Le sketch interdit

Depuis 2024, chaque dimanche de 18 h à 20 h, l’émission « La Dernière » anime les ondes et s’est imposée comme un véritable phénomène radiophonique. Grâce à sa formule mêlant chroniques humoristiques et discussions autour de sujets sociétaux, la radio a atteint ses meilleures audiences depuis dix ans. Parmi les humoristes phares de l’émission, on retrouve Pierre-Emmanuel Barré, connu pour son humour corrosif, volontiers noir, et rarement consensuel. L’humoriste n’en est pas à son premier conflit : il avait déjà quitté l’émission C l’hebdo après qu’on lui avait demandé de de s’auto-censurer. Fidèle à son style, il revient cette fois avec un sketch diffusé le 9 novembre, dans lequel il s’attaque frontalement aux forces de l’ordre. À travers un ton faussement léger, il évoque des affaires récentes impliquant des policiers accusés de viols, ainsi que les violences verbales documentées lors des manifestations de Sainte-Soline. Sa conclusion, évidemment provocatrice (« la police et la gendarmerie, c’est Daesh avec la sécurité de l’emploi ») a déclenché une tempête politique et médiatique.
 
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Laurent Nunez pas content

Au ministère de l’Intérieur, la réaction ne s’est pas fait attendre. Laurent Nuñez a dénoncé des « propos immondes » et jugé inacceptable la comparaison avec une organisation terroriste, d’autant que la séquence intervenait quelques jours avant les commémorations des attentats du 13 novembre 2015. Pourtant, une simple réécoute du passage suffirait à constater que le sketch n’établit aucun lien avec ces événements tragiques : il s’agit d’une provocation visant à pointer les dysfonctionnements au sein des forces de l’ordre, non à insulter les victimes du terrorisme. Mais au lieu de répondre sur le fond (les violences policières, les affaires judiciaires, la question de la responsabilité) le ministre choisit l’indignation morale, un contre-feu classique dès que la police est critiquée.
 
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Radio Nova vs France Inter

Face aux menaces d’action judiciaire, Radio Nova a publiquement défendu son humoriste et, plus largement, la liberté d’expression. La station a affirmé qu’elle « n’acceptera pas de menace » venant du ministre. Une prise de position saluée par de nombreux internautes, surtout dans un contexte où le licenciement de Guillaume Meurice à France Inter reste dans les esprits. L’affaire rappelle combien l’humour politique demeure scruté, parfois sanctionné, et comment certaines radios publiques semblent de moins en moins enclines à tolérer la satire dès lors qu’elle vise des institutions sensibles.
 
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Toujours plus loin

Sur les réseaux sociaux, certaines personnalités ont en rajouté une couche. Rachel Khan, chroniqueuse régulière de CNews, a affirmé que le sketch relevait de l’antisémitisme… non pas dans son contenu, mais parce qu’il avait été diffusé sur Radio Nova. Selon son raisonnement, le simple nom « Nova » renverrait au festival israélien attaqué par le Hamas le 7 octobre. Une interprétation absurde, puisque la radio porte ce nom depuis 1981 en référence au livre Nova Express de William Burroughs. Mais l’essentiel, pour certains, est de polémiquer, quel qu’en soit le prétexte.
 
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Pour conclure

L’affaire rappelle que la liberté d’expression reste une notion fragile : tout le monde s’en réclame, mais beaucoup souhaitent en tracer les limites selon leurs propres sensibilités. On peut manifestement rire de tout… sauf de ce qui dérange le pouvoir.
 
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Bonus :

 
Pour rappel, ça donnait ça à Sainte-Soline :