Quelques notions sur la langue arabe
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Après la polémique sur la proposition du gouvernement de proposer l’apprentissage de l’arabe à l’école (qui ne sera pas obligatoire rappelons le), @wokeinParis nous fait découvrir un peu mieux la langue.
Puisqu'on parle beaucoup de la langue arabe ces jours-ci, c'est le moment pour apprendre deux trois bricoles sur cette belle langue.
Installez-vous, et vous devriez découvrir des choses qu'on ne trouve pas sur Wikipédia (à part les 2 premiers tweet!)
⤵⤵⤵— Blue (@wokeinParis) September 13, 2018
La langue qui est enseignée dans une poignée de lycées publics en France est l'arabe dit littéraire, littéral ou parfois classique. C'est la langue officielle de 25 États dans le monde, du Maghreb à la péninsule arabique en passant par la Mauritanie, le Soudan et la Somalie.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Ce sont plus de 530 millions de personnes dans le monde dont la langue officielle est l'arabe, ce qui en fait une des principales langues internationales après l'anglais, le chinois et l'espagnol (pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi l'éducation nationale s'y intéresse).
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Ce que peu de non-arabophones savent, c'est que l'arabe littéraire n'est pas une langue vernaculaire : il n'existe personne dont l'arabe littéraire soit la seule langue, et personne ne parle exclusivement arabe littéraire à la maison (ou alors c'est un choix éducatif fort).
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Comment communiquent alors tous ces locuteurs ? Eh bien au Maroc en marocain, en Algérie en algérien, en Egypte en égyptien, etc. Ces langues ont évidemment un substrat arabe prépondérant mais se distinguent de l'arabe dit littéraire de plusieurs manières :
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
– absence de déclinaisons (eh oui, il y en a dans l'arabe littéraire, avis aux germanistes)
– prononciation de certaines lettres : ex les Egyptiens qui prononcent la lettre jīm (son "j" ou "dj") comme un G dur
– différences lexicales pour un grand nombre de mots— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
– emprunts à d'autres langues : berbère, anglais, français, espagnol…
– différences syntaxiques et grammaticaleq
– accent, intonations
– réduction des voyelles (langues du Maghreb)
– …..— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Chacune de ces langues est différente des autres. Grâce au substrat arabe commun et aussi à la télevision (séries syriennes ou émiriennes, films égyptiens…) une intercompréhension existe mais son degré peut varier. Un locuteur algérien comprendra sans problème le tunisien,
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
mais un locuteur marocain et un locuteur émirati auront des difficultés voire impossibilités à se comprendre s'ils utilisent chacun leur propre langue sans la "standardiser".
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
C'est là qu'intervient l'arabe littéraire : enseigné à l'école dans les États dont c'est la/une langue officielle, il est standardisé sur tous les plans : prononciation, grammaire, lexique. Les locuteurs se comprennent sans difficultés quelle que soit leur nationalité.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
L'arabe littéraire est la langue de base dans les médias : presse écrite, journaux télevisés et même dessins animés. Il existe aussi des émissions en langue vernaculaire ou mélangeant les 2 mais une émission qui se veut "sérieuse" ou éducative sera majoritairement en littéraire.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Les séries, elles, sont en langue vernaculaire (sauf pour celles qui sont doublées). On a donc une séparation entre l'arabe littéraire, percu comme "sérieux" et l'arabe du quotidien, souvent dénigré, appelé "dialecte" et pas vu comme une langue à part entière.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Les arabophones qui parlent l'arabe littéraire (=celleux qui l'ont appris a l'école) voient souvent leur langue vernaculaire comme une langue dégradée, abatardie. Au Maghreb les langues vernaculaires ne sont d'ailleurs PAS enseignées à l'école. Parlées mais pas enseignées.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Ces langues vernaculaires ne font PAS partie des langues officielles des pays où elles sont parlées. C'est l'arabe littéraire.
Il y a donc une invisibilisation de ces langues, voire un rejet, surtout pr les langues du Maghreb vues comme encore plus éloignées de l'arabe littéraire— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Venons-en maintenant à la langue arabe en France : on dit volontiers que c'est la 2e langue la + parlée sur le territoire après le français. C'est vrai et faux : oui, un grand nombre de personnes en France parlent une langue arabe, notamment l'algérien, le marocain et le tunisien
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
mais non, ces personnes n'utilisent pas (ou rarement) l'arabe littéraire dans leur communication ! Celleux qui n'ont pas été scolarisés dans un pays arabophone ne le parlent d'ailleurs pas.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
C'est le cas des enfants nés en France dans des familles arabophones : comme ce n'est pas une langue parlée en famille, ils ne parlent pas du tout l'arabe littéraire et ne le comprennent souvent pas non plus, même s'ils parlent par contre algérien, marocain, etc.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
"Mais le Coran !" vont dire certains que je vois déjà. La langue du Coran est très différente de l'arabe dit littéraire enseigné aujourdhui. Pour faire simple, imaginez lire un texte écrit en français du XIIe siécle. Sauf que le Coran date du VIIe siècle.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Bref, ce n'est pas parce qu'on est musulman et qu'on récite le Coran qu'on sait parler et comprendre l'arabe littéraire enseigné dans les écoles arabophones et les (quelques) écoles francophones qui proposent l'option.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Dire qu'enseigner l'arabe à l'école, c'est "enfermer les jeunes dans leur cité" témoigne d'une méconnaissance totale de ces réalités sociolinguistiques. Au contraire, c'est un atout prodigieux qui ouvre ces jeunes à l'international (25 pays, 4e langue du monde, rappelez-vous).
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Tant mieux si leur accès à cette langue magnifique qu'est l'arabe peut être facilitée, pour ces jeunes de cité issues de familles arabophones, par les passerelles linguistiques et culturelles qui existent entre leur langue familiale et l'arabe littéraire.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Tant mieux si en apprenant la langue arabe littéraire ils peuvent ressentir une fierté par rapport à leur héritage familial, au lieu d'y être renvoyé sans cesse à base de clichés racistes datant de l'époque coloniale et remis au goût islamophobe du jour.
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
Et tant mieux si les jeunes, de cités ou pas, issus de familles arabophones ou pas, ont la possibilité ds le cadre de la scolarité obligatoire, de s'initier à une grande langue internationale qui leur donnera accès à une richesse culturelle et sera valorisable professionnellement
— Blue (@wokeinParis) 13 septembre 2018
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