aspect festif et on ne comprend pas à quel point cela peut être dangereux. On vous incite même souvent à boire que vous le vouliez ou non. Bref, sortir de l’alcoolisme c’est prendre en compte tous ces aspects.
Un thread de @cutecarthesian
On est le 12 février, ça fait six mois que je n'ai pas touché à une goutte d'alcool. Et même si parfois je me sens plus du tout intégré aux délires de soirée, même si mes date foirent parce que je suis plus distant et moins tactile que quand je buvais, je regrette absolument pas.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Bon, je suis clairement pas encore guéri de ça. Pas totalement. Chaque soir après le taf, j'ai envie de boire. Je me dis juste un verre, un verre ça passe c'est pas très grave. Alors que ma raison sait que non ça passera pas du tout aha.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Pas un jour ne passe sans que ça me manque, deux fois par semaine je me demande si ça valait le coup, si j'ai fait le bon choix. Parfois je me dis, comment j'avais la classe quand je buvais, je captivais le regard des gens, c'était cool. Même si je sais au fond que c'est faux.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
J'ai du mal à cacher, dans un bar, quand tous mes potes boivent, que je les envie, que je me sens seul d'un coup, que ça me fatigue d'être le vrai moi tout le temps, à chaque seconde. J'ai envie de vomir dès que je sens l'odeur d'un cocktail, dès que je reconnais de la vodka.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Je fais genre je gère, je suis fort, ce genre de connerie, mais je suis fragile. Dès qu'on se sert devant moi, je suis mal à l'aise. Quand on renverse de l'alcool, je suis incapable de l'essuyer. Tout mon corps hurle que j'en ai besoin, que je suis une merde sans l'alcool.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
J'ai du mal à respirer quand les serveurs se trompent et déposent la pinte de mon pote devant moi. J'ai envie de péter tout le bar. De crier.
Parfois j'en ai ras le cul de payer mon soft 2x plus cher que la tease de mes potes.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Mais je sais que je peux pas redevenir cette personne abjecte que j'étais sous alcool. Cette personne incapable de s'arrêter même après 15 verres. Ce moi violent, sans gêne, insensible et cruel. Je n'ai pas le droit de redevenir ce gars nauséabond.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
La première fois que je me suis dit que j'étais alcoolique, j'y croyais pas vraiment. J'avais ce cliché du vieux mec qui boit sa pinte à 7h du mat dans le pmu du coin avec un bide à bière le nez rouge et qui cherche la bagarre h24. C'était ça pour moi, le visage de l'alcoolisme.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Une vision classiste, condescendante et merdique qui me mettait dans la position du jeune qui s'amuse et qui fait rien de mal. Je me sentais au dessus de ça. En fait y avait aucune remise en question de ma part. Je voyais pas que non, je bois pas comme "tout le monde".
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Je réalisais pas quand je claquais 100 balles/semaine dans un bar au lieu de bouffer ou de prendre soin de moi.
Je réalisais pas quand je partais dans une colère terrible quand on me confisquait ma cb parce que j'avais assez bu.
Je réalisais pas que l'alcool me contrôlait.— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Je suis allé aux AA en 2019 sans grande conviction. Je fuyais encore le problème. Et puis y a eu le témoignage de cette maman. Qui avait le même rapport à l'alcool que moi. Et qui m'a traité comme son enfant à la fin de la réunion. J'avais envie de m'écrouler dans ses bras.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Bon évidemment, j'ai pas arrêté en 2019. J'ai fait une immense dépression qui a duré jusqu'en 2021. En fait, quand j'ai réalisé que je buvais pour me détruire et détruire les autres, j'ai complètement plongé dedans. Et ça a bien failli devenir tragique.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Peut être qu'un jour je ferai un vrai témoignage un peu moins décousu, sur comment tout a commencé, sur ce fameux 12 août 2021 où j'ai eu cette illumination qui m'a fait arrêter ce massacre. Parce que j'ai l'espoir que ça puisse aider d'autres gens.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Mais ce jour de 2019, je me suis avoué à moi-même, Lucien t'es alcoolique. Parce que tu es incapable de ne prendre qu'un seul verre. Que tu bois pour te mettre une race et parce que pour toi ça te semble nécessaire. Et y a aucune limite. Et y en a jamais eu, n'est-ce pas?
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
J'aimerais demander pardon à tellement de gens mais j'ai l'impression que ce serait vide de sens, que ça n'allégerait que le poids de ma propre conscience. Et étrangement, je refuse de ne plus ressentir cette culpabilité. C'est elle qui m'empêche de replonger encore ajd.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
Bref, c'est un témoignage un peu claqué au sol que je vous raconte. Si vous vous reconnaissez un peu dedans, si vous pensez que vous avez pas un bon rapport à l'alcool, venez dans mes dm. Parlez en. Essayer une réunion des AA. Vous y arriverez jamais seul. Prenez soin de vous.
— lucien (@cutecarthesian) February 12, 2022
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