Si le Rassemblement National (RN) est arrivé en 3e position lors des dernières élections législatives, ce sont plus de 10 millions de Françaises et de Français qui ont opté pour ce parti. D’après le sociologue Félicien Faury, ce choix est largement motivé par le racisme. 1/25 pic.twitter.com/eBvbn7FnM2

— Samy Bounoua (@BounouaSamy) July 13, 2024

Là où il a enquêté, dans le sud-est de la France, Félicien Faury a constaté que les électeurs RN tiennent régulièrement des propos racistes contre les minorités d’origine non-européennes. Celles-ci sont vues comme étant «homogènes», «différentes et séparées». 2/25

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Surtout, elles sont assimilés «à des comportements suscitant des affects négatifs (peur, hostilité, mépris, ressentiment), en opérant implicitement une hiérarchisation entre les valeurs et les attitudes de ces groupes et celles du reste de la population.» 3/25

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Le vote RN n’est pas réductible au racisme, mais celui-ci s’articule à d’autres motivations : les questions du pouvoir d’achat, de la sécurité ou du chômage sont constamment reliées à celle de l’immigration et à la présence d’«étrangers» (qui pourtant sont souvent français). 4/25

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C’est pourquoi Félicien Faury affirme qu’on ne peut pas vraiment distinguer des motivations «sociétales», «culturelles» et «identitaires», d’une part, et des motivations économiques et sociales, d’autre part. Les raisons de voter se combinent et se renforcent mutuellement. 5/25

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Pour cette même raison, l’opposition entre un électorat «social» au Nord et un électorat «identitaire» au sud ne tient pas. Partout, «le social» et «l’identitaire» s’entremêlent. Toutes les études vont en ce sens et confirment la centralité du racisme dans le choix du RN. 6/25

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En 2015, d’après une enquête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, 82% des partisans du FN se disaient racistes. En 2022, 92% des électeur RN affirment que «la plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays». 7/25https://t.co/zHPR9muJUU

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Le terme «immigré» (ou celui d’«étranger») ne désigne pas seulement celles et ceux qui viennent d’un autre pays, mais «des personnes identifiées racialement, et non en fonction de leur nationalité réelle.» C’est un mot vecteur de racisation. 8/25

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Dans le sud-est, le racisme des électeurs RN est prioritairement dirigé contre les «arabes» et les «turcs» (l’auteur ne met pas de majuscule car, encore une fois, il ne s’agit pas de nationalités). Il prend aussi la forme de l’islamophobie. 9/25

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Félicien Faury définit l’islamophobie comme «l’ensemble des préjugés et des pratiques discriminatoires à l’encontre des personnes musulmanes ou supposées telles» (et non comme la critique, évidemment légitime, de la religion islamique). 10/25https://t.co/i20wJhfFOD

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Ces groupes – «arabes», «turcs», «musulmans» – sont d’abord accusés d’être des parasites, des oisifs qui profitent des aides sociales au détriment des «vrais français» accablés d’impôts. Le vote RN se nourrit en effet d’un sentiment d’injustice fiscale. 11/25 pic.twitter.com/lXchtSipsj

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Ce sentiment est d’autant plus fort que les électeurs que l’auteur a rencontrés appartiennent globalement à la classe moyenne : c’est un électorat plus «stable et protégé sur le marché de l’emploi» que celui du nord-est, mais il serait dans un «mauvais milieu». 12/25

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Autrement dit, il serait assez riche pour payer des impôts, mais pas assez pour être aidé, d’où son ressentiment vis-à-vis des «assistés», associés massivement aux «immigrés». En fait, pour cet électorat, l’État ferait preuve d’une véritable «préférence étrangère». 13/25 pic.twitter.com/VidoXSNcvi

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Les «immigrés» bénéficieraient de tous les avantages : redistribution fiscale (alors qu’ils auraient une «richesse cachée»), HLM, services publics, laxisme policier et judiciaire… Les électeurs RN semblent vivre dans une forme de réalité inversée : https://t.co/2LMtyKzdag
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En outre, les «immigrés» sont largement perçus comme des envahisseurs. Là où l’on construit des logements sociaux, le «changement de population» serait à l’œuvre et dégraderait l’environnement urbain : «c’est insalubre, c’est dégueulasse», se plaint un électeur. 15/25

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Cette peur de «l’invasion» conduit les électeurs RN à vouloir se séparer des «immigrés». Des partisans de Marine Le Pen font par exemple le choix d’inscrire leurs enfants dans des écoles privées, car «le public» se serait «dégradé» à cause des «immigrés». 16/25

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Ceux qui possèdent un commerce appliquent des prix prohibitifs pour les «étrangers», afin de conserver une clientèle «française» ou «européenne», c’est-à-dire blanche. Ce type de discrimination est aussi une façon de se séparer des indésirables. 17/25

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Certains décident même de partir. «Les gens fuient», déplore un électeur RN. Félicien Faury y voit un «white flight à la française». Pour ces électeurs, la fuite devient une solution pour rendre possible la ségrégation et l’entre-soi communautaire blanc. 18/25

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Pour bien comprendre ce séparatisme, le rejet de l’islam et des «musulmans» (réels ou supposés) est fondamental. Ce que les électeurs lepénistes disent refuser en premier lieu, ce sont les mosquées, les boutiques hallal ou les centres-villes «sans bière». 19/25 pic.twitter.com/1MHFTX55AD

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Tous les marqueurs de l’islam seraient des preuves que cette religion s’impose aux «français», et que les «musulmans» sont en dehors de la communauté nationale. Ainsi, la condamnation du voilement des femmes est bien plus une affaire d’identité que de féminisme. 20/25

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Les femmes qui se voilent, par choix ou non, provoqueraient les «français». Cette accusation est souvent teintée de sexisme : ces femmes se soustrairaient aux règles de la séduction ; et quand des musulmanes s’habillent de manière «sexy», elles sont traitées de «putes». 21/25

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Les «immigrés» ou les «musulmans» qui pourraient prétendre à la dignité de français doivent donc être totalement invisibles : discrets, travailleurs, buvant de l’alcool et mangeant du porc, etc. Mais d’un autre côté, le soupçon pèse toujours sur eux. 22/25

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«C’est qu’avec eux, on ne sait jamais à qui on a affaire», dit l’un. D’autres, plus extrémistes encore, pensent qu’«ils sont partout, dans la police, dans l’armée, partout, partout», et que le prochain président de la République sera «un barbu». 23/25

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Les «immigrés» visiblement non-musulmans sont regardés moins durement. Certains d’entre eux, naturalisés français, se tournent même vers le RN et s’opposent aux «arabes» pour mieux s’intégrer. Le vote RN est un moyen de se rattacher au groupe majoritaire. 24/25

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Pour finir, il est important de préciser que si le racisme est central dans le vote RN, c’est parce qu’il imprègne toute la société. Mais le racisme «n’est pas un fait de nature, ni une essence individuelle immuable». C’est pourquoi on peut et on doit le combattre. 25/25

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