Télétravail du sexe : se faire de l’argent facile avec Onlyfans ?
Est-il réellement si aisé de se faire de l’argent quand on produit des contenus porno et érotiques sur Internet ? Suffit-il vraiment d’ouvrir un compte Onlyfans ou MYM et de poster des photos et des vidéos de son corps pour gagner un salaire de 10 000 € par mois ? Est-ce vraiment 15 petites minutes de travail par jour ?
Les nouvelles plateformes adultes qui facilitent le travail du sexe virtuel apportent avec elles leur lot de préjugés et de fantasmes néfastes sur une profession déjà très taboue et marginalisée. Le documentaire indépendant de Carmina et Prune, réalisatrices mais également travailleuses du sexe (ou TDS), “Télétravail du sexe”, débunke les idées reçues sur ce métier en donnant la parole aux concerné·es.
Se faire de l’argent facile sur Onlyfans quand on est une femme, c’est réel ?
Le télétravail du sexe, un travail difficile qui demande beaucoup d’investissement
Saviez-vous que le revenu mensuel médian sur OnlyFans était de 180€ ? Pas de quoi se payer un loyer ou se nourrir. Le documentaire montre très bien la difficulté de communiquer sur son métier. Aujourd’hui, tous les réseaux sociaux qui permettent de faire de l’influence et de la communication pour inciter les clients à s’abonner, souvent seule source de revenu, refusent tout contenu ayant trait à la sexualité. On ne peut rien montrer, on ne peut rien dire, notamment sur Instagram, Facebook et TikTok. Des comptes avec des milliers d’abonnés disparaissent du jour au lendemain. Un travail de plusieurs années réduit à néant car la communauté disparaît… Sans possibilité de récupérer leurs comptes qui sont leur principal outil de travail, comme @inopiax, TDS présent·e dans le documentaire.
Et pour chaque euro perçu, les travailleur·euses doivent verser plus de 20% à l’URSSAF car il s’agit d’une profession indépendante légale et déclarable. Mais rien n’est aussi simple, les TDS font face à des refus incessants pour se loger, emprunter ou acheter… En France, les politiques abolitionnistes ont des conséquences désastreuses et participent activement au stigma social et donc à l’exclusion, l’isolement et la précarisation des TDS.
@petitexsirene, présente dans le documentaire, l’a déjà évoqué sur son compte.
Je suis TDS, je paie l’urssaf, la tva…et on me refuse un petit crédit immobilier alors que nous sommes 2 La banquière nous a clairement dit que c’était à cause de mon métier! Franchement honte à la @Caisse_Epargne @CE_iledefrance et honte au système
— Petitexsirene | LB ®️ (@petitexsirene) July 6, 2024
En soi, non, être TDS n’est pas un travail facile et l’argent ne tombe pas du ciel. Si certain·es s’en sortent très bien, ce n’est pas le cas de tout le monde, un peu comme tous les métiers d’influence sur YouTube ou Twitch. @carm_ina, réalisatrice du documentaire, l’évoquait l’année passée.
Je viens de signaler à un envoyeur de dickpic que j'allais porter plainte.
Il m'a dit qu'il allait me dénoncer à l'urssaf (j'avoue que c'est flippant car ils vont se moquer que je gagne si peu.)
— Carmina Cereza de la Cruz (@carm_ina) July 9, 2023
La violence, le harcèlement, le manque de considération :
Suivre le quotidien des travailleur·ses du sexe en ligne c’est aussi les voir faire face à la violence des internautes (hommes), parfois de leurs propres clients (hommes). Sans compter le harcèlement, le burnout, la malveillance qui poussent certains à signaler les comptes des TDS et provoquent leur fermeture, le doxing (divulgation de données personnelles), la sexualisation constante, même en dehors du travail… @carm_ina, @inopiax racontent leur quotidien aux côtés de @VeraFlynncam, également présente dans le documentaire.
🥱 (contexte : j'ai reçu une photo non consentie et j'ai dit qu'il faudrait peut-être penser au respect à un moment) pic.twitter.com/uaCXDqVWb7
— Carmina Cereza de la Cruz (@carm_ina) November 1, 2022
Texte de l’image : Si tu te fait 🟣 (violer) tu va aimez car tu fait du X logique
“C’est un métier facile” pic.twitter.com/HnydSLZOGY
— Charlie 🌙 (@inopiax) November 10, 2023
Texte du premier tweet : J’aimerai trop lancer un podcast sur le travail du sexe, j’y pense de plus en plus en ce moment.
woof woof 🐕 pic.twitter.com/g8jofFOKVA
— Charlie 🌙 (@inopiax) August 26, 2023
En gros on reproche aux putes de profiter de la misère sexuelle mais pourquoi personne parle du fait que les influenceurs mascu profitent de la misère émotionnelle et societale des hommes ??? C’est pas 12 balles par mois c’est des centaines d’euros pour du vent
— 🌼 Vera Flynn 🌷 (+18) (@VeraFlynncam) April 15, 2024
Je suis TDS et j’en ai marre de me faire sexualiser quand je ne suis pas payée pour et c’est légitime.
— 🌼 Vera Flynn 🌷 (+18) (@VeraFlynncam) November 9, 2022
L’éducation et la vulgarisation
Les TDS sont aussi les personnes qui connaissent le mieux le domaine de la sexualité et de ses abus, par conséquent, elles connaissent aussi très bien les moyens à mettre en place pour lutter contre les violences sexuelles et faire (gratuitement) de la prévention. Les réalisatrices du documentaire @carm_ina et @PrunetteTV pointent souvent les dysfonctionnements de notre modèle de société, ainsi que @swann_purple qui témoigne dans le documentaire.
Les préliminaires n'existent pas.
C'EST JUSTE DU SEXE 😩 https://t.co/cSqMjpFajk
— Swann Purple 💜 (@swann_purple) August 11, 2023
HÉ BEN FAITES DE L'ÉDUCATION SEXUELLE PEUT-ÊTRE https://t.co/4hXT44V7Bn
— Carmina (@carm_ina) February 6, 2023
(ndlr : “se lebron” veut dire se masturber)
En fait, arrêtez d'appeler ces gars (qui se lebron sur les streameuses) des "détraqués" déjà c'est psychophobe, le soucis ce n'est pas leur état de santé mentale mais ✨ le sexisme ✨ dans lequel on baigne tous•tes au quotidien depuis notre naissance
— Prunette (ノ◕ヮ◕)ノ*.✧ (@PrunetteTV) October 25, 2022
Du love, de la joie et de l’humour
Pour terminer, être TDS, c’est aussi un choix. On peut aimer son travail et aimer le faire bien, comme dans tous les métiers. Avec bonne humeur et humour :
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de Legos sur le parquet de ma voisine vue comme elle crie depuis 20 minutes la pauvre 🙁
— prunette (@PrunetteTV) July 15, 2021
Mon tournage anal a duré 3h, le prochain qui me dit que c’est un métier facile, je lui demande de me remplacer devant la caméra 😡
— Charlie 🌙 (@inopiax) July 9, 2024
Quand je pense qu’il y a encore quelques années, je regardais pornhub en scred…
et que maintenant, vous êtes des milliers à y regarder mon cul 😎— Charlie 🌙 (@inopiax) August 18, 2023
Ce documentaire éclairant et positif sur la réalité des TDS est maintenant disponible à la location en streaming par ici :
Message de service
Si vous êtes une salle de cinéma et que le documentaire “Télétravail du sexe” vous intéresse, n’hésitez pas à contacter Carmina et Prune sur leurs réseaux.
Y’a des cinémas qui refusent de diffuser notre documentaire même dans un cadre d’une projection privée car ils ne veulent pas être associé à notre sujet
Ça dit vraiment beaucoup sur la censure qu’on subit. On parle d’un DOCU (sans acte sexuel ni nudité frontale)
Je suis 😡
— prune! (。•̀ᴗ-)✧ (@PrunetteTV) April 23, 2024
Bonjour !Si des journalistes, podcasteurs·ses, youtubeur·ses et autres gens de pouvoir et d'influence veulent voir @ttds_docu à Paris : glissez dans mes DM 🙂
— Carmina Cereza de la Cruz (@carm_ina) June 7, 2024
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