Par Maxime 11/09/2020

Qu’est ce que la grossophobie ?

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A la plage, au restaurant mais également dans l’entreprise ou chez le médecin, bref dans la vie de tous les jours les personnes grosses sont constamment rabaissées et stigmatisées. On essaie de savoir pourquoi avec @anchara_.

 

1. Tout d’abord pouvez vous vous présenter et nous expliquer ce qu’est la grossophobie ?

 

Sarah, fonctionnaire, maman de deux petites merveilles, et militante féministe.
La grossophobie est une discrimination qui touche les personnes grosses dans différents aspects de leur vie, sociale et professionnelle. Elles sont discriminées à l’embauche, ont moins accès aux soins, subissent d’avantage le harcèlement scolaire et une pression anxiogène de la société pour mincir à tout prix. Elles endurent des remarques validistes quotidiennes, un manque de respect et de bienveillance. La grossophobie médicale conduit parfois à la négligence et au décès. Cette hostilité est constante, peut provoquer des troubles de l’alimentation, des tentatives de suicides, des dépressions, un isolement et un repli sur soi même.

 

2. On voit souvent sur Twitter des gens perdre du poids et expliquer qu’ils se sont enfin repris en main. Pourquoi les gens associent-t-il l’obésité à un manque de discipline ?

 

L’obésité est associée à un manque de discipline parce que la société est grossophobe et distribue quotidiennement des clichés stigmatisants : la personne grosse est paresseuse, mange mal et beaucoup, est sédentaire, se laisse aller, manque de volonté. Ils sont dans un schéma classique et problématique de l’oppressé qui devient oppresseur. Ils sont satisfaits d’être enfin dans la norme et d’échapper aux discriminations et pour être validés par la société se mettent aussi à stigmatiser les personnes grosses. Ils renforcent l’idée erronée que toutes les personnes grosses peuvent ou veulent perdre du poids. L’injonction au sport est validiste. De nombreuses personnes ne sont pas capables de pratiquer une activité physique suivie. Mais il existe bien évidemment des personnes en surpoids qui pratiquent une activité sportive et parfois à haut niveau.

 

3. A la télévision et au cinéma, les personnes obèses sont souvent idiotes ou non désirables (Obélix, Crabbe et Goyle, …). N’y-a-t-il pas un problème de représentativité ?

 

La représentation des personnes grosses est proches du néant dans les médias et notamment au cinéma. Le journal télévisé n’est pas prêt d’être présenté par un journaliste en surpoids. Les personnes grosses sont dissimulées, invisibilisées ou alors réduites à des rôles comiques où leur poids est tourné en dérision. Rebel Wilson témoigne sur le sujet. Cette actrice a suivi un régime drastique pour pouvoir prétendre à d’autres rôles que celui de la bonne copine grosse et rigolote. Il est absolument urgent de montrer des personnes grosses sans que leur surpoids soit l’objet de moqueries ou le centre d’attention du film ou du reportage. Ma vie à moi ne tourne pas autour de mon poids. Il faut montrer qu’un corps gros est aussi beau, peut être un objet de désir, et que l’amour et/ou le sexe c’est pour tout le monde.

 

4. Les exigences physiques étant plus fortes pour les femmes que pour les hommes, n’y-a-t-il pas également un problème de sexisme derrière ces demandes de réduction de poids ?

 

La grossophobie est très liée au sexisme. Le contrôle du corps des femmes grosses mais des femmes en général est un réel problème. Le patriarcat exige des femmes qu’elles maltraitent leurs corps pour répondre à des normes et à des idéaux changeants. La femme n’est ainsi jamais sereine quant à son apparence. En particulier les femmes grosses qui sont stigmatisées partout, qui ne peuvent s’habiller décemment sans avoir recours à des sites spécialisés souvent coûteux, qui sont pointées du doigt comme repoussantes.

 

5. Depuis quelques années, le body positive encourage les gens en surpoids à avoir une plus grande confiance en eux. Que répondre aux gens qui pensent qu’il s’agit d’un encouragement à l’obésité et à être en mauvaise santé ?

 

D’une part l’injonction à la bonne santé est problématique et validiste. De nombreuses personnes grosses ou non souffrent de maladies chroniques, incurables, et se retrouvent ainsi totalement stigmatisés. La santé ne doit pas être une échelle de valeur ou une condition nécessaire au respect.

D’autre part, les personnes grosses n’incitent personne à prendre du poids. C’est un mouvement créé par les personnes grosses pour exister dans la société au même titre que les autres, dans la paix et dans l’amour sans être insulté, brimé, harcelé et parfois pire encore. Tout le monde devrait pouvoir enfiler un maillot de bain et profiter de l’été sans avoir peur des représailles ou d’un déferlement de haine. Le body positive doit avoir vocation de montrer que tous les corps méritent d’être représentés dans l’espace public. Aucun corps n’est honteux. Et toute personne mérite de pouvoir vivre sereinement et confortablement (il faut adapter l’espace public à tous les corps, valides ou non valides, minces ou gros, etc.) dans la société sans être jugée pour son apparence physique. La norme sociale est un concept qui mène à l’exclusion. Il est urgent de s’en défaire.

 
 

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