Pas de vague : Caroline Grandjean a supplié sa hiérarchie… celle-ci l’a fait taire
Directrice d’école et lesbienne, Caroline Grandjean recevait des menaces homophobes anonymes au sein de son établissement. Elle alerte sa hiérarchie, mais celle-ci, plutôt que de la soutenir et la protéger, va faire empirer la situation à tel point que Caroline finit par se donner la mort ce 1er septembre 2025, jour de la rentrée des classes.
L’enfer de Caroline Grandjean débute en décembre 2023 lorsqu’elle reçoit son premier message homophobe, écrit sous le préau de son école : “sale gouine”. Elle alerte l’inspection qui lui répond en substance “pas de vague”, une expression bien ancrée en France dans le secteur de l’Éducation nationale et qui consiste à minimiser les incidents et dysfonctionnements et à interdire aux victimes de prendre la parole publiquement dessus. Sauf que Caroline ne le tolère pas, à juste titre, et elle en parle autour d’elle. À partir de là, la situation empire, car au-delà du manque de soutien de sa hiérarchie, Caroline va se rendre compte que ses collègues, les parents d’élèves ou même la mairie de son village l’abandonnent totalement à elle-même face aux menaces de mort.
Une affaire médiatique
Remedium, auteur, dessinateur et professeur des écoles a retracé son histoire en BD sur le Club de Mediapart en janvier dernier. Histoire également publiée dans son intégralité sur Twitter :
Mariée à une femme, Caroline a subi les attaques d'un corbeau qui l'a menacée de mort et a tagué des insultes homophobes sur le mur de son école. Elle n'a eu aucun soutien de sa hiérarchie et des parents d'élèves. Découvrez son histoire dans ce thread et sur @Mediapart. ⤵ pic.twitter.com/ezKLvHPW8X
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
Merci à vous d'avoir lu ce thread ! Découvrez d'autres histoires sur FB,@MediapartBlogs (@Mediapart) ou mon site : https://t.co/ARimgpKoOhhttps://t.co/ryGTtwGZ0ahttps://t.co/uQlxhQpjggpic.twitter.com/uzBkWaxfEJ
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
L’affaire fait du bruit, torpille l’image de l’Éducation nationale qui décide de prendre les choses en main… mais pas de la façon dont on s’y attend.
Convoqué par la police à cause de sa BD
Au mois d’avril dernier, Remedium explique avoir été auditionné au commissariat pour “répondre d’accusations de diffamation publique” suite à la publication de sa BD ci-dessus.
Il expose une situation totalement ubuesque où il se trouve visé par une plainte de l’Éducation nationale.
C’est la culture du “pas de vague” : on préfère s’occuper de faire taire les victimes – ainsi que celles et ceux qui dénoncent – plutôt que de les soutenir et de les défendre activement. C’est ce qui arrive quand on privilégie l’image au bon fonctionnement de son institution.
Dans le secteur privé, on appelle ça du management toxique.
Suite de l'épisode précédent. Me voici, un peu fatigué, après les deux heures quarante qu'aura duré mon audition de ce matin au commissariat de Villepinte. (1/8) pic.twitter.com/h1hcWCi1fB
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Pour rappel, je devais répondre d'accusations de diffamation publique (et non dénonciation calomnieuse, comme on me l'avait initialement dit) suite à la publication de ma bande dessinée retraçant l'histoire de Caroline, victime d'insultes homophobes et de menaces de mort. (2/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
J'y avais notamment pointé le manque de soutien de la hiérarchie et le sentiment d'abandon ressenti par Caroline.
J'ai eu la confirmation que la plainte était déposée au nom de l'éducation nationale par une inspectrice et ses conseillères pédagogiques. (3/8)— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Face à une brigadière compréhensive et compatissante, j'ai rappelé les faits et me suis étonné que l'éducation nationale perde son temps à déposer plainte contre moi alors qu'elle abandonne Caroline à son sort. (4/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Celle-ci est sous surveillance constante depuis son audition, de peur qu'elle ne commette l'irréparable, et le corbeau qui s'en prenait à elle vit sa vie paisiblement. (5/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Ne nous y trompons pas : le choix de l'EN de porter plainte contre un auteur de BD est une nouvelle preuve du "Pas de vagues" qui régit la machine. Plutôt que d'aider Caro, on tente de la faire taire par tous les moyens, quand bien même cela doit la plonger dans un gouffre. (6/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Grand merci à toutes et à tous pour vos messages de soutien qui me sont allés droit au cœur et qui m'ont beaucoup aidé pour affronter cette épreuve. Désormais, le dossier de 230 pages de cette plainte va retourner dans le Cantal, accompagné de mon procès-verbal d'audition. (7/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
D'après ce que m'a dit la brigadière, je ne serai informé de la suite que si cette enquête donne lieu à un procès. Espérons que cette sinistre farce s'arrête ici. Dans le cas contraire, j'espère pouvoir compter sur votre aide le plus longtemps possible. (8/8)
— Remedium (@RemediumTimoris) April 25, 2025
Une fin dramatique
Ce lundi 1er septembre, on apprenait le suicide de Caroline Grandjean, date clé de la rentrée des classes pour cette directrice d’école.
Remedium a donc repris la plume le jour même pour dénoncer l’échec collectif qui a mené à la mort de Caroline.
Caroline aura tenté du mieux qu'elle pouvait de se reconstruire. Mais la blessure était trop profonde. Elle a choisi de se donner la mort ce lundi 1er septembre, jour de la rentrée scolaire. (1/9) pic.twitter.com/RraXKRvAid
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
La date n'est évidemment pas le fruit du hasard. Lorsque j'ai écrit son "Cas d'école", elle voulait crier au monde sa vérité, la vérité. Pour aller mieux, mais surtout pour ne pas laisser à l'éducation nationale le soin de parler d'elle à sa place. (2/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Le corbeau qui l'a abreuvée d'insultes homophobes et de menaces de mort, les villageois et le maire qui ne l'ont pas soutenue, les collègues de son académie aux abonnés absents… Tout cela a contribué à creuser sa tombe. (3/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Mais l'éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n'assumant rien, allant jusqu'à porter plainte contre la bande dessinée, imposant à Caroline une audition au commissariat. Comme une coupable. (4/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Il y a trois jours à peine, Caroline m'écrivait pour n'annoncer que l'inspectrice qui ne l'avait pas soutenue était promue, devenant l'assistante de la Directrice académique. (5/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Alors que je lui demandais comment elle allait, Caroline semblait encore fragile mais me disait "ça va le faire". Je n'ai pas su voir que l'info qu'elle me donnait était le dernier clou de son cercueil. (6/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Si l'éducation nationale s'empare du sujet, elle cherchera toutes les mauvaises raisons du monde pour expliquer le suicide de Caroline. Mais ne nous y trompons pas : comme Christine Renon, comme Jean Willot, Caroline nous a adressé un message d'une violence rare. (7/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
En se réduisant elle-même au silence, elle a hurlé cette réalité simple : elle a été tuée par l'éducation nationale.
Aujourd'hui, je pleure, j'enrage et je m'en veux de ne pas avoir pu faire plus. Mais, demain, la lutte continuera. (8/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Et je compte sur vous pour y participer en faisant connaître l'histoire de Caroline au plus grand nombre. Parce qu'elle était une belle personne broyée par un système et qu'elle ne demandait que la justice. (9/9)#Casdecole#Caroline#educationnationale#Pasdevague
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Remedium a donc repris la plume le jour même pour dénoncer l’échec collectif qui a mené à la mort de Caroline.
Caroline aura tenté du mieux qu'elle pouvait de se reconstruire. Mais la blessure était trop profonde. Elle a choisi de se donner la mort ce lundi 1er septembre, jour de la rentrée scolaire. (1/9) pic.twitter.com/RraXKRvAid
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
La date n'est évidemment pas le fruit du hasard. Lorsque j'ai écrit son "Cas d'école", elle voulait crier au monde sa vérité, la vérité. Pour aller mieux, mais surtout pour ne pas laisser à l'éducation nationale le soin de parler d'elle à sa place. (2/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Le corbeau qui l'a abreuvée d'insultes homophobes et de menaces de mort, les villageois et le maire qui ne l'ont pas soutenue, les collègues de son académie aux abonnés absents… Tout cela a contribué à creuser sa tombe. (3/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Mais l'éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n'assumant rien, allant jusqu'à porter plainte contre la bande dessinée, imposant à Caroline une audition au commissariat. Comme une coupable. (4/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Il y a trois jours à peine, Caroline m'écrivait pour n'annoncer que l'inspectrice qui ne l'avait pas soutenue était promue, devenant l'assistante de la Directrice académique. (5/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Alors que je lui demandais comment elle allait, Caroline semblait encore fragile mais me disait "ça va le faire". Je n'ai pas su voir que l'info qu'elle me donnait était le dernier clou de son cercueil. (6/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Si l'éducation nationale s'empare du sujet, elle cherchera toutes les mauvaises raisons du monde pour expliquer le suicide de Caroline. Mais ne nous y trompons pas : comme Christine Renon, comme Jean Willot, Caroline nous a adressé un message d'une violence rare. (7/9)
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
En se réduisant elle-même au silence, elle a hurlé cette réalité simple : elle a été tuée par l'éducation nationale.
Aujourd'hui, je pleure, j'enrage et je m'en veux de ne pas avoir pu faire plus. Mais, demain, la lutte continuera. (8/9)— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
Et je compte sur vous pour y participer en faisant connaître l'histoire de Caroline au plus grand nombre. Parce qu'elle était une belle personne broyée par un système et qu'elle ne demandait que la justice. (9/9)#Casdecole#Caroline#educationnationale#Pasdevague
— Remedium (@RemediumTimoris) September 1, 2025
À lire aussi…
La polémique enfle au quartier Château d’Eau à Paris où les salons de coiffure sont contraints à un couvre feu à partir de 20h.
Une histoire de gentrification et de racisme. On vous explique :

Commentaires 0
Rédigez votre commentaire