Thread : ces villes qui n’existent que sur les cartes routières
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On sait désormais que l’on ne peut pas toujours faire confiance aux cartes géographiques. Eh bien c’est la même chose apparemment pour les cartes routières. À qui peut-on encore se fier ?
Un thread de @JulesGrandin
🗺🌎🌆 Avez-vous déjà entendu parler d'Agloe, aux Etats-Unis ?
Une ville fictive, devenue réelle, puis disparue… du moins pour l'instant !
🧶⬇️ pic.twitter.com/02Bm2tv9MG
— Jules Grandin (@JulesGrandin) May 10, 2022
Tout commence à une époque où Google Maps n'existe pas et où il faut protéger son savoir cartographique. Non, je ne parle pas du XVIe siècle mais des années 1930
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A cette époque, dresser une carte, c'est plus compliqué que simplement décalquer une image satellite. Il faut aller sur le terrain, faire de l'arpentage, tout dessiner.
Bref, c'est une galère.
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Du coup, les cartographes essaient de protéger leur œuvres, et une des techniques les plus éprouvées est de placer sur les cartes des lieux inventés de toute pièce histoire de piéger les éventuels copieurs de cartes
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Cette technique du piège cartographique, on la trouve dans pas mal de cartes. Ça peut être discret, genre rajouter un virage sur une route ou faire une erreur volontaire dans le nom d'un lieu.
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Mais ça peut aussi consister à inventer des lieux ! Et c'est ce qu'ont fait Otto G. Lindberg et Ernest Alpers, de la « General Drafting Corporation » lorsqu'ils ont dressé leur carte routière des Etats-Unis
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Ils ont mélangé leurs initiales et créé la ville fictive d'Agloe, située juste au nord de la petite ville de Rockland, dans l'état de New York pic.twitter.com/EzfD9mwQ1O
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Du coup, si la ville apparaissait sur d'autres cartes, on pouvait être sûr qu'elle avait été copiée de leur travail. Imparable. pic.twitter.com/eBJRiNBjbS
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Ce genre de villes inventées porte un nom en anglais, c'est qu'on appelle des « paper towns », ou villes de papier
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SAUF QUE dans les années 1950, quelqu'un décide de construire un petit magasin pile à cet endroit. Il regarde sur la carte, et qu'est-ce qu'il voit : que l'endroit s'appelle « Agloe ».
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Ni une, ni deux : il baptise son magasin le « Agloe General Store ». Et le piège cartographique devient réalité.
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Devenant réel, il devient aussi inutile : puisque l'endroit existe vraiment, sa présence sur une carte ne prouve plus que la carte a été copiée sur le travail original de Lindberg et Apers
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Donc, quand ils intentent un procès contre la société cartographique Rand McNally dans les années 1950 en tentant de prouver qu'ils ont copié leur travail, et ben ils perdent le procès ! Le piège cartographique ne fonctionne plus.
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Le magasin finit par fermer et la ville-fictive-devenue-réalité redevient fictive… même si Franck Jacobs de @VeryStrangeMaps l'identifie à nouveau sur Google Maps en 2014 pic.twitter.com/yXyNR3lEVS
— Jules Grandin (@JulesGrandin) May 10, 2022
Aujourd'hui, elle n'y figure plus. Mais Agloe n'a peut-être pas dit son dernier mot, on sait jamais, elle fera peut-être son comeback cartographique ! pic.twitter.com/EK1a3XVHzZ
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Si cette histoire vous a intéressé, je vous conseille de regarder cette formidable vidéo de Map Men : « Why do maps show places that don't exist ? » (💞 sur @jayforeman )https://t.co/46Kg3E7Top
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Et de lire l'article complet de Franck Jacobs sur le site de Strange Maps @VeryStrangeMaps https://t.co/qofbzWMVlY
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