Comme l'explique Dominique Godineau il s'agit d'une vieille insulte sociale : "Au XVIIIe siècle, des marchandes de la Halle viennent se plaindre au commissaire de police d'avoir été traitées, entre autres injures plus répandues (poison, garce, putain, etc), de "tricoteuse""
— Laélia Véron (@Laelia_Ve) December 20, 2024
D. Godineau fait l'hypothèse d'une "allusion à ces femmes pauvres qui, enfermées dans les Hôpitaux généraux ou les Dépôts de mendicité, étaient occupées, dans un but de moralisation par le travail (9), à tricoter des bas pour le compte de gros marchands qui les exploitaient."
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Avant la Révolution, c'est donc une insulte sociale. Et pendant la Révolution, l'insulte n'apparait pas à n'importe quel moment, mais "après la chute des Robespierristes" c'est aussi une insulte politique (lors de l'affrontement sans-culottes/modérés)
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Mais pourquoi le tricot? Godineau explique que les femmes travaillaient en écoutant les orateurs, mais qu'elles cousaient, qu'elles faisaient de la charpie. Cette gouache célèbre des frères Lesueur est postérieur à l'an II et représente plus une image mythique qu'une réalité. pic.twitter.com/dGu68Uc8lg
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Pour Godineau, c'est justement parce que le tricot renvoie, à l'origine, à la femme dans son espace domestique, qui n'a rien de féroce, au contraire. pic.twitter.com/Q9m1KvzsZB
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D. Godineau "L'antinomie entre ces deux images, celle de la femme douce qui tricote chez elle et celle des furieuses "tricoteuses", a assuré le succès du mot à travers les siècles. Sa pérennité renvoie à une angoisse de l'être féminin qui abrite[rait] en lui des contraires"
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L'image de la "tricoteuse" furie renvoie donc à une crainte : que la femme quitte son espace domestique pour l'espace politique public, qu'elle transforme ses attributs domestiques (tricoter pour ses enfants) en arme, en violence (la pique de l'aiguille à tricoter)
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D. Godineau explique bien cette crainte et ce fantasme "une femme qui suit des délibérations publiques, qui veut intervenir dans la politique réservée aux hommes est aussi monstrueuse, déplacée, obscène même, que celle qui se délecte prétendument de la vue du sang."
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Bref, l'insulte "tricoteuse" renvoie bien plus à un mythe qu'à un réalité historique et exprime une crainte: celle que les femmes sortent de l'espace domestique pour se mêler de la vie politique. Encore une fois je conseille l'article: https://t.co/iGC4V8afdx
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On me parle beaucoup des aiguilles à tricoter dans les avortements clandestins: c'est plutôt une image employée par les féministes ça pour revendiquer leurs droits et leurs luttes. Ça ne va pas avec vraiment avec les insultes de l'avocat. Vous n'avez pas les mêmes refs que lui 😉
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