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Piqûres sauvages : info ou intox ?

Par Maxime 25/06/2025

Fake news ? Paranoïa collective ? Mouvement masculiniste ? On fait le point.

Après la fête de la musique, 145 personnes ont déposé plainte, en grande majorité des femmes, signalant avoir été victime de piqûres sauvages. Le phénomène est connu depuis 2022, mais difficile à mesurer. Amplifié par les réseaux sociaux, il crée vite un sentiment de paranoïa. Et c’est effectivement plus compliqué que cela.
 

Appel à piquer les femmes :

Veille de la fête de la musique. Plusieurs journaux ou magazines écrivent : “Vague inquiétante d’appels à attaquer et à piquer des femmes ou “de mystérieux appels à piquer les femmes sur les réseaux sociaux”. Contacté par Radio France, la police explique pourtant qu’il n’y a eu aucune diffusion massive de ces appels. D’autant qu’aucun journaliste n’arrive à citer un de ces exemples. Sur Instagram, l’influenceuse @abregesoeur_ relaie également cet appel. Une annonce qui sera vivement critiquée par plusieurs féministes, car elle ne donne aucune source et surfe sur la peur pour promouvoir une application payante (The Sorority, une application mobile visant à lutter contre le harcèlement sexuel dans l’espace public à l’égard des femmes.) Un autre influenceur, Amine Mojito, organise de son côté des “prank” en se filmant en train de poursuivre des gens avec une seringue (son compte a depuis été suspendu). Et c’est tout ce que l’on trouve.
 
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Les injections :

Et si, dans ces seringues, il y avait de la drogue ? Voire le virus du VIH directement ? Il s’agit pourtant de légendes urbaines démontées de nombreuses fois et qui existent depuis le début des années 2000 au moins. Rappelons qu’il n’existe aucun témoignage direct de tels cas et qu’une contamination au sida dans de telles conditions est hautement improbable.
 

 

Une récupération raciste :

Plusieurs personnes ont tout de même été arrêtées, accusées d’avoir fait ces fameuses piqûres sauvages. Mais leurs motivations restent floues. Seul un suspect aurait reconnu les faits. L’extrême droite en a évidemment profité pour lister les personnes arrêtées sous OQTF ou avec un patronyme d’origine étrangère. Sur CNews, on utilise l’affaire pour continuer à promouvoir l’insécurité constante en France.
 
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Un mouvement misogyne :

Si 145 personnes ont déposé plainte, il est peu probable qu’il y ait eu autant de piqûres. De nombreuses personnes n’avaient pas de traces de piqûres, d’autres ont paniqué après avoir été piquées par des insectes ou ne se sentaient pas bien, sous l’effet de la chaleur et de l’alcool. Ce climat anxiogène est notamment dû à une logique masculiniste, qui souhaite toujours restreindre l’accès à l’espace public aux femmes. D’autant que certains hommes ont utilisé cure-dents et punaises pour amplifier la peur panique.
 
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Un phénomène complexe :

Les piqûres sauvages existent bel et bien, il ne faut pas le nier. Mais elles sont très peu nombreuses, il n’y a pas de profil type concernant les agresseurs, elles concernent également des hommes et il n’existe, à ce jour, aucune preuve concernant l’administration de drogues par injection à des fins de soumission chimique. Il s’agit surtout d’un phénomène de peur sociale, favorisé par un contexte anxiogène et misogyne et entretenu par les médias. Si une prévention reste nécessaire, elle ne doit pas empêcher les femmes de pouvoir sortir et s’amuser librement.
 
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Bonus :

 
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